Camp des Milles : Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et en hommage aux Justes de France.

Publié le 21 juillet 2013 à  4h00 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  15h58

« Un lieu de vigilance, un lieu de vivant, un lieu pour la vie »

Lise Donadille, fille d'un Juste du camp des Milles citant un à un  les noms des
Lise Donadille, fille d’un Juste du camp des Milles citant un à un les noms des

Quatre-vingt-dix-sept noms retrouvés d’enfants déportés des Milles ont été lus, ce dimanche matin devant le Wagon souvenir du camp des Milles. Un à un. Avec leur âge. « Moïse Altmann, 13 ans… Werner Goldschmidt, 17 ans, Helga Hirsch, 4 ans… Jan Kraus, 1 an. » Par la voix assurée et pourtant émouvante de ce jeune garçon du même âge que certaines des victimes de la barbarie nazie. Comment alors ne pas être envahi par la tristesse, la révolte en pensant à ces événements effroyables où des humains ne sont plus considérés comme tels ? Comment ne pas penser à ces enfants privés d’avenir, à ces beautés assassinées, à ces familles anéanties ? Mais comment ne pas saluer non plus le courage et la beauté des actes réalisés par l’ensemble des Justes de France ? C’est alors que la liste des « Justes parmi les Nations » ayant œuvré auprès des internés et déportés du Camp des Milles prend toute sa force, d’autant plus qu’elle fut lue par Lise Donadille, fille d’un de ces Justes du camp des Milles.

Cette Journée nationale commémore les 16 et 17 juillet 1942 à Paris : 13 152 juifs dont 4 115 enfants sont arrêtés et envoyés au Vélodrome d’Hiver. Moins de cent personnes, dont aucun enfant, survécurent à la déportation qui s’ensuivit. Août et septembre 1942 au Camp des Milles, plus de deux milles hommes, femmes et enfants juifs sont déportés à Auschwitz via Drancy.

Devant le Wagon du souvenir, Denise Toros-Marter récita avec une voix ferme le poème « Liberté » qu’elle écrivit à 16 ans lors de sa libération d’Auschwitz. Et ce sont les enfants de l’école juive d’Aix-en-Provence qui cette fois accompagnèrent les dépôts de gerbes précédant les discours.

Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles, après avoir évoqué les persécutions contre les juifs et les tsiganes, interpella avec force : « Comment ne pas tout faire pour comprendre et retenir à jamais les leçons de ce traumatisme dans la civilisation que fut la Shoah, à la fois unique par son paroxysme, sa modernité et sa proximité, et exemplaire par l’universalité des ressorts humains récurrents qu’elle mit en œuvre ?… Le Mémorial du camp des Milles s’est donné mission de tirer les leçons de l’expérience du pire et d’insister sur l’exemple de ceux qui ont su s’engager et réagir, les Justes en particulier… Dans une période marquée par l’ébranlement de beaucoup de repères, mais aussi par des crises multiples, par la peur de l’Autre et par de dangereuses crispations identitaires, comment ne pas se demander avec lucidité à quelle étape nous en sommes aujourd’hui sur le « chemin vers le crime de masse », alors que montent les peurs, les fanatismes et les tendances autoritaristes, alors que les injustices sociales continuent de miner les sociétés, alors que la puissance technologique se développe toujours plus vite que sa maîtrise par l’homme ? … Par ses activités pédagogiques et culturelles, le Mémorial des Milles veut être un lieu de vigilance, un lieu vivant, un lieu pour la vie ».

Dan Amiach, président de la Communauté juive d’Aix-en-Provence, souligna combien la communauté juive avait compris dès le départ la vocation universaliste du Mémorial du camp des Milles, à partir de l’histoire des internés mais pour éclairer l’humanité bien au-delà de l’histoire juive, rappelant pour exemple la visite récente d’élus rwandais bouleversés par le lieu et par les explications qu’il présente sur les mécanismes humains qui peuvent conduire au pire et sur ceux qui permettent aussi les résistances.

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