Chambre de Métiers et de l’Artisanat : une régionalisation réussie en Paca

Publié le 3 juillet 2015 à  20h15 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h19

Le CMAR Paca: André Bendano entouré de Jean-Pierre Gaulard, Simon Caparros, Jacques Montano et Thierry Aubert  (Photo D.R.)
Le CMAR Paca: André Bendano entouré de Jean-Pierre Gaulard, Simon Caparros, Jacques Montano et Thierry Aubert (Photo D.R.)

«Ce qui se passe est historique, nous sommes les premières Chambres de Métiers et de l’Artisanat (CMA) de France a décidé de nous regrouper librement au sein de la CMAR Paca, un processus que nous avons lancé voilà 3 ans», avance André Bendano, président de la délégation des Bouches-du-Rhône, qui vient d’être élu président régional avant de lancer: «Nous construisons un monde qui, par nature, n’existe pas encore». Il est entouré de Jean-Pierre Gaulard, président de la CMA des Alpes-de-Haute-Provence (trésorier de la nouvelle structure) et des vice-présidents Simon Caparros, président des Hautes-Alpes, Jacques Montano, président de la CMA du Var et Thierry Aubert, président de la CMA du Vaucluse et de Patricia Conil, directrice générale de la CMAR.
Dans le cadre de la modernisation de l’action publique, la loi oblige les CMA à mutualiser leurs services support mais laisse libre choix quant à une régionalisation plus avancée. C’est cette deuxième option que la CMA de la région Paca a choisi. «Avec cette régionalisation, nous nous donnons toutes les chances d’être forts, ensemble, en lien avec les réformes des collectivités territoriales et dans l’intérêt des entreprises artisanales», poursuit André Bendano. Précisant imédiatement: «En cette période difficile, de raréfaction des fonds publics, soit on est petit dans son coin, soit on voit grand ensemble. La régionalisation nous a permis d’améliorer notre offre de services, dans l’intérêt de nos ressortissants, avec des propositions sur-mesure et plus proches de leurs besoins». Jacques Montano insiste pour sa part sur l’importance de l’Université régionale des métiers et de l’artisanat (URMA). Cette université «hors murs» permet de proposer une offre de formation aux métiers plus performante et innovante, avec la force d’un réseau et d’un interlocuteur unique et un parcours d’apprentissage au sein des huit centres de formation d’apprentis du réseau, transformés en campus et amenés à devenir de véritables pôles de références dans leurs filières respectives. Ainsi le Campus d’Avignon devient pôle de référence pour les métiers de l’alimentaire, celui de la Seyne-sur-mer pour la coiffure, etc. Une vraie fierté pour tous les intervenants.

«L’artisanat ce n’est pas qu’une main, c’est dans le même temps, un cerveau et l’intelligence du cœur»

«Nous accueillons un apprenti sur cinq en formation dans la Région et notre objectif est que la formation devienne un choix plutôt qu’une formation par défaut. D’autant que l’apprentissage c’est la voie de l’excellence, chez nous, on peut aller du CAP au diplôme d’ingénieur».
Thierry Aubert d’ajouter: «L’artisanat ce n’est pas qu’une main, c’est dans le même temps, un cerveau et l’intelligence du cœur». Un phénomène est, par ailleurs, en train de modifier le regard porté sur l’apprentissage. Patricia Conil tient à faire remarquer : «Une étude vient de montrer que 20% des personnes qui ont un diplôme de l’enseignement supérieur viennent à l’artisanat, suite à un ras-le-bol, un choix de vie… C’est une nouveauté et un enjeu pour nos CFA. Au-delà, des rapprochements se font avec l’université car des étudiants arrêtent, sans diplôme, ils peuvent chez nous en passer et trouver un emploi». «Nous prenons les jeunes, poursuit-elle, au plus près de leurs potentialités comme de leurs difficultés et nous construisons des parcours originaux. Plutôt que de ressembler à l’Éducation Nationale nous avons décidé de découper les programmes. Le jeune prend le morceau de formation dont il a besoin pour son entreprise, et, au fil de son parcours, il pourra en acquérir d’autres».
Simon Caparros souligne: «Les années de travail qui ont été nécessaires pour aboutir à ce moment». Par quelques chiffres, il met en lumière l’importance de l’artisanat en Paca : «C’est 6 000 apprentis, 132 000 entreprises, 285 000 actifs, et 800 collaborateurs de la CMAR». Jean-Pierre Gaulard tient à remercier les autres Chambres au nom des deux départements alpins, «qui étaient les premiers à vouloir cette régionalisation. Car, sans elles, nous n’aurions, par exemple, pas pu proposer le Diagnostic des entreprises artisanales régionales (DEAR)».

«Notre politique c’est la proximité et ce n’est pas des mots »

André Bendano d’insister: «Notre politique, c’est la proximité et ce n’est pas des mots. Ainsi, avant, les artisans devaient venir nous voir, maintenant avec le DEAR ce sont nos conseillers qui vont à leur rencontre. Le conseiller passe une demi-journée dans l’entreprise pour identifier ses points forts, ses axes d’amélioration, et établir un plan d’actions individualisé. Alors qu’environ 200 entreprises seulement recevaient la visite d’un conseiller chaque année, dans le cadre d’actions régionales, ce sont aujourd’hui quelque 7 000 DEAR qui ont été réalisés chez les artisans depuis 2012».
Patricia Conil reprend : «Avec le DEAR nous avons inventé un modèle qui correspond à la façon de fonctionner de nos entreprises. Sachant que 50% d’entre elles n’ont pas de salariés et que le chef d’entreprise s’occupe de tout, nous nous sommes dit qu’il fallait que nos collaborateurs soient formés à un diagnostic global». Et de mettre en exergue : «Ce regroupement, concernant le personnel, c’est fait sans aucun licenciement ni mutation forcée. En ce qui concerne les Chambres, il s’est fait sur un principe d’égalité : une chambre, une voix et une notion de partage et de solidarité financière». Les Alpes-Maritimes ont fait le choix de ne pas rejoindre cette structure, André Bendano prend acte : «Nous avons décidé de mener une démarche volontaire. Nous pensons qu’un jour ils comprendront que l’on est plus fort ensemble. Ensuite, la Loi Macron arrive, elle, en revanche, va imposer des choses. Les Alpes-Maritimes risquent d’être contraintes de nous rejoindre, si tel est le cas, nous les accueillerons à bras ouverts».
Michel CAIRE

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