Cédric O lance à Marseille l’école du numérique  » La Plateforme »: « 80 000 emplois non pourvus à ce jour dans cette branche – 200 000 d’ici 2023

Publié le 15 juillet 2019 à  11h53 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  12h05

Pour le secrétaire d’État Cédric O, le numérique, c’est toute une histoire qu’il convient d’écrire ensemble : jeunes, entrepreneurs, décideurs, politiques… Car porteur d’emplois, le secteur l’est indubitablement. Comment donc saisir la balle au bond et rapprocher l’offre et la demande ? Par le biais de la formation, illustre le ministre, venu dans le Sud présenter « La Plateforme », une nouvelle école de codage.

Cédric 0, Secrétaire d’État chargé du numérique était à Marseille pour lancer
Cédric 0, Secrétaire d’État chargé du numérique était à Marseille pour lancer
L’économie du digital représente un sérieux gisement d’emplois ! C’est ce message positif que Cédric O, Secrétaire d’État chargé du numérique, s’est appliqué à faire passer lors de son déplacement à Marseille et à Aix-en-Provence, les 11 et 12 juillet derniers. Et ce, en visant deux publics spécifiques, puisque la première journée était destinée aux jeunes, tandis que la seconde ciblait les entrepreneurs. Mais revenons sur l’étape phocéenne, principalement organisée dans les quartiers Nord de la ville. L’occasion, pour Cédric O, de faire halte dans quelques lieux locomotives en matière de formation, d’accompagnement ou d’insertion. Le secrétaire d’État a ainsi pu découvrir l’unité marseillaise du réseau Simplon, formant au code les personnes très éloignées de l’emploi, celle-ci basée au sein du Cloître «Faiseurs d’avenir». Il s’est également arrêté au Carburateur, structure d’appui à la création d’activités que l’on ne présente plus. L’occasion d’évoquer le lancement de La Plateforme, une nouvelle école du numérique. Un établissement de plus, pensera-t-on peut-être, là où coexistent déjà, outre Simplon, le Wagon, la Wild Code School, l’école 42 de Xavier Niel… sans compter les formations universitaires plus classiques ou encore l’e-learning, qui développe lui aussi les formations de code à la pelle… Oui, mais au vu des chiffres, explique le secrétaire d’État, ce peut être nécessaire : on compte en effet 80 000 emplois non pourvus à ce jour dans cette branche. Et la pénurie de main d’œuvre risque de s’amplifier avec le temps, puisque dans trois ans à peine, en 2022 ils ne seraient pas moins de 200 000 non fournis. Reste à savoir si les formations dispensées jusqu’ici, souvent courtes, généralistes et envoyant sur le marché du travail des bataillons de codeurs formés en quelques mois, seront toujours adaptées à la réalité du travail et aux besoins à N+2, N+3 ou +5… Ce dans un environnement qui recherche toujours l’expert, la spécialisation : IoT, IA, machine learning… Cela tombe bien, La Plateforme se positionne de façon un peu différente.

Des emplois qui concernent tout le monde

son_copie_petit-373.jpgAu préalable, Cédric O s’est appliqué à illustrer la capacité du secteur à parler à tous. Puisque dans le numérique, «les emplois concernent tout le monde : les ingénieurs, comme les techniciens, ou les opérateurs. Ils peuvent s’adresser à des personnes qui ont juste le bac». Et cerise sur le gâteau, ces postes ne sont pas marqués du sceau de la «pénibilité». Il faut donc sonner «la mobilisation générale», aux niveaux national et local pour que «tous ceux qui veulent avoir un emploi postulent et que le plus grand nombre de formations possibles se développent». L’État soutient donc les initiatives locales en la matière, puisque «toutes les entreprises en France rencontrent ce besoin». «Il les soutient et les finance grâce à la Grande École Numérique». Un dispositif qui va « dans le sens de l’égalité des chances : il va chercher des gens dans les quartiers Nord, par exemple à Marseille, et leur donne accès à un écosystème qui réussit tout». Le positif, analyse encore le secrétaire d’État, c’est aussi que cette révolution numérique est partie avant tout des entreprises, les grands comptes comme les PME. Bien entendu, faute de moyens et parfois de mentalité, les toutes petites entreprises ont parfois du mal à prendre le virage du digital… et ce sont elles qui composent en majeure partie le tissu économique français (99,8% avec les PME). Ainsi, «il faut que l’on réussisse à faire passer le message à l’ensemble de l’écosystème que c’est possible. Beaucoup le font, de plus en plus. Il faut que cela concerne vraiment tout le monde». A rester sur le quai de l’innovation, les TPE réfractaires au numérique pourraient le voir se répercuter négativement sur leur chiffre d’affaires, met encore en garde le secrétaire d’État. cedric_o_sec_d_etat_numerique_la_plateforme_11_07_2019.mp3

Alignement des planètes

Cyril Zimmermann entend dispenser, dans son école, non seulement les compétences techniques mais un savoir-être... (Photo Robert Poulain)
Cyril Zimmermann entend dispenser, dans son école, non seulement les compétences techniques mais un savoir-être… (Photo Robert Poulain)
son_copie_petit-373.jpgCyril Zimmermann, co-fondateur et directeur de La Plateforme , entend bien quant à lui s’inspirer de ce qu’il a vu en Californie : «Des jeunes sans diplômes ni qualification sont formés aux langages informatiques en 7 à 12 mois et s’intègrent dans des entreprises de la Silicon Valley à des salaires très confortables». Toutefois, peut-on transposer si aisément un modèle appliqué à un autre territoire, une autre culture de l’entreprise, un autre écosystème, une autre population ? Marseille n’est pas San Francisco, même si «les besoins sont là», comme le disait plus haut Cédric O. Et pour faire matcher offre et demande, la solution prônée par le futur directeur, c’est «une dynamique de formation à grande échelle». C’est pour cela que La Plateforme se fixe l’objectif de 100 étudiants pour son école de codage. Un volume bien supérieur à ceux des écoles déjà implantées à Marseille, qui se concentre sur de petits effectifs de 10, 15 ou 20 personnes. Bref, de hautes ambitions pour ce projet, monté en à peine un an… Ce parce qu’il a suscité l’enthousiasme, et une volonté d’accompagnement de tous les acteurs : l’écosystème public, qui a suivi l’initiative portée par la sphère privée réunie au sein du Top 20, les entrepreneurs, notamment ceux de la French Tech, les acteurs publics, les collectivités locales, Région, Département, Métropole et l’État… In fine, «l’alignement des planètes a permis d’aller extrêmement vite».

Ne pas oublier le savoir-être

En termes de contenu, Cyril Zimmermann entend dispenser, dans son école, non seulement les compétences techniques mais un savoir-être qui entrave bien souvent les publics éloignés de l’emploi dans leur parcours d’insertion. La plateforme sera «ouverte à tout le monde», avec la volonté d’élargir la base habituelle de recrutement. Pour ce faire, elle travaillera étroitement avec les Apprentis d’Auteuil pour aller chercher des jeunes en difficulté, avec les Django Girls (une association polonaise à la base, qui a pour mission d’intéresser les femmes aux technologies) pour toucher le public féminin, avec le Département pour sensibiliser également les allocataires du RSA ou encore, avec le Pôle Emploi… La Plateforme, qui fait partie du réseau Simplon, n’entend pas s’imposer comme un établissement concurrent, mais plutôt comme une structure complémentaire, sur un marché où, de toute façon, les besoins sont tels que les écoles existantes ne risquent pas de se marcher sur les pieds. Elle proposera un cursus de codage sur deux ans, ce qui va à contre-courant de ce qui se pratique habituellement. «Parce que l’on va s’adresser à des publics qui ont besoin de plus de temps, non seulement pour être formés, mais aussi pour acquérir ces fameux savoir-être».

Des remises à jour constantes

Ce projet va s’autofinancer au bout de trois ans. Les dotations de mécènes et les subventions obtenues visant à boucler le budget sous cette échéance. Ce qui permet de mettre en place une école gratuite pour l’apprentissage du codage. Les cursus de spécialisation à bac+6, algorithmie et intelligence artificielle, étant accessibles quant à eux au tarif annuel «ultra raisonnable» de 1 600 euros. Les mêmes cursus en formation continue «seront payants et permettront de financer le reste». Il faudra donc trois ans pour atteindre le point d’équilibre entre les activités d’enseignement gratuites et les rémunérées… Les formations, quant à elles, sont évolutives, adaptées en permanence, afin de coller à un marché du travail et à des attentes des entrepreneurs sans cesse en mutation. Mais cela, c’est désormais le cas pour tous les métiers, martèle Cyril Zimmermann : médecin, ingénieur, tradeur, codeur ou chef d’entreprise, «la formation initiale désormais ne suffit plus». Plus concrètement, la première rentrée aura lieu la deuxième quinzaine de septembre, au 8 rue d’Hozier, dans le deuxième arrondissement de Marseille. La promotion est déjà constituée, puisque le recrutement a été lancé voilà quelques mois déjà. Deux formations sont ainsi ouvertes, celle de codage et celle portant sur l’intelligence artificielle, avec l’École Centrale de Marseille. Avec l’ambition d’avoir plus de 100 étudiants sur la partie code, et près de 25 pour le Bac+6 en IA. Enfin pour la formation continue, « il s’agit de sessions de quelques jours, avec à chaque fois des cohortes de quinze personnes se succédant. Nous avons là l’ambition de compter 30 à 40 étudiants pour l’école de codage et une quinzaine en bac+6… et pour l’instant on y est ! Donc on devrait sans doute aller au-delà». Pôle Emploi financera par ailleurs les formations des étudiants inscrits et indemnisés en les soutenant dans leur vie quotidienne, ces derniers étant donc payés en tant qu’allocataires. cyril_zimermann_co_fondateur_la_plateforrme_11_07_2019.mp3

De futurs étudiants au profil varié

Des futurs étudiants de la Plateforme (Photo Mireille Bianciotto)
Des futurs étudiants de la Plateforme (Photo Mireille Bianciotto)
son_copie_petit-373.jpgCe sera justement le cas de Mustapha, futur étudiant de l’école de code La Plateforme. Ce dernier sera ainsi rémunéré pendant deux ans par le Pôle Emploi, «une très bonne idée pour des personnes comme moi venant d’un milieu plus difficile». Et une nouvelle chance de rebondir et de sortir de la spirale « des petits boulots » après l’obtention d’un Bac ES et une première année en Fac d’économie où il «n’a pas accroché du tout». Ainsi, il mise tout sur La Plateforme, qui, pense-t-il, lui permettra d’acquérir «des bases solides»… mustapha_etudiant_codage_11_07_2019.mp3 son_copie_petit-373.jpgMais le nouvel établissement ne séduit pas que des jeunes éloignés de l’emploi… C’est le cas d’Amélie, qui est déjà «ingénieur diplômée en Travaux Publics». La jeune femme de 26 ans, issue de cette génération «qui a grandi avec les ordinateurs» et passionnée de longue date de numérique, réfléchissait depuis quelques mois déjà à se former en ce sens. Elle cherchait en effet un métier qui allie le technique et le créatif, ce qui est justement le cas du codage informatique. C’est alors qu’elle a vu la communication relative à La Plateforme sur les réseaux sociaux… La jeune femme, démissionnaire de son poste, va devoir trouver les moyens de subvenir à ses besoins pendant sa formation. Peut-être aura-t-elle droit à une bourse émanant du dispositif Grande École Numérique, ou peut-être encore pourra-t-elle demander un réexamen de son dossier au Pôle Emploi au bout de quatre mois, en apportant la preuve qu’elle suit une formation… Amélie s’avère motivée et déterminée à trouver une solution. La suite de son histoire professionnelle s’écrira donc dès septembre, rue d’Hozier. amelie_etudiant_codage_11_07_2019.mp3 Carole PAYRAU (Rédaction) – Mireille BIANCIOTTO (Son) |

Lancement à Marseille de « French Tech Tremplin »

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
Doté de 15 millions d’euros, le programme « French Tech Tremplin » a été créé pour permettre à des populations jusqu’ici éloignées d’accéder aux métiers du numérique Le secrétaire d’État au numérique Cédric O a annoncé le contenu du programme « French Tech Tremplin » et l’ouverture des candidatures pour le premier volet : «J’ai choisi Marseille pour lancer le programme French Tech tremplin afin d’envoyer un message aux marseillais et plus largement à tous les Français : « mobilisez-vous, engagez-vous, l’État vous accompagnera, nous vous soutiendrons ! » » Pour assurer son développement l’écosystème startup français doit attirer tous les talents : les talents internationaux, grâce au French Tech Visa, les talents issus des centres de recherche et université avec le Plan Deeptech, et enfin des talents issus de tous les horizons mais aujourd’hui éloignés de l’écosystème avec French Tech Tremplin. «Le programme French Tech Tremplin annoncé début 2019, poursuit Cédric O, a été conçu sur la base d’un constat : les talents issus de la diversité font face à de nombreuses barrières pour rejoindre l’écosystème startup, et en particulier l’entreprenariat. Or, les talents de la French Tech doivent pouvoir venir de partout en France et ce, quel que soit leur milieu d’origine. French Tech Tremplin vise à faire en sorte que l’écosystème French Tech soit aussi riche et pluriel que la société dont il est issu.» Ainsi, à Marseille, au Cloître des faiseurs d’avenir, le secrétaire d’État au numérique a présenté en détail le contenu du programme French Tech Tremplin et annonce l’ouverture des candidatures pour le premier volet du programme. Il est divisé en deux volets : • la Prépa, une préparation pour rejoindre l’écosystème Tech qui permettra aux lauréats d’acquérir les compétences relationnelles et techniques nécessaires pour créer leur startup ou rejoindre des startups déjà lancées. Les candidatures sont ouvertes du 11 juillet au 15 septembre 2019. La préparation se déroulera de novembre 2019 à avril 2020 ; • l’ Incubation qui permettra d’accélérer les projets d’entrepreneurs, en particulier ceux issus du premier volet. Les lauréats du programme bénéficieront de financements, de formations, d’un système de mentorat, ainsi que de nombreux autres services. French Tech Tremplin est accessible dans les 13 Capitales French Tech, labellisées en avril 2019. La mission French Tech, en charge du programme, s’appuie sur elles pour le déploiement du celui-ci, l’identification des opérateurs locaux, et afin que la sélection des talents se fasse dans un panel le plus large possible. Un budget de 15M€, financé par le Programme d’investissements d’avenir (PIA) a été alloué à French Tech Tremplin sur 2 ans. Il est en totalité réservé à l’accompagnement des entrepreneurs et au financement du démarrage de leurs startups. Retrouvez les détails du programme, le calendrier et une infographie sur : lafrenchtech.com/tremplin |

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