Carnet de voyage d’Antoine Viallet. Ganvié, la Venise de l’Afrique de l’Ouest

Publié le 14 mars 2023 à  11h10 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  21h46

Lors de l’un de mes derniers déplacements au Bénin, je suis parti à la découverte de Ganvié -surnommée la «Venise de l’Afrique de l’Ouest»- et de ses habitants.

Décembre 2022 : Ganvié, la « Venise de l’Afrique de l’Ouest »

Ici tout le monde se déplace en pirogue (Photo Antoine Viallet)
Ici tout le monde se déplace en pirogue (Photo Antoine Viallet)

Cette cité atypique inscrite au patrimoine de l’Unesco est une belle surprise dans un monde de plus en plus uniformisé. Les trente-mille habitants sont installés sur et aux abords de Nokoué, le plus grand lac du Bénin. Il est situé à vingt kilomètres du centre-ville de Cotonou, la capitale économique. Une quinzaine de minutes en pirogue motorisée suffisent à atteindre la ville située à environ 8 km de l’embarcadère.

Une cité lacustre fondée en 1717

les pirogues se croisent ou se dépassent dans les canaux (Photo Antoine Viallet)
les pirogues se croisent ou se dépassent dans les canaux (Photo Antoine Viallet)

Datant du 18e siècle Ganvié -qui signifie littéralement sauver la collectivité. Gan : sauvé et vié : la collectivité, en langue locale Fon-, servait à l’époque de refuge. La cité a été bâtie par le roi Agbogdobé dont la statue surplombe la ville. Il avait décidé de s’installer sur l’eau pour fuir l’esclavage qui frappait son peuple nommé «Les Toffinous», qui se traduit par «les gens sauvés par l’eau». La légende et la tradition orale racontent que les villageois fuyaient les esclavagistes et les razzias des rois d’Allada et d’Abomey. C’est alors que le roi Agbogdobé aurait fait appel à ses compétences en vaudou et se serait transformé en épervier pour aller explorer la mer à la recherche d’un lieu pouvant accueillir sa communauté et lui. Une fois qu’il eut trouvé l’endroit idéal, il se transforma en crocodile pour transporter son peuple jusqu’à sa nouvelle terre d’adoption en 1717.
Une commerçante du marché flottant (Photo Antoine Viallet)
Une commerçante du marché flottant (Photo Antoine Viallet)

La vie à Ganvié : tout se passe sur l’eau

S'endormir et se réveiller dans un hôtel flottant (Photo Antoine Viallet)
S’endormir et se réveiller dans un hôtel flottant (Photo Antoine Viallet)

Ici tout se passe sur l’eau et c’est aux aurores que les femmes du village s’affairent pour débuter leur journée. Si Ganvié possède un petit marché flottant, le commerce se fait également au fil de l’eau. Les marchands sont légion : boulanger, vendeuses de sucre et de savon, de fruits et légumes, etc. Les pirogues se croisent et se dépassent dans un ballet ininterrompu. Ici, au village, on vit avant tout de la pêche et du tourisme. L’architecture de cette cité « aquatique » est faite de logis en bambou et couverts de pailles et/ou de tôle adossés sur pilotis. Je projette de revenir à Ganvié en passant la nuit sur place dans l’un des hôtels flottants car s’endormir et se réveiller au-dessus de l’eau doit être magique.

Réinventer Ganvié

L’une des pharmacies de la cité lacustre  (Photo Antoine Viallet)
L’une des pharmacies de la cité lacustre (Photo Antoine Viallet)

L’avenir de Ganvié est aujourd’hui en danger. Si la ville rassemble environ 30 000 habitants, un exode des jeunes a commencé à se mettre en place. Face aux mauvaises conditions de vie et au manque de perspectives professionnelles, nombreux sont ceux qui décident de quitter Ganvié pour gagner Cotonou ou d’autres villes du Bénin. Conscient que Ganvié est un atout important dans la stratégie touristique du pays, le gouvernement béninois a décidé d’en faire une vitrine et se donne les moyens pour améliorer les conditions de vie sur place. Les objectifs en cours sont d’assainir le lac Nokoué et de mieux gérer les déchets. Il est aussi prévu de rénover 2 500 habitats et d’adapter les infrastructures socio-économiques de base au milieu lacustre (l’embarcadère d’Abomey-Calavi, marchés flottants, maison de santé, collège, espace de vie sociale, plate-forme logistique). En reconnectant la cité aux noyaux urbains à proximité, en aménageant le centre de la ville, en appuyant les activités économiques, Ganvié pourra se projeter sereinement vers le futur.

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Antoine, instituteur le jour et agro-business man à ses heures libres

Antoine l’instituteur dans sa classe d’école (Photo Antoine Viallet)
Antoine l’instituteur dans sa classe d’école (Photo Antoine Viallet)

Il n’y a pas de hasard que des rendez-vous ! J’ai rencontré mon homonyme. Un personnage singulier, instituteur à Ganvié le jour, producteur d’œufs bio et guide à ses heures perdues. C’est lui qui m’a fait découvrir un samedi matin cette cité lacustre où il est né et il enseigne auprès d’une classe de 65 élèves. Antoine est à l’image de cette Afrique contemporaine, il a pris son avenir en main et il m’a parlé de ses ambitions d’entrepreneur. Il possède actuellement 1 000 poules qui pondent 800 œufs par jour. Il veut tripler de taille. A travers lui, je découvre l’agro-business local et les circuits de distribution. Depuis janvier 2023, je l’aide à structurer un dossier de recherche de financements et aussi à le mettre en contact avec des investisseurs potentiels.
Quand Antoine coache Antoine (Photo DR)
Quand Antoine coache Antoine (Photo DR)
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