Chronique cinéma d’Eric Delbecque – Spider-Man new-look : une araignée en manque de fluide…

Publié le 22 juillet 2017 à  9h41 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Que dire de Spider-Man : Homecoming ? Pas grand chose… On se demande véritablement ce qu’il faut retirer de ce reboot de l’Araignée. D’habitude, les blockbusters Marvel et DC Comics donnent toujours l’occasion d’une réflexion sociétale, politique ou même métaphysique. Ce n’est pas le cas dans ce film sévèrement ennuyeux où Tom Holland fait de son mieux mais sans parvenir à convaincre les adeptes de Peter Parker.

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araignee_1copie.jpgRien ne semble vraiment crédible. On dirait que Robert Downey Jr (Iron Man) se demande lui-même ce qu’il fait sur l’écran ! Les Avengers constituent une sorte de verrue sur le scénario : alors que la célèbre équipe aurait pu donner un plus aux aventures du jeune tisseur de toile, elle devient ici un prétexte à tourner quelques scènes. La présence d’Iron Man (en milliardaire assoiffé de profits) et celle, fugace, de Captain America (posant en «vieux con» donneur de leçons à des lycéens apathiques) n’apporte rien.

Quant à l’intrigue, elle n’a aucun poids. Le Vautour (joué par Michael Keaton) incarne un pilleur de technologies extraterrestres sans véritable épaisseur psychologique, traînant derrière lui une équipe de pirates plus ou moins efficaces. On ne croit pas deux minutes au super-méchant prolo levant la bannière populiste contre la trahison des élites politique et économique de l’Oncle Sam.

Pour bien comprendre où se situe le problème de ce film, rappelons quelques bases du personnage tel qu’il naquit dans les comics. C’est à Stan Lee et au dessinateur Steve Ditko que l’on doit la création de Spider-Man (alias Peter Parker). Il tisse sa toile pour la première fois dans Amazing Fantasy n° 15, en 1962. Son succès lui vaudra sa propre série, The Amazing Spider-Man, dès 1963, qui reste son magazine principal malgré l’apparition d’autres périodiques dédiés comme Spectacular Spider-Man et Peter Parker, the Spider-Man. Aujourd’hui encore, il demeure l’un des plus populaires super-héros de Marvel, et cinq blockbusters lui ont été consacrés jusqu’à présent (avec Tobey Maguire puis Andrew Garfield), c’est-à-dire avant le présent blockbuster. À beaucoup d’égards, Peter Parker – y compris lorsqu’il enfile le costume de Spider-Man- illustre l’adolescent mal dans sa peau, qui cherche son identité et doute de lui-même. Le personnage se caractérise également par un humour à toute épreuve qui agace ses ennemis, et irrite même parfois ses amis… C’est sa manière de gérer le stress et de dédramatiser les situations difficiles. Enfin, il affectionne les monologues avec lui-même… Ses excès de violence peuvent toutefois être impressionnants, mais ils demeurent rares. Et le code moral très strict qu’il s’impose le porte souvent à la culpabilisation lorsqu’il se pense responsable des malheurs qui touchent ses proches.

Fils de Richard et Mary Parker, Peter Parker a perdu ses parents à l’âge de six ou huit ans (cela dépend des sources !) dans un accident d’avion (alors qu’ils travaillaient sous couverture pour le gouvernement américain). Il fut élevé par son oncle et sa tante, Ben et May Parker, à Forest Hills, à New York. Peter était un élève brillant et très doué en sciences. Lors de la visite d’un laboratoire travaillant dans le domaine nucléaire, une araignée radioactive le piqua. Il découvrit peu après qu’il était doté de capacités de cette dernière : une force herculéenne, un sixième sens et des réflexes hors du commun, la capacité d’adhérer à toutes les surfaces (ce qui lui offrait la possibilité de se déplacer sur les murs, et donc sur les façades de tous les immeubles), et une agilité insurpassable, un sens de l’équilibre hyper développé.

Tombant par hasard sur un match de catch où l’on proposait un prix à celui qui tiendrait plus de trois minutes face à un professionnel, Peter utilisa un masque et vint facilement à bout de son adversaire. Un producteur présent dans la salle lui proposa de participer à un show de télévision. Il accepta et se confectionna pour l’occasion un costume et mit au point un fluide imitant la toile de l’araignée (par la suite il pourra la générer organiquement). Juste après le show, qui fut un succès, un cambrioleur croisa la route de Parker dans les couloirs du plateau télé, poursuivi par un agent de sécurité. Peter s’écarta et ne stoppa pas le criminel. Au garde qui le réprimanda, il répondit avec une certaine arrogance que son métier n’était pas d’arrêter les délinquants. Une fois revenu chez sa tante et son oncle, il apprit que Ben Parker avait été tué par un cambrioleur. Ivre de colère, il partit à sa recherche, le retrouva et comprit que c’était l’homme qu’il n’avait pas voulu arrêter dans les locaux de la chaîne de télé. Il en éprouva une immense culpabilité, prit conscience qu’il aurait pu empêcher le meurtre de son oncle, et se promit dès lors de ne plus oublier que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités.

Après la mort de Ben, réduit à vivre de la Sécurité sociale avec sa tante May, Peter tenta de gagner de l’argent en poursuivant son show télévisé, mais une campagne de presse se déchaîna contre lui, menée par Jonah Jameson, influent et redouté patron du Daily Bugle (dont il sauvera plus tard le fils, John). Celle-ci l’empêcha de continuer sa «carrière» médiatique. Il commença alors une carrière de justicier sous le nom et le costume de Spider-Man, et devint photographe pour subvenir à ses besoins et à ceux de May, prenant des clichés de lui-même en pleine action qu’il vendait ensuite au Daily Bugle. De ce fait, il multiplia les absences à l’université où il ambitionnait de décrocher un diplôme scientifique. La première relation amoureuse de Peter sera Gwen Stacy, fille d’un officier de police, qui finira par mourir lors d’un affrontement avec le bouffon vert. Il aura ensuite comme compagne l’actrice Mary Jane Watson. Il tomba également amoureux d’une magnifique et sensuelle jeune femme, Felicia Hardy, connue sous le nom de Chatte noire, une voleuse impertinente portant un costume sombre et entraînée comme une gymnaste olympique (elle fut elle-même fascinée par Spider-Man). Mary Jane finit par revenir dans la vie de Peter, et ils se marièrent. Par la suite, ils se séparèrent de nouveau.

Il va rapidement combattre de nombreux super-vilains au nombre desquels on compte : le Docteur Octopus, l’Homme-sable, Mysterio, le Bouffon vert, le Super-bouffon, Kraven le Chasseur, le Vautour, le Rhino ou Electro. D’abord concentrés sur les objectifs criminels, ils en viendront, pour la plupart d’entre eux, à être obsédés par le «tisseur de toile», et à imaginer des plans, pièges et machinations dans l’unique but d’éliminer Spider-Man. Au fur et à mesure de ses aventures, il rencontra notamment Daredevil, Captain America, le Docteur Strange, les Quatre Fantastiques et les X-Men.
araignee_2copie.jpgÀ l’issue du cross-over Secret Wars (paru en France sous le titre Les guerres secrètes), il hérita d’un costume noir orné d’une araignée blanche. De nombreux héros (notamment Captain America, Cyclope, Tornade, Wolverine, Diablo, Hulk, la Guêpe, Œil de faucon, les Quatres Fantastiques à l’exception de la Femme invisible) avaient été envoyés sur une planète appelée Battleword, par le Beyonder (une entité cosmique), pour affronter des super-vilains. Les uniformes de certaines ayant été endommagés, ils utilisèrent une machine pour les réparer. Parker utilisa un engin différent et c’est un symbiote extra-terrestre qui l’habilla pendant cette période, lui donnant de nouvelles capacités. Ce n’est que plus tard que Red Richards découvrit que c’était un parasite souhaitant fusionner définitivement avec Peter. Il réussit à s’en débarrasser, mais continua à utiliser un costume noir en tissu, en parallèle avec le bleu et rouge. Quant au symbiote, il allait fusionner avec Eddie Brock pour donner naissance à Venom, et en quelque sorte se cloner lui-même : cette deuxième version prendra possession de Cletus Kasady, qui deviendra Carnage. Suite à leurs affrontements avec Spider-Man, les deux seront ensuite emprisonnés.

Harry Osborn s’impose comme l’un des ennemis les plus tenaces de Peter Parker, en particulier sous l’identité du Bouffon vert. Il montera de multiples machinations contre lui. Peter eut deux clones. L’un des deux, Ben Reilly, devint un super-héros nommé Scarlet Spider. Ils luttèrent tous deux contre le deuxième clone de Peter, Kaine (créé par un certain Chacal), qui fit accuser Spider-Man de ses propres crimes.

Dans Avengers Disassembled, Spider-Man aida les anciens Vengeurs à combattre la Sorcière rouge, devenue incontrôlable. Il rejoignit ensuite les Nouveaux Vengeurs aux côtés de Captain America, Wolverine, Iron Man, Luke Cage, Spider-Woman, Ronin et Sentry. Il vint habiter la Tour Stark (également QG des Nouveaux Vengeurs) avec Mary Jane et sa tante May, suite aux incendies criminels qui avaient ravagé leurs domiciles.

Par conséquent, qu’est-ce qui ne fonctionne pas, structurellement, dans cette adaptation des aventures de l’un des plus célèbres héros de la galaxie Marvel ? A force de vouloir en faire un symbole de l’adolescence et de son mal-être, Peter Parker est devenu dérisoire en tant que figure héroïque. Ce que les cinéastes ont fini par oublier c’est que le jeune super-héros en costume bleu et rouge luttait victorieusement et avec maturité contre des criminels à super-pouvoirs tout en gérant simultanément ses problèmes de jeune homme. Dans cette version, il peine à s’extraire de lui-même et ne paraît pas vraiment à la hauteur des événements. Bien entendu, il finit toujours par vaincre les périls, mais l’uniforme laisse l’impression de demeurer trop grand pour lui…

Eric DELBECQUE est Président de ACSE– Il est l’auteur de : Les super-héros pour les nuls (First)
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