Christian Estrosi lance à la Friche Belle de Mai la Conférence régionale permanente des Arts et de la Culture

Publié le 4 juillet 2016 à  12h32 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

C’est un aréopage d’acteurs culturels qui a pris place sur la scène du Grand Plateau de la Friche la Belle de Mai à Marseille aux côtés de Christian Estrosi, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour le lancement de la Conférence régionale permanente des Arts et de la Culture. Instance qui constituera un lieu d’échanges dédié avec l’ensemble des représentants des acteurs du secteur culturel «pour porter ensemble la politique culturelle de Provence-Alpes-Côte d’Azur», soulignera le Président. Dans la salle, quelque 200 personnes sont réunies «dans votre infinie diversité de disciplines, d’origine sociale et territoriale, de passions et d’engagements pour rejoindre ses rangs, pour travailler, pour échanger, pour imaginer, pour construire». Liberté, création, résistance, émotion, partage ont été les maîtres mots, de cette matinée, portés notamment par Charles Berling, Domique Bluzet, Irina Brooks, Bernard Foccroulle, André Gabriel, Macha Makeïeff, Olivier Py, Sam Stourdze…

Christian Estrosi a lancé à la Friche Belle de Mai la Conférence régionale permanente des Arts et de la Culture (Photo Robert Poulain)
Christian Estrosi a lancé à la Friche Belle de Mai la Conférence régionale permanente des Arts et de la Culture (Photo Robert Poulain)

Christian Estrosi parlera également de «combat» en ouverture de cette Conférence. «Un combat pacifique, certes. Un combat avec les mots, avec les musiques, avec les couleurs.» Mais aussi, assène-t-il: «Contre tous les extrémismes. Contre tous les simplismes. Contre toutes les facilités.» Et d’insister : «C’est donc sur cette terre de Provence-Alpes-Côte d’Azur que se livre ce combat et, j’espère qu’il fera tâche d’huile sur toute la France, et sur toute l’Europe, au moment où l’avenir de notre pays et de notre continent même paraît si indéchiffrable.» Rappelle l’engagement de sa campagne: «J’ai dit et j’ai écrit que je réunirai les forces vives du monde de la culture pour travailler avec elles, de façon suivie et régulière, sur une grande politique culturelle régionale. Et ce matin, je tiens parole.» Évoque un principe auquel il entend ne pas déroger: «Celui de la liberté de la création.» Précisant qu’«iI n’appartient pas au pouvoir politique de trier entre les modes d’expression, entre les artistes, entre les œuvres.»

«J’ai retenu trois grandes idées, que je soumets évidemment à votre réflexion et à vos débats»

Met en exergue trois entreprises collectives auxquelles les acteurs culturels participent: le rayonnement de la Région, son économie et, la création de liberté, d’épanouissement, d’émotions… «Et parce que nous partageons ce constat, travaillons ensemble à imaginer des processus, des structures, des événements», lance-t-il. Et, pour ce faire, il avance: «Donnons-nous la stratégie». Et de confier: «Pour en avoir parlé avec nombre d’entre vous avant même de nous réunir ici, j’ai retenu trois grandes idées, que je soumets évidemment à votre réflexion et à vos débats.» La première idée porte sur «faut-il repenser la saisonnalité des événements culturels?» «Aujourd’hui, les pratiques sociales ont changé, les temps de loisirs aussi, les moyens financiers encore plus, malheureusement. Or l’essentiel de notre vie culturelle, celle en tout cas pour laquelle notre région est d’abord connue, s’étend du Festival de Cannes, en mai, aux derniers feux de l’été. Je crois qu’il est temps que l’on sache, partout, que votre créativité n’est pas seulement conditionnée par la hausse des températures, et en conséquence qu’on travaille sur ces questions de calendrier.
La deuxième est de «retravailler l’équité», et sous deux aspects. L’équité territoriale, d’abord.«La qualité du patrimoine et la vitalité de la création culturelle sont réparties du Rhône à la Roya et des Alpes à la Méditerranée. C’est le rôle de la Région d’être équitablement aux côtés des créateurs comme des défenseurs du patrimoine matériel ou immatériel. Et je dis bien équitablement, car puisque les ressources sont par nature limitées, c’est de vous que j’attends les meilleurs conseils pour les répartir au mieux.» L’équité de projets, ensuite. «Les projets foisonnent, et les événements aussi, sur notre territoire. Certains sont de notoriété mondiale. D’autres restent à la portée des habitants d’une commune ou d’une intercommunalité. La moindre des solidarités, me semble-t-il, serait de mettre en réseau ce foisonnement, et c’est bien cette équité là que je veux aussi rechercher et sur laquelle je vous demande de travailler.»
Troisième idée présentée : «encourager la diffusion». «Ce qui fait la qualité de votre travail, ce n’est pas seulement la création, c’est aussi votre volonté qu’elle soit le plus accessible, le plus visible, le plus partagée possible. C’est pourquoi je vous suggère, en forme de piste de travail, de réfléchir aux meilleurs moyens que le soutien à la création se renforce d’un soutien aussi fort à la diffusion.» Une stratégie que Christian Estrosi propose d’analyser. Considérant qu’elle serait «vaine» si elle n’était pas dotée «d’argent». Avant de souligner que le budget culturel de la Région a «non seulement été préservé, mais même augmenté de deux points.» Et enfin, pour parfaire le tout, la tenue de cette Conférence permanente des Arts et de la Culture.
Le président d’en énoncer le fonctionnement: «Sous forme d’une assemblée plénière annuelle, au cours de laquelle je vous ferai part des sujets de la politique culturelle régionale que je souhaite soumettre au débat dans la conférence permanente pour confronter vos réflexions et recueillir vos idées; et sous forme d’un comité directeur d’une vingtaine de membres de toutes les disciplines qui, au fil de l’année, animera vos débats sur l’ensemble du territoire, recueillera vos suggestions, tout en suivant la mise en œuvre de vos propositions et en vous tenant informé de l’évolution des projets.»
Cinq thèmes choisis pour cette année seront traités en ateliers: -Comment renforcer les stratégies d’innovation et de développement du numérique dans les industries culturelles et la création ? -Quels outils et quelles les dynamiques mettre en œuvre pour encourager le mécénat et le financement participatif ? -Comment mieux s’approprier et valoriser le patrimoine de notre région ? -Comment structurer et renforcer la politique en matière d’identité régionale ? -Comment renforcer l’emploi et les outils de mutualisation afin d’accroitre l’économie de production du secteur culturel?

Plan de développement de la culture et de nos langues régionales

Est également dans les tuyaux la mise en place d’un plan patrimoine «qui permette à chaque commune de trouver dans la Région un véritable partenaire dans la sauvegarde de ses édifices emblématiques, à quoi j’adjoindrai d’ici peu un Plan de développement de la culture et de nos langues régionales.» Plan adopté par l’Assemblée plénière de la Région le vendredi 24 juin, qui comporte tout d’abord deux appels à projets qui seront lancés à l’intention des collectivités, des associations et des particuliers : – Un appel à projet pour la restauration et la valorisation du petit patrimoine rural non protégé. Dans ce cadre, sera mis en place un partenariat avec la Fondation du Patrimoine dont la sauvegarde du petit patrimoine non protégé est le domaine d’excellence. La Fondation pourra faire bénéficier les projets de son expérience et de sa maîtrise des financements participatifs par le biais des souscriptions en ligne. Ce partenariat sera concrétisé par une convention dès l’automne 2016. Afin de renforcer et compléter ce dispositif, la Régie culturelle régionale sera mobilisée pour organiser des événements autour de la levée des fonds participatifs. – Un appel à projets «sites majeurs» sera dédié à la restauration de grands édifices ou d’ensembles remarquables dans l’objectif d’une mise en tourisme. Les domaines patrimoniaux concernés seront régulièrement renouvelés (par exemples le patrimoine militaire ou le patrimoine industriel) tout en conservant l’obligation de se prêter à une large ouverture au public. Les appels à projets bénéficieront de taux de subvention élevés : 20% pour les opérateurs privés, 30% pour les collectivités de plus de 10 000 habitants et jusqu’à 50% pour les collectivités de moins de 10 000 habitants. Ce plan comprend également un fonds d’intervention d’urgence pour le patrimoine communal. Ce dispositif sera complémentaire des aides aux communes sinistrées en cas de catastrophes majeures. En effet, ces aides portent uniquement sur le rétablissement de conditions de vie normales à la suite d’événements climatiques de grande ampleur. Le fonds d’intervention d’urgence pour le patrimoine communal permettra d’intervenir dans nombre de cas bien plus fréquents : événements naturels isolés ou de faible rayon géographique, dommages accidentels, effractions, actes de vandalisme. Il permettra aux communes de faire réaliser les premiers travaux urgents de confortement ou de mise en sécurité des bâtiments.

Culturo une base de données-agenda

Enfin Christian Estrosi annonce l’ouverture prochaine de Culturo, base de données-agenda. Il s’agit du recensement des 16 000 manifestations ou spectacles sur l’année (ce qui peut représenter près de 50 000 représentations) qui font vivre la culture en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour ce seul été 2016, Culturo recense notamment 437 festivals, 71 expositions et 64 manifestations littéraires dans la région, parmi lesquels les Bouches-du-Rhône sont en tête avec 800 spectacles et événements cet été, suivies du Var avec 676 spectacles et événements dans le Var, 651 dans les Alpes Maritimes, 509 dans le Vaucluse (hors festival d’Avignon), 323 dans les Hautes-Alpes et 264 dans les Alpes-de-Haute-Provence. Et le président d’interroger: «Connaissez-vous un autre territoire de France, Paris mis à part, comme toujours, qui puisse présenter une telle abondance, une telle diversité ?».

«La culture c’est un facteur d’unité absolument formidable»

(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)

Les grandes lignes de cette première Conférence régionale permanente des Arts et de la culture étant livrées, Christian Estrosi met en lumière la force de la Culture. «Avec la culture tout le monde est rassemblé. On est tous unis dans le spectacle, dans sa différence de condition sociale, culturelle, de religion, de couleur de peau.. Facteur que tout le monde se doit d’encourager lorsqu’il a des responsabilités publiques quel que soit le niveau.» Explique ce choix de la Friche Belle de Mai à Marseille. «Une Friche industrielle au cœur des quartiers les plus déshérités de cette magnifique ville de Marseille et ces 26 siècles d’Histoire au bord de la Méditerranée. Cette Friche qui permet aux minots de venir ici et de comprendre qu’ils peuvent se hisser dans l’ascenseur social par la culture, l’échange; par la possibilité entre l’un et l’autre quel que soit là d’où il vient de pouvoir accompagner l’Autre, de témoigner de la solidarité». «Cette Friche industrielle aujourd’hui, ajoute-t-il, est pour moi au fond le lieu le plus emblématique pour montrer qu’au-delà de toutes les différences, de toutes les diversités, les héritages, nous pouvons bâtir cette conférence des Arts de la culture régionale avec ce que vous incarnez chacune et chacun d’entre vous de ce qu’il y a de plus beau, de plus créatif et cette capacité à diffuser sous toutes les formes, d’innover, d’imaginer un futur meilleur pour notre société». Insiste sur le rôle de la politique qui «n’est pas là pour trier, sélectionner» en pointant plusieurs périodes de l’Histoire où ce fut le cas en brûlant des livres ou encore rappelle le destin de Charlotte Salomon que retrace David Foenkinos dans son excellent livre « Charlotte ». «Dans ma ville de Nice, raconte Christian Estrosi, j’ai organisé une exposition des œuvres de Charlotte Salomon enlevée par les nazis en 1943 sur dénonciation. J’ai réussi à obtenir 600 toiles du musée juif d’Amsterdam qui ont été exposées pendant près de 3 mois avec 200 000 visiteurs qui sont venus du monde entier. Une œuvre qui est là pour interroger, interpeller. Charlotte Salomon était élève des Beaux-arts de Berlin, elle a obtenu le 1er prix du jury qui jamais ne lui sera remis parce qu’elle était juive et que son art était un art contemporain, un art dégénéré pour les Nazis.» N’omettant pas de signaler l’épisode en ces lieux de l’offensive du FN contre l’art contemporain, le président de Région déclare à ce propos à l’attention du monde culturel : «Vous mesurez que cette place aurait pu être occupée par quelqu’un d’autre? Parce que c’est moi qui l’occupe je sais mes responsabilités, le poids que j’ai sur mes épaules.»

Lancement de la première Conférence

Sur la scène du Grand Plateau, le comité directeur, une dizaine de ses membres issus de toutes les disciplines sur les 20 [[

Le comité directeur

Patrimoine/ Tradition

-Alain Chouraqui: président de la Fondation du Camp des Milles
-Dominique Serena Directrice et conservatrice en chef du Muséon Arlaten

Arts plastiques/graphique visuel

-Sam Stourdze: Directeur des rencontres internationales de la photographie
-Jean-Pierre Blanc: directeur de la Villa Noailles
-Jean-Pierre Simon: directeur de l’École supérieure d’Art et du Centre national d’art contemporain de la Villa Arson

Arts du spectacle

-Dominique Bluzet: directeur des théâtres du Gymnase, des Bernardines, du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence
-Charles Berling: directeur du Théâtre Liberté
-Irina Brook; directrice du Théâtre national de Nice
-Olivier Py: Directeur du Festival d’Avignon – vice-président de French Tech Culture
-Anne-Marie Franon: Présidente du réseau Traverse
-Angelin Preljocaj: Directeur du ballet Preljocaj et du centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence

Musique

-Bernard Foccroulle: directeur général du Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence
-Raphaël Imbert: musicien
-Max Tran-Ngoc: Président de l’UDCM et secrétaire du Pôle des acteurs de la Musique
-André Gabriel: Musicien

Livre/Édition

-Françoise Nyssen
-Olympia Alberti

Cinéma

-Thierry Fremeaux: délégué général du Festival de Cannes
-Andréa Ferréol: actrice
-Emmanuel Mouret]] qui le composent.

Sur la scène du grand plateau de la Friche Belle de Mai (de g à d) Max tran-Ngoc, Olympia Alberti, Charles Berling, Dominique Bluzet André Gabriel et Sam Sam Stourdze
Sur la scène du grand plateau de la Friche Belle de Mai (de g à d) Max tran-Ngoc, Olympia Alberti, Charles Berling, Dominique Bluzet André Gabriel et Sam Sam Stourdze

«La réponse collective que l’on peut apporter en termes d’offres est exceptionnelle»

Sam Stourdze, directeur des Rencontres internationales de la Photographie se réjouit
d’une parution dans Le Monde d’un supplément spécial sur les 3 grands festivals de la Région : Avignon, Arles et Aix-en-Provence. Met en exergue le lien qui existe «avec l’ensemble des acteurs du territoires pour créer une dynamique. On ne se fait pas de concurrence les uns les autres. Nos concurrents aujourd’hui, c’est Venise, Amsterdam…» Mais, se plait-il à souligner: «Quand on a à choisir une destination, la réponse collective que l’on peut apporter en termes d’offres est exceptionnelle.»

«On a besoin de perspectives, d’avoir le temps de donner « du temps au temps » pour construire des projets»

Dominique Bluzet, directeur des théâtres du Gymnase, des Bernardines, du Jeu de Paume et du Grand Théâtre de Provence, de citer Roger Gicquel alors présentateur du JT : «La France a peur». «Une des choses, considère-t-il, dont on a besoin, c’est de retrouver une certaine sérénité. Tout est devenu tellement difficile. On a besoin de perspectives, d’avoir le temps de donner « du temps au temps », comme disait Mitterrand, pour construire des projets».

«Ce qui est important c’est que la culture se partage et, pour la partager il faut la connaître»

André Gabriel, musicien, tient à citer Aimé Césaire : «Il n’y a pas de libération sans création»; parle d’un ancrage de la mémoire, d’exception régionale… Considère: «Ce qui est important c’est que la culture se partage et, pour la partager il faut la connaître..»
Charles Berling, directeur du Théâtre de la Liberté évoque des promesses «enfin» tenues à Toulon «ce territoire maudit de la région Paca, qui subit beaucoup de mépris de l’État. On ne se sentait pas écoutés jusqu’en décembre». Indique par ailleurs: «Je rejoins Dominique Bluzet dans ses propos, on a besoin de perspectives à long terme. Il faut défendre les outils pour qu’ils soient pérennes. Que d’autres générations se l’approprient. On a besoin que le territoires soient forts, revendiquent une identité forte et, c’est parce que l’on a une forte identité que l’on peut accepter l’Étranger, l’Autre et s’ouvrir à d’autres cultures.»

Sur la scène du grand plateau de la Friche Belle de Mai (de g à d) Macha Makeïeff, Olivier PY, Jean-Pierre Simon, Bernard Foccroulle, Irina Brook (Photo Robert Poulain)
Sur la scène du grand plateau de la Friche Belle de Mai (de g à d) Macha Makeïeff, Olivier PY, Jean-Pierre Simon, Bernard Foccroulle, Irina Brook (Photo Robert Poulain)

«Sans le Festival la Ville aurait pu être emportée par le Front national»

Pour Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon dénonce certains propos notamment: «La montée du Front national c’est un échec de la culture». Et de s’insurger: «J’essaie de faire entendre que pour moi c’est plutôt le triomphe de la culture. La ville dans laquelle, je vis, je travaille est sauvée économiquement et politiquement par la culture. Économiquement, ce sont les chiffres de la CCI, 1 personne sur 4 en Avignon travaille, vit par le Festival d’Avignon. Cela donne un engagement qui n’est donc pas strictement artistique mais aussi politique et social. Je pense absolument que sans le Festival la Ville aurait pu être emportée par le Front national. La bataille n’est pas finie contre les populismes»

Irina Brooks, directrice du Théâtre national de Nice s’inscrit dans «la liberté de paroles de l’artiste» et «rassembler tous les publics». Relate une expérience sur le marché de Nice où se donnait «Le point d’interrogation» de Stefano Massini par la bande électrique des Éclaireurs au milieu des passants. «La dame des fruits et légumes nous a craché dessus, en nous lançant « tout ça c’est pour les africains ». je suis allée la voir plusieurs fois pour être sûre de ce que j’entendais. C’était effrayant, je n’ai jamais vu quelqu’un d’extrême d’aussi proche de mon nez. Cet exemple me fait penser à quel point il est essentiel de continuer pour gagner.»

«Parmi les faiblesses du monde culturel dans cette région mais un peu partout en Europe, il y a les cloisonnements»

Bernard Foccroulle, directeur général du Festival d’Aix-en-Provence note: «Peut être faut-il nous interroger, nous, acteurs culturels, sur notre rôle. Nous interroger sur nos forces et nos faiblesses. Je vais commencer par nos faiblesses, Il semble que parmi celles du monde culturel dans cette région mais un peu partout en Europe, il y a les cloisonnements, tout ce qui nous sépare et qui pourrait nous réunir. Il y a les non-publics, c’est à dire les personnes auxquelles tous ensemble nous ne parvenons pas aujourd’hui à toucher. Dans ce clivage, il y a une vraie interrogation, nous ne pouvons absolument pas y répondre si nous le faisons séparément. Nous avons un formidable potentiel pour nous adresser aux citoyens de cette région et nous devons, sans doute, remettre en question un certain nombres de choses qui sont des pierres du passé et qui doivent nous amener à aller à la rencontre de ceux qui ne viennent pas aujourd’hui chez nous. Nous avons vécu sur ce territoire particulier Aix-Marseille-Arles, un événement très fort: 2013. Nous avons aujourd’hui un immense besoin de reprendre cette dynamique là et, de l’étendre à l’ensemble de la Région. Si nous parvenons à dresser ensemble une stratégie culturelle prête à aller à la rencontre de

tous les quartiers toutes les communes rurales à ce moment là nous pourrons faire une œuvre vraiment utile. Mais, c’est un travail beaucoup plus long que 5 ou 6 ans alors, il faut le commencer»

«C’est l’époque où les artistes doivent accompagner les politiques»

Pour Macha Makeïeff, directrice de La Criée – Théâtre National de Marseille:
«Nos musée, nos théâtres, nos cinémas sont plus que jamais des places fortes, des repères dans les villes, les régions. Et, plus que jamais, il faut que nous, les forces de l’intérieur et vous, avoir un regard de bienveillance porté. Dans cette crise morale, je pense, plus que jamais, que c’est l’époque où les artistes doivent accompagner les politiques. Je crois que nous savons pouvoir éclairer le chemin parce qu’il y a quelque chose de politique dans les œuvres que nous lançons.» Sans oublier pour autant, ajoute-t-elle: «Nos théâtres, nos Maisons sont de lieux d’art mais sont aussi des lieux de réjouissances pour tous.»
Patricia MAILLE-CAIRE

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