Charlie Hebdo : meurtres à dessin

Et soudain l’horreur, les dessins peuvent tuer et la barbarie est là. Disons-le tout de suite, nous n’étions pas toujours d’accord avec Charlie Hebdo, notamment à propos de l’Islam. La belle affaire, cela s’appelle la démocratie. Et c’est cette dernière qui a été attaquée, ce sont deux pans de notre culture, de notre histoire qui l’ont été, un esprit anarchique et la satire politique. Deux fleurons à préserver. Et c’est ce qu’a voulu toucher ce commando. Il entend jouer aussi sur les peurs, nourrir les haines. Haine contre haine, le jackpot pour tous les extrémismes, les intégrismes. Le piège est là. Certains sont prêts à y plonger avec délice. Leur rêve : voir les Islamophobes manifester comme c’est le cas, hebdomadairement, en Allemagne.
Alors, oui, l’islamisme est un ennemi. Mais ne pas oublier que lorsque les tueurs hurlent «le prophète a été vengé», et «Nous avons tué Charlie Hebdo», ils ajoutent à la barbarie de leurs actes la connerie incommensurable. Car, non, Charlie n’est pas mort, ils l’ont érigé au statut de mythe, de Twin Towers made in France, et concernant le Prophète, l’Islam, ils l’ont souillé plus que ne pourra jamais le faire aucun dessin. Ils ont, une nouvelle fois mis en lumière le fait que non seulement ils n’avaient rien à voir avec la religion qu’ils évoquent, ils en sont les pires adversaires et leurs premières victimes sont les musulmans.
Maintenant la France, le Monde, est sous le coup de l’émotion. Ou, chacun, dans l’hexagone essaie d’en tirer profil, ou, un sursaut a lieu. Dans un Monde en crise, notre République est elle aussi malade. La crise sociale, économique, politique nourrissent, comme cela fut toujours le cas au cours de l’histoire, la haine de l’Autre. Le combat ? C’est la liberté, la République, ses valeurs, qui sont à défendre.
En attendant, aujourd’hui des armes ont été utilisées notamment contre des dessinateurs qui ne voulaient que faire mourir de rire. Contre des policiers qui étaient là pour les protéger. Mais, à la fin, ce sont eux qui gagneront, et, plus que jamais il faut s’armer du rire, la politesse du désespoir.
Michel CAIRE
En solidarité, Destimed ne traitera aucun autre sujet aujourd’hui.

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