Camp des Milles: Quand l’Histoire fait écho « aux discours et méthodes du Front National »

Publié le 4 mai 2017 à  11h47 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Après le «show médiatique» de Marine Le Pen sur le site d’Alteo à Gardanne, dimanche dernier, le député écologiste François-Michel Lambert répond à la candidate du FN, à travers une mobilisation symbolique. Le Mémorial du camp des Milles comme lieu de rassemblement et une exposition en toile de fond pour dénoncer «les méthodes employées dans les discours du FN»

Sous l’impulsion du député écologiste François-Michel Lambert, élus locaux et départementaux des partis républicains (En Marche ! LR, PS, PRG, UDE…)-  personnalités dont le journaliste François Missen et anonymes, ont décidé de se rendre sur ce site chargé d’histoire du Camp des Milles (Photo N.K.)
Sous l’impulsion du député écologiste François-Michel Lambert, élus locaux et départementaux des partis républicains (En Marche ! LR, PS, PRG, UDE…)- personnalités dont le journaliste François Missen et anonymes, ont décidé de se rendre sur ce site chargé d’histoire du Camp des Milles (Photo N.K.)
(photo N.K.)
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Les panneaux de l'exposition co-produite par United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) Washington et la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation.
Les panneaux de l’exposition co-produite par United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) Washington et la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation.

«Face aux extrémistes identitaires, chacun peut réagir, résister à sa manière». La phrase claque sur les murs de l’exposition. Des lettres blanches sur fond noir qui tranchent avec les croix gammées, les portraits d’Hitler et les images de cette guerre. Se souvenir. Ne pas oublier. Au Mémorial du camp des Milles ce jour-là, ils ont décidé de résister à leur manière. Résister contre une autre forme d’extrémisme et de propagande : celle du Front National. Sous l’impulsion du député écologiste François-Michel Lambert, élus locaux et départementaux des partis républicains (En Marche ! LR, PS, PRG, UDE…), personnalités et anonymes ont décidé de se rendre sur ce site chargé d’histoire.
L’idée n’est pas anodine. La mobilisation encore moins, même s’ils n’étaient pas très nombreux, car elle visait à contrer le discours de Marine Le Pen en le mettant en parallèle avec la propagande de l’extrême droite des années 30-40. Un parallèle possible grâce à cette exposition intitulée «Comment l’extrémisme veut tromper le peuple, exemple de la propagande nazie et vichyste». «Quand la propagande est-elle la plus dangereuse ? Qu’est-ce que vous rend vulnérable à la propagande ? ou encore Comment pouvez-vous vous prémunir contre elle ?» Des questions clairement posées sur les panneaux de cette exposition co-produite par United States Holocaust Memorial Museum (USHMM) Washington et la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation.

«Alerter, appeler à la vigilance des citoyens»

Au-delà de la présentation aux visiteurs du contexte, des méthodes et des conséquences de l’un des vecteurs qui a mené à la pire des tragédies du XXe siècle, il s’agit pour les co-producteurs «de faire œuvre d’éducation, d’alerter, d’appeler à la vigilance les citoyens sur les moyens que les extrémistes emploient pour être portés au pouvoir légalement avant de mettre à bas la démocratie et de soumettre le peuple qu’ils sont censés servir. Dans l’entre-deux-guerres, la quasi-totalité de l’Europe a basculé dans l’autoritarisme ou le totalitarisme, Russie, Italie, Allemagne, Espagne…, avant de toucher la France, après la défaite de 1940, avec « l’État français » de Vichy, collaborateur des nazis. Tous ces régimes ont largement utilisé la propagande pour conquérir puis exercer le pouvoir.» Une histoire qui fait écho «aux méthodes utilisées par le Front National qui puise ses racines dans les idéologies fascisantes», souligne François-Michel Lambert, également soutien d’Emmanuel Macron.

C’est à la suite de la visite de Marine Le Pen, dimanche dernier, sur le site d’Alteo à Gardanne, que le député écologiste a décidé d’organiser ce qu’il considère comme «plus qu’un acte de résistance. Elle veut montrer qu’elle est plus écolo que les écolos, elle veut rattraper tout ce qui passe et, au travers de cette exposition on voit bien que c’est le propre des extrémistes, qu’ils peuvent apporter réponse à tout… Elle promettra toujours monts et merveilles mais en vérité ce n’est qu’une seule chose, atteindre le pouvoir, et le réduire à un seul clan.» Il était, pour tous, important d’être là : «car on sent que ce terreau d’intolérance percole de plus en plus dans la société, il faut s’en souvenir et comprendre comment se construit la propagande et savoir y répondre», explique Mathieu Morateur, adjoint au maire de Bouc-Bel-Air.

« Cela aurait été intéressant de faire venir Marine Le Pen ici »

Un sentiment partagé par tous. Face à cette montée irrémédiable du FN mais plus encore à ce score historique réalisé au premier tour de cette présidentielle, «cela nous oblige, femmes et hommes politiques, à changer notre approche et à savoir apporter des réponses, à rassurer, redonner de l’optimisme aux Français, redonner confiance à notre peuple», reprend François-Michel Lambert.
Dans l’obscurité de cette salle qui permet la mise en lumière de l’Histoire, il y a un homme attentif au discours acéré. Il est connu pour être le seul journaliste au monde à avoir obtenu, la même année, le prix Pulitzer et le prix Albert Londres. C’était en 1974. Son nom : François Missen. Si comme l’a dit ce matin Emmanuel Macron il est nécessaire «de débattre avec le Front National même si on se salit un peu, parce l’on n’arrive pas à torde le cou à tous les mensonges mais on en tue quelques-uns», François Missen, lui, est partisan de refuser de parler avec ce parti.

A 83 ans, le journaliste le dit avec force : « Lui parler, c’est leur donner prétexte à exister, les justifier. On ne parle pas avec des gens qui veulent votre peau. Je sais que cela pose des problèmes juridiques. Mais il vaut mieux aller prison et être condamner que de leur parler». Même n’étant pas de son bord politique, il admire Jacques Chirac qui avait refusé de parler avec Jean-Marie Le Pen. «J’aurais été assez d’accord qu’Emmanuel Macron refuse de s’asseoir à la même table que Marine Le Pen, quitte à se faire traiter de couard, d’irresponsable, ça vaut la peine quand même… »

François Missen va plus loin, un brin provocateur. «Ça serait intéressant d’envoyer une invitation à Marine Le Pen. Venir ici ça lui ferait les pieds», sourit-il. Et si à tout hasard la candidate décidait d’y répondre, il est prêt à l’accueillir, «mais je ne lui adresserais pas la parole». Sa venue, tous en doute. «Jamais elle n’osera y venir affronter cette part de vérité », affirme quant à lui François-Michel Lambert.

A 36 heures du second tour de ce scrutin présidentiel, qui pourrait changer définitivement le visage de la France, tous ceux qui étaient présents au Mémorial du camp des Milles ont décidé de poursuivre le combat pour faire barrage au Front National.
Narjasse KERBOUA

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