‘Carmen’ embrase l’Opéra de Marseille

Publié le 19 février 2023 à  19h12 - Dernière mise à  jour le 7 juin 2023 à  22h01

Initialement programmée en 2020 et reportée pour cause de pandémie, la production de « Carmen» signée Jean-Louis Grinda fait le plein pour cinq représentations à Marseille. Et le public aime…

Héloïse Mas, Carmen, et Jean-François Borras, Don José : l’amour avant la mort. Photo Christian Dresse
Héloïse Mas, Carmen, et Jean-François Borras, Don José : l’amour avant la mort. Photo Christian Dresse

C’est l’un des opéras les plus joués au monde. Et les plus appréciés, aussi. Il faut dire que Bizet a composé génialement sur ce livret tiré du roman de Prosper Mérimée. Une musique tendue, chaude, éblouissante comme la luminosité du sable des arènes de Séville un jour de corrida.

L’histoire on la connaît et au fil des siècles, Carmen, la cigarière légère, est passée de manipulatrice à une femme moderne qui croque la vie; quant à Don José, son amant cocu et meurtrier, il a muté, lui, d’homme manipulé à macho jaloux. Un parti pris que ne rejette pas le metteur en scène Jean-Louis Grinda qui voit Carmen comme «une jeune femme qui aime comme elle respire».

Et il trouve en Héloïse Mas la parfaite interprète pour incarner sa vision du personnage avec un physique idéal et une voix riche de couleur et de sensualité. La ligne de chant est précise et la projection idéale. Au soir de la première on ne pourra que lui reprocher un peu trop de sensualité et de juvénilité au détriment du côté plus dur et parfois violent de la femme libre s’affirmant face au machisme de Don José.

Pour incarner ce dernier, c’est Jean-François Borras qui s’y collait en dernière minute palliant la défection d’Amadi Lagha, souffrant. Le ténor est solide, physiquement et vocalement, et possède ce rôle à la perfection. Et c’est avec une grande facilité et un investissement sans failles qu’il s’est glissé dans la peau du militaire jaloux remportant un beau succès au final. En attendant de le retrouver l’été prochain dans ce même rôle aux Chorégies d’Orange ou sa puissance vocale devrait faire merveille.

La tendre Micaëla avait les traits et la voix d’Alexandra Marcellier qui a livré ses airs avec puissance et précision, notamment son «Je dis que rien ne m’épouvante» du 3e acte qui a tiré des frissons.

L’Escamillo de Jean-François Lapointe, à la première représentation, a eu du mal à convaincre et le duo Charlotte Despaux – Marie Kalinine, Frasquita et Mercédès, a parfaitement tenu son rang tout comme le Moralès de Jean-Gabriel Saint-Martin; Christine Tumbarello, la marchande, Gilen Goicoechea, Zuniga, Olivier Grand, le Dancaïre, Marc Larcher, le Remendado, Frank Thézan, Lilas Pastia et le bohémien Tomasz Hajok complétant idéalement la distribution.

Avec la garde montante, on attendait avec impatience les enfants de la Maîtrise des Bouches-du-Rhône préparés par leur directeur Samuel Coquard. Une attente récompensée par une belle présence, tant vocalement que scéniquement, récompensant le travail effectué. Des enfants et adolescents qui ont eu l’occasion de côtoyer un excellent chœur de l’Opéra préparée, lui, par Emmanuel Trenque. La direction chaleureuse de Victorien Vanoosten a mis en valeur les qualités de l’orchestre de l’Opéra avec, notamment, des cordes somptueuses.

Belle prestation, enfin de la danseuse Irène Rodriguez Olvera qui a livré avec élégance et talent les chorégraphies intelligentes et fines d’Eugénie Andrin évitant les lourdeurs habituellement servies avec cette œuvre. Jean-Louis Grinda évite lui aussi les espagnolades, travaillant sur une scénographie efficace et de bon ton en compagnie de Rudy Sabounghi (décors et costumes) et Françoise Raybaud Pace (décors). Le succès était au bout de la soirée… Mérité.
Michel EGEA

« Carmen » de Bizet à l’Opéra de Marseille ; autres représentations les
21 et 23 février à 20 heures et le 26 février à 14h30. La représentation du 26 février sera dirigée par Clélia Cafiero. Plus d’info: opera.marseille.fr

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