Caisse d’Épargne Cepac : 200 ans et une histoire qui dure au service d’un développement durable

Publié le 27 octobre 2021 à  14h44 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h48

Voilà 200 ans naissait à Marseille la Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône avec comme héritière la Caisse d’Épargne Cepac. Dans ce cadre une conférence s’est tenue au siège de l’Établissement bancaire animée par Judith Aziza, docteur en histoire Aix-Marseille Université, avec la participation de Laurence Américi, maître de conférences en histoire contemporaine, CNRS UMR Telemme, Aix-Marseille Université, Roland Carta, architecte, membre de l’Académie d’architecture et Joël Chassard, président du directoire de la Caisse d’Épargne Cepac qui revient sur l’actualité et les perspectives de la Caisse.

Mise en lumière du siège de la Caisse d'Epargne Cepac pour ses 200 ans © Joël Barcy
Mise en lumière du siège de la Caisse d’Epargne Cepac pour ses 200 ans © Joël Barcy
C’est une initiative originale que vient de prendre la Caisse d’Épargne Cepac pour célébrer ses 200 ans avec l’organisation d’une conférence avec deux historienne, un architecte et le président du directoire pour relater une histoire qui ne manque pas de se révéler originale. C’est le 3 janvier 1821, sous l’égide de la grande bourgeoisie philanthrope et du préfet, que la Caisse d’Épargne voit le jour à Marseille. Elle est la cinquième de France après Paris, Bordeaux, Metz et Rouen. Mais, contrairement à ces dernières, elle ne se cantonne pas à une ville, elle est la première à prendre une ampleur départementale: Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône. Elle sera aussi la première, dès, 1881 à donner la possibilité aux femmes mariées d’ouvrir un compte . Il faudra attendre… 1965 pour qu’elles obtiennent le droit de gérer seule leur argent.

Une politique sociale va s’accroître

Judith Aziza, Laurence Américi, Roland Carta et Joël Chassard ont mis en exergue l'histoire de la Caisse d'Epargne qui a démarré il y a quelque 200 ans ©CECEPAC
Judith Aziza, Laurence Américi, Roland Carta et Joël Chassard ont mis en exergue l’histoire de la Caisse d’Epargne qui a démarré il y a quelque 200 ans ©CECEPAC
Une banque naît donc en 1821. «Elle propose, explique Judith Aziza, un livret aux ouvriers pour qu’en cas de coup dur ils puissent puiser dans ce pécule et, au fil du temps, une politique sociale va s’accroître». Ainsi des bons de pain sont distribués aux indigents, des chantiers d’insertion voient le jour. La Caisse se lance aussi dans la construction et la gestion de logements sociaux, crée des jardins ouvriers… Puis, on fait un bond dans le temps pour arriver aux années 50. «La Caisse fait sa mue en obtenant de l’État le droit de prêter aux collectivités locales. Et, dans les années 60, nouvelle mutation en direction des particuliers cette fois, avec de nouveaux produits, des prêts. Et, en 1983 la Caisse peut effectuer toutes les opérations bancaires».

«La caisse des Bouches-du-Rhône est une œuvre de bienveillance»

Laurence Americi a fait sa thèse sur l’histoire de la Caisse d’Épargne au XIXe siècle. Elle explique que si elle ne voit le jour qu’en 1821 «dès 1819, à la société de bienfaisance de Marseille, on réfléchit à aider les couches populaires les plus pauvres. On fait venir une personne de Hambourg où un tel établissement avait été créé. Nous ne sommes donc pas là devant une simple déclinaison du modèle parisien d’autant que, dans ce modèle on a affaire à des sociétés anonymes quand la caisse des Bouches-du-Rhône est une œuvre de bienveillance». Ces spécificités, selon l’historienne «sont liées aux personnalités qui créent la Caisse. Ces grands notables, dont les noms figurent sur le livret, dirigent les affaires, l’administration, les tribunaux. Et, trois ou quatre dimanches par an, chaque administrateur bénévole est présent dans l’appartement que loue la caisse, avec le seul salarié de l’établissement, le caissier, pour contresigner devant les déposants les écritures apposées par le caissier sur le livret. C’est là une autre spécificité marseillaise».

«Prendre pour modèle la Banque ouvrière de Milan»

En 1881 la Caisse est devenue prospère au point d’acheter un Hôtel particulier. En 1907 plusieurs succursales ouvrent dont celle d’Aix-en-Provence qui devient ainsi la première succursale de France. Il est alors question de former de «petits capitalistes». Changement avec l’arrivée d’Eugène Rostand à la présidence de la Caisse, en 1886. Il écrit: «Nous ne sommes pas là pour gérer les affaires des petits capitalistes, nous y venons pour être utiles à ceux qui y apportent le produit de leurs modestes économies». Des bureaux de quartier voient le jour. «L’emploi des fonds est modifié. Eugène Rostand invite à prendre pour modèle la Banque ouvrière de Milan qui s’est lancée dans des prêts gratuits afin de permettre à des artisans de s’installer. La Caisse d’Épargne des Bouches-du-Rhône participe au Congrès national sur l’habitat bon marché. Elle construit des logements, elle subventionne la première société anonyme d’habitation à bon marché de France en 1890». Et l’historienne ne manque pas de rappeler dans quel contexte politique de tels choix sont effectués: «Nous sommes dans une période où la deuxième internationale se réunit à Marseille, où est en débat l’abolition de la propriété privée. Face à cela les grands bourgeois à la tête de la Caisse entendent intégrer la main-d’œuvre locale au système économique libéral qu’ils construisent».

«Accompagner les mutations de la société»

L’architecte Roland Carta raconte pour sa part comment, à trente ans, il va commencer à travailler pour la Caisse d’Épargne Cepac à une époque «où nous sommes sortis des Trente glorieuses, on est dans la dérégulation, la mondialisation. C’est dans ce contexte que la rencontre entre un jeune architecte et un jeune dirigeant, Charles Milhaud a lieu. Des fusions s’opèrent, on m’annonce qu’il faut refaire toutes les agences avec une première tranche de 50. J’ai trente ans, je n’ai pas les outils». L’apprentissage est intense… Et, pendant plus de 20 ans, Roland Carta va travailler pour la Caisse: «Une Cepac qui va continuer à accompagner les mutations de la société tant sur le plan numérique, environnemental que de la responsabilité sociétale».

«Nous collectons sur les territoires pour financer les territoires»

Joël Chassard insiste sur la dimension coopérative de la Cepac «Nous continuons à œuvrer dans l’esprit des missions fondatrices de cette caisse». Et c’est non sans plaisir qu’il note: «Les banques coopératives améliorent leurs résultats, gagnent des parts de marché. Et le statut de banque régionale coopérative nous va bien. Nous collectons sur les territoires pour financer les territoires». De plus, indique-t-il: «Nous ne sommes pas polarisés sur les résultats trimestriels mais nous nous inscrivons dans un temps plus long. Et, plus que jamais après cette crise Covid nous entendons être utiles à chacun de nos clients et contribuer durablement au développement économique et sociétal de nos territoires.» Joël Chassard précise encore: «Nous sommes une banque à part entière mais aussi une banque à part. Nous sommes sur tous les marchés. Et, depuis plus de 10 ans nous sommes fortement engagés dans la transition écologique au point de devenir le premier financeur de la filière au sein du groupe BPC et un des premiers français. Il importe d’être sur plusieurs fronts: la lutte contre le réchauffement climatique, la défense de la biodiversité.» Évoque un écart de plus en plus grand «entre les plus fortunés et les plus défavorisés, nous ne devons pas oublier ces derniers.» Au niveau de la santé, il considère: «la Covid nous l’a rappelé, est un enjeu majeur, nous sommes le premier financeur des hôpitaux.» Souligne également : «Nous sommes très présents sur l’habitat…» Et de résumer: «En fait nous avons comme axes prioritaires la RSE, le transition écologique, l’habitat, la santé, les jeunes et l’inclusion». Le président du directoire conclura son intervention en se félicitant : «Il y a trois ans nous étions en queue de peloton en matière de relation clients, nous sommes redevenus leader en matière de satisfaction clients. Et si la crise a montré l’importance du digital nous essayons de prendre le meilleur du digital et du présentiel afin de permettre aux clients de choisir leur canal sachant que toutes les études montrent que les clients veulent conserver les relations humaines» Michel CAIRE
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Les entretiens de Joël BARCY

Laurence Américi, historienne, maître de conférence Aix-Marseille Université rappelle que la Caisse d’Épargne des Bouches du Rhône a été novatrice à la fois sur le plan social et sociétal. La première à avoir financé des logements sociaux et à permettre aux femmes d’ouvrir un compte… americi.mp4 Joël Chassard, président du directoire de la Caisse d’Épargne Cepac parle d’un retour «aux fondamentaux, valeur sociale, lutte contre l’exclusion et de développement économique». joel_chassard_2.mp4)] [(La Caisse d’Épargne Cepac compte 242 agences réparties sur 10 départements et 3 territoires d’outre-mer : départements : Alpes-de-Haute-Provence, Bouches-du-Rhône, Corse, Hautes-Alpes, Vaucluse, Guadeloupe, Guyane, Mayotte, Martinique, Réunion – collectivités outre-mer : Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint Barthélémy, Saint-Martin)] Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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