Publié le 19 avril 2022 à 11h20 - Dernière mise à jour le 5 novembre 2022 à 12h04
Benoît Payan a reçu les partenaires de la candidature de Marseille au programme des « cent villes neutres en carbone d’ici 2030 ». Il précise à cette occasion la philosophie de sa majorité municipale: «Nous ne sauverons pas la planète sans sauver ceux qui l’habitent : voilà notre conviction, et la ligne de conduite de notre action». Une candidature soutenue par la région Sud, la métropole Aix-Marseille Provence, Aix-Marseille Université, France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur ainsi que la CCI Aix-Marseille Provence.
Le maire de Marseille, Benoît Payan, tient à dévoiler dans ce cadre: «Je dois vous faire une confession, pour être tout à fait honnête : je ne suis pas né écologiste». Il en explique la raison: «Je suis né dans une France industrielle, une France du béton et des usines». Mais, ajoute-t-il: «J’ai bien dû me rendre à l’évidence : pour continuer à vivre dans des sociétés heureuses, nous devons construire un monde où les hommes vivent en harmonie dans un environnement protégé. L’urgence est là. La consommation effrénée atteint ses limites».
Il met alors en exergue un Marseille dont les effets sont déjà visibles: «À commencer par un trait de côte qui recule. Des incendies plus récurrents. Ou encore des étés étouffants et des épisodes cévenols de plus en plus violents et fréquents…». Selon le maire de Marseille, cette menace du réchauffement climatique «pèse d’abord sur les plus modestes. Les plus pauvres sont les premières victimes des différentes pollutions, chez eux comme dans la rue Ils sont surtout les premières victimes de l’augmentation des prix de l’énergie».
L’écologie, pour être réelle, doit être avant tout résolument sociale
Pour le maire de Marseille : «L’écologie, pour être réelle, doit être avant tout résolument sociale. C’est ainsi que nous avons pensé cette candidature au programme européen des cent villes neutres en carbone d’ici 2030». L’occasion de mettre en avant des priorités politiques de la ville: «Au moins 60% des quartiers prioritaires de la ville remis à neuf en 2028 avec un Plan -réunissant Ville, État, bailleurs sociaux, métropole- de 2,7 milliards d’euros pour rénover ces quartiers. Mettre fin aux logements insalubres, c’est un impératif social avant tout, mais aussi un engagement écologique. Les défis sont grands à Marseille, car nous avons pris au fil des années un retard qui paraît irréversible». Il indique bien connaître l’ampleur de la tâche : «Je la mesure et j’y fais face». Il détaille: «Je sais que nous sommes la ville la plus polluée du pays. Je sais que nous sommes une ville où les inégalités sociales font rage, et où les enfants n’ont pas les mêmes chances selon le quartier où ils sont nés…».
«Une ville plus juste, plus équitable, plus durable»
Alors, pour Benoît Payan la candidature au programme des cent villes neutres en carbone d’ici 2030 n’est pas un acte anodin. Cette candidature, indique-t-il: «c’est une promesse faite aux Marseillaises et aux Marseillais : celle de tout faire, de donner toute notre énergie, notre force au service d’une ville plus juste, plus équitable, plus durable». En s’appuyant sur le jeu collectif avec l’État, les collectivités, on peut, juge-t-il, faire de Marseille «une ville-modèle de la transition écologique».
Il annonce: «La mer est au cœur de notre projet environnemental. De la Méditerranée, nous construirons un circuit de refroidissement souterrain pour diminuer nos besoins en climatisation. De la Méditerranée, nous avons l’ambition de faire une zone décarbonée, dépolluée, la plus grande zone de contrôle des polluants du monde. De notre soleil qui fait notre force, nous tirerons tous les avantages». A ce propos, il indique: «Nous sommes la ville la plus ensoleillée du pays, et pourtant notre parc solaire est encore anecdotique ; nous devons aller bien plus vite, et voir bien plus grand». Et, en ce qui concerne le plan école, avec sa dimension environnementale, «profitera aussi au monde du travail, de l’entreprise puisque ce sont 1,2 milliards d’euros qui seront injectés dans l’économie locale».
«Sortir du règne absolu de la voiture individuelle»
Et, avec la Métropole, il entend sortir du règne absolu de la voiture individuelle. «Nous construirons ensemble des alternatives pour que les Marseillaises, les Marseillais, puissent se déplacer à pied, à vélo, en transports collectifs, dans une ville qui a trop longtemps été construite et pensée à seule destination des voitures. Mais ça ne doit pas peser sur les Marseillaises et les Marseillais qui n’ont pour l’instant pas le choix d’utiliser un autre moyen de transport, et nous devrons penser notre projet avec eux».
«Cette candidature nous honore et nous engage»
Et de conclure: «Cette candidature nous honore et nous engage. Indépendamment du résultat, nous devrons être au rendez-vous de notre Histoire. Pour les Marseillaises et les Marseillais, pour notre patrimoine naturel, pour notre cadre de vie. Indépendamment du résultat, car je sais que nous avons construit ensemble, pour cette candidature, une coopération et une collaboration historique qui ne fait que commencer».
Au préalable Fabien Perez, conseiller municipal délégué aux financements européens, n’avait pas caché son espoir: «Personne ne nous attendait sur cette candidature, peut être que nous allons encore surprendre lors du résultat». Eric Berton, le président d’AMU énonce: «Nous avons des chercheurs de renom, des formations. Nous avons créé un conseil du climat, une première et nous allons mettre toute cette richesse à disposition de la candidature marseillaise». De plus, poursuit-il: «Nous sommes porteurs de l’Université européenne Civis, nombre d’universités qui la compose ont une réflexion sur ces sujets, cela pourra aussi enrichir la candidature marseillaise».
«Nous allons aller plus vite, plus loin, plus haut»
Anne Claudius-Petit rappelle que la Région Sud vient de voter son deuxième plan climat « Une Cop d’avance » qui s’articule autour de 6 axes -Air, Mer, Terre, Énergie, Déchets, chez vous au quotidien- et 141 mesures. Et la région engage sur cette politique 40% du budget. Pour Jean-Yves Sayag, représentant la métropole, le message est on ne peut plus clair: «Nous allons aller plus vite, plus loin, plus haut». Nathalie Chaudon, directrice de France Nature Environnement Provence-Alpes-Côte d’Azur assure que l’association sera pleinement aux côtés de Marseille dans sa candidature et jouera, grâce à ses nombreux adhérents, un rôle de relais entre les collectivités impliquées dans ce dossier et les citoyens: «Nous ferons remonter les attentes de ces derniers pour nourrir les politiques publiques». Enfin Delphine Defrance, au nom de la CCIAMP assure que le monde économique est impliqué dans cette candidature: «Personne n’y croyait et nous avons eu la capitale européenne de la culture puis nous avons accueilli le Congrès mondial de la nature. Alors nous croyons que cette candidature de Marseille au programme des cent villes neutres en carbone d’ici 2030 peut être victorieuse et nous sommes à vos côtés, y compris pour chercher des financements».
Michel CAIRE