Chronique cinéma d’Eric Delbecque – Indestructibles 2 : une super-héroïne…

Publié le 10 août 2018 à  9h18 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Excellent divertissement que les adultes aimeront peut-être encore davantage que les enfants ! Indestructibles 2 tient toutes ses promesses. Aussi réussi que le premier de 2004 ! A l’heure des blockbusters saturés de prouesses numériques, on pourrait penser qu’il est difficile de relever le défi de faire triompher les super-héros en film d’animation.

cine.jpgC’est pourtant le cas. D’abord parce que l’intrigue est soignée. La dimension d’énigme policière fonctionne parfaitement : on se laisse prendre au jeu de la recherche attentive de l’identité de « L’Hypnotiseur »… Les ressorts à la James Bond se révèlent finalement adaptés à un scénario mettant en scène des êtres à super-pouvoirs.

Mais ce qui surprend principalement réside dans l’intelligence avec laquelle sont soulevés des thèmes de société difficiles à traiter dans un divertissement familial. Car le premier sujet de ce deuxième opus est le rapport homme/femme. L’épouse de monsieur Indestructible se voit contrainte de devenir l’étendard de la cause des «Supers» dans un monde où les politiciens les jugent dangereux et ont fait d’eux des hors-la-loi. Un frère et une sœur richissimes lui proposent de faire d’elle un produit marketing pour réhabiliter tous les méta-humains et faire changer le cadre légal qui leur interdit d’agir. En intégrant des micro-caméras dans son nouveau costume réalisé par un désigner ultra branché, le couple fraternel de mécènes entend faire partager au plus grand nombre les aventures d’Elastigirl, et par conséquent une autre perception de la réalité.

Bien entendu, cela ne va pas sans provoquer une crise d’identité sévère chez monsieur Indestructible, lequel doit prendre en charge trois enfants turbulents (Violette, Flèche et Jack-Jack) dont il n’est guère habitué à gérer les petits problèmes quotidiens. La situation finit par échapper à son contrôle lorsqu’il découvre les aptitudes proprement incroyables de super-bébé (Jack-Jack)… Il en dérive une remise en cause en règle de ce qu’est vraiment un héros et, au passage, de ce que signifie véritablement être père. Le tout forme une réflexion légère mais efficace et joyeuse sur la métamorphose contemporaine du rapport entre les sexes et des bouleversements intervenus dans le couple depuis plusieurs décennies.

Notons enfin une analyse fort intéressante de la signification socio-psychologique de la figure du super-héros. Réponse paresseuse à notre manque de responsabilité individuelle et collective, source d’exemplarité, alibi à la montée en puissance du consommateur décervelé (le «dernier homme» aurait dit Nietzsche) ? A chacun de se faire une opinion en méditant les quelques repères fournis par cette fable joliment menée ! En tout état de cause, la famille Indestructible donnera du grain à moudre aux plus petits comme aux plus grands…

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Eric Delbecque est l’auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)
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