Camp des Milles: le mouvement associatif réagit contre le détournement ‘indécent’ de l’étoile jaune.

Publié le 24 juillet 2021 à  9h30 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  19h21

La Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation, le Mouvement Associatif (représentatif au niveau national) Paca, la Cress (Chambre régionale des entreprises sociales et solidaires) Paca et le Cros (Comité régional Olympique et sportif) Paca, viennent d’avoir une réaction inter-associative inédite au camp des Milles contre le détournement indécent de l’étoile jaune.

Alain Chouraqui entouré de Bruno Huss, Yannick Gallien et Hervé Liberman © Joël Barcy
Alain Chouraqui entouré de Bruno Huss, Yannick Gallien et Hervé Liberman © Joël Barcy
C’est une initiative forte qui vient d’avoir lieu au camp des Milles: Yannick Gallien, président du Mouvement Associatif Provence Alpes Côte d’Azur; Bruno Huss représentant Denis Philippe, Président de la Cress Provence-Alpes-Côte d’Azur; Hervé Liberman, Président du Cros Provence Alpes Côte d’Azur et Alain Chouraqui, Président de la Fondation du Camp des Milles-Mémoire et Éducation viennent de tenir une conférence de presse commune pour dénoncer la comparaison du Pass sanitaire avec l’étoile jaune qu’utilisent des manifestants partout en France ce week-end. Pour cette prise de parole collective inédite, a été choisi le Site-Mémorial du Camp des Milles, lieu d’où plus de 2 000 hommes, femmes et enfants juifs furent déporté.e.s en 1942 par Vichy avant d’être assassinés dans le camp d’extermination d’Auschwitz. «Cette initiative de représentants d’une grande diversité de réseaux est assez spontanée tant il nous a paru important que la société civile se rassemble alors que nous éprouvons un mélange de trouble, de colère, de sentiment d’indécence trouve sa raison d’être dans ce qui c’est passé ici, dans ce camp d’internement et de déportation», explique Alain Chouraqui.

Le droit de chacun de s’opposer à une décision gouvernementale

Les différents intervenants ont tenu à souligner le droit de chacun de s’opposer à une décision gouvernementale, ils se sont interrogés sur les motivations de ceux qui ont porté une étoile jaune avec l’inscription «non vacciné» ou utilisé une photo détournée du portail d’Auschwitz, de l’image de Hitler, utilisé le terme de dictature, etc. Provocation, inculture, cynisme, insensibilité, instrumentalisation délibérée… ? Pour Bruno Huss: «Il y a effectivement des choses que l’on ne peut pas laisser dire et, surtout, que l’on ne peut pas oublier». Pour Yannick Gallien: «Le poids des mots est essentiel. Lié le pass à l’étoile jaune, l’apartheid, la croix gammée, le nazisme c’est insupportable. C’est mortifère». Appelle: «Il faut en finir avec cette société de violence verbale et physique que nous connaissons». Il déplore à ce propos la faiblesse des réactions à ces dérives. Il met en garde: «Quand une parole radicale n’est pas contestée le risque existe qu’elle soit adoptée par la population».

«Comment peut-on détourner les symboles de cette histoire terrible ?»

Dénoncer avec force ces faits était aussi important pour Hervé Liberman, Président du Cros (Comité régional Olympique et sportif) Paca : «Comment peut-on détourner les symboles de cette histoire terrible ? C’est une insulte pour tous ceux qui ont porté l’étoile jaune pour aller à la mort». Et il ajoute: «J’aimerais que les manifestants aient une pensée pour les pays qui n’ont pas de vaccin pour leur population». Marc Pouzet, président du Ceser (Conseil Économique, Social et Environnemental Régional) de Provence-Alpes-Côte d’Azur est là à titre personnel, pour lui: «On ne peut pas tout mélanger, on ne peut pas tout tolérer». Au-delà, il considère: «Il faut aussi de temps en temps être fier de notre pays. Nous avons été le pays au monde le plus attentif à l’ensemble des couches de la population».

«Quand les mots deviennent fous, les hommes deviennent fous»

Pour Alain Chouraqui, «c’est aussi une insulte pour ceux qui vivent aujourd’hui sous de vraies dictatures. La mémoire est un repère essentiel pour aujourd’hui. Ne jouons pas avec les repères et les symboles les plus forts. Surtout dans la période que nous traversons où la démocratie française est sur une ligne de crête. Que dira-t-on si une vraie dictature menace ou que des groupes humains sont à nouveau menacés de mort ? On se sera habitué à ces images qui seront devenues banales. Quand les mots deviennent fous, les hommes deviennent fous», a-t-il conclu. Une initiative qui devrait avoir des suites. Michel CAIRE
alain_chouraqui.mp4 ygallien.mp4 Propos recueillis par Joël BARCY Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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