Chroniques, quand des entreprises disent DAC à l’art numérique

Publié le 15 janvier 2021 à  11h28 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h33

Malgré le couvre-feu Marseille, Aix-en-Provence et Avignon accueillent la deuxième édition de la Biennale des Imaginaires Numériques « Chroniques ». Une manifestation soutenue notamment par des entreprises regroupées au sein du Digital Art Club (DAC) qui vient de remettre son prix à l’œuvre « Passengers » de Guillaume Marmin.

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Incubateurs des Imaginaires Numériques, Seconde nature et Zinc travaillent depuis de nombreuses années à promouvoir et faire émerger la création contemporaine, comprendre le monde en régime numérique et aider les publics à s’approprier les technologies pour développer la créativité et l’émancipation. Ce qui les a conduits à créer la Biennale des Imaginaires Numériques «Chroniques», en 2018. Et le public a répondu en nombre puisque pas moins de 55 000 personnes ont participé à la première édition. Laquelle est si près et si loin, elle date du monde d’avant. La deuxième édition a débuté le 12 novembre 2020 et se poursuit jusqu’au 17 janvier 2021. Après la lévitation, thématique explorée lors de la première édition, Chroniques s’intéresse à ce que peut être la notion d’Éternité en 2020. Sujet d’actualité ou plutôt d’actualités s’il en est, avec la Covid qui est venu s’inviter, s’ajouter à la thématique choisit par les organisateurs «le paradoxe des temps, au moment où le fantasme de l’immortalité se nourrit des avancées en matière de biologie moléculaire, l’effondrement programmé de notre civilisation ne s’est jamais appuyé sur des indicateurs aussi alarmants. Le progrès, longtemps synonyme de la rêverie collective d’un monde meilleur, est devenu symptomatique de nos peurs contemporaines». Et les organisateurs se sont adaptés au confinement, au couvre-feu, pour donner à voir et à comprendre le monde en régime numérique en s’appuyant sur trois villes, Avignon, Aix-en-Provence et Marseille. Onze expositions sont proposées, des artistes du monde entier sont invités avec, cette année, un invité d’honneur: Taïwan. Des conditions qui n’ont pas empêché les organisateurs, tout au contraire même, de travailler en direction des professionnels: «Pour cette édition 2020 particulière, nous souhaitions proposer aux professionnels de la culture et des industries créatives qui le peuvent, de nous voir «in real life», dans les limites des contraintes sanitaires. Ceci afin de vivre une expérience collective différente, atypique, avec une implication active d’un grand nombre de téléparticipants du monde entier empêchés de nous rejoindre». Le salon peut, s’appuyer, dans cette période de crise, sur des partenaires solides, notamment du monde économique, au premier rang desquels le Digital Art Club (DAC).

«Rendre accessible l’art digital»

Fabien Fabre, coordinateur du club explique: «le DAC est avant tout un lieu de rencontres, de créations autour des arts innovants. Les acteurs économiques réunis au sein du DAC veulent avoir une action bénéfique pour le territoire, ses habitants. Ils veulent aussi rendre accessible l’art digital, accompagner les habitants à pratiquer, acquérir des savoir-faire dans le numérique». Pour les adhérents le DAC propose quatre rencontres afterwork par an, «au sein des plus belles expériences numériques de la métropole Aix Marseille Provence (expositions, rencontres avec des artistes, performances, coulisses…) et un coordinateur pour imaginer avec les adhérents leurs projets». Et en années paires, le Digital Art Club s’associe à la Biennale Chroniques, avec la remise d’un Prix à un artiste, mais aussi des temps d’échanges privilégiés au cœur de cet événement à rayonnement international, pour les adhérents et leurs partenaires. Le club- afin de monter en puissance et en visibilité, avec la Biennale Chroniques 2022 en ligne de mire- se prépare à se constituer en fonds de dotation dans les deux prochaines années.

Le Digital Art Club a décerné son Crush à l’œuvre «Passengers» de Guillaume Marmin

Le prix du monde économique pour l’art numérique en espace public : le Crush du Digital Art Club 2020 a été remis à Guillaume Marmin pour son oeuvre œuvre Passengers © Chroniques
Le prix du monde économique pour l’art numérique en espace public : le Crush du Digital Art Club 2020 a été remis à Guillaume Marmin pour son oeuvre œuvre Passengers © Chroniques

Un partenariat qui se traduit notamment par le Crush du Digital Art Club, prix du monde économique pour l’art numérique en espace public… Ce prix récompense un artiste et son œuvre pour une utilisation des technologies numériques de manière poétique, sensible et accessible par une œuvre expérientielle, s’adressant directement au sens dans l’espace public, facilement réplicable ou transportable. Les entreprises du DAC apportent, tout au long d’une année, chacune leurs compétences et de la ressource humaine pour accompagner l’artiste dans son développement de carrière ou bien dans une nouvelle création. Cette année le Digital Art Club a décerné son Crush à l’œuvre «Passengers» de Guillaume Marmin. De tous temps, les sociétés ont instauré des rites de passage pour marquer le franchissement d’un seuil, symbolique ou social. De la même manière, «Passengers» marque ce changement d’époque que nous traversons, comme nous traversons des paysages ou notre propre existence. L’œuvre tient dans un container, ses deux extrémités s’ouvrent pour révéler un intérieur kaléidoscopique qui met en jeu les perspectives du site d’exposition. Le visiteur est invité à traverser l’installation pour y voir son image infiniment décuplée dans un paysage de pixels mouvants. Les compositions optiques et sonores jouent avec le mouvement physique du spectateur dans l’intention de créer une distanciation avec son propre corps.

les arts numériques touchent à deux questions auxquelles l’entreprise est confrontée: l’impact sociétal et environnemental

Alexandre Contencin ©archives Destimed
Alexandre Contencin ©archives Destimed

Alexandre Contencin, le président du DAC revient sur la genèse de cette aventure et sa raison d’être: «A la suite d’une rencontre avec Seconde nature et Zinc j’ai pu comprendre ce qui se mettait en place avec la première édition de Chroniques. J’ai intégré le conseil d’administration de Seconde nature et, lorsqu’il a fallu chercher des financements il était logique de penser à la création d’un club de mécènes». Pour expliquer la suite de cette aventure il évoque son entreprise, son métier: «A Marsatwork nous travaillons sur la raison d’être et le déploiement des contenus, nous mettons en place un dispositif numérique. Nous voyons le digital prendre place insidieusement dans nos vies, changer notre rapport au temps, aux autres, à la société. Le télétravail, un temps perçu comme une solution miracle commence à poser question. Alors, le temps de pause que propose le DAC paraît de plus en plus nécessaire. Une pause, des rencontres qui conduisent les entreprises qui le composent de soutenir une approche sensible et créative des technologies». Il poursuit: «La raison d’être de l’entreprise, au-delà de la seule activité économique prend de plus en plus d’importance, notamment avec la loi Pacte mais aussi, surtout, parce qu’il va être de plus en plus difficile de faire venir un salarié, de le faire rester. Or les arts numériques touchent à deux questions auxquelles l’entreprise est confrontée: l’impact sociétal et environnemental. C’est, de plus, un art exportable. On n’est pas obligé de venir dans un espace fermé, c’est lui qui se déplace, non le public. Et il permet de donner du sens, de favoriser du lien, de nourrir la créativité, il permet d’inviter ses clients».

[(A lire aussi: Le Digital Art Club, des entreprises mécènes en appui à la création numérique)]

La passerelle est évidente entre art et entrepreneuriat

Puis de donner la parole à Benoît Lecat, directeur général du groupe Delta et Delphine Perez-Gineste, directrice générale de Habside. Cette dernière explique: «La promotion immobilière peut paraître éloignée de l’art numérique mais aujourd’hui on ne peut plus construire pour construire, il faut donner du sens, apporter des solutions innovantes et émotionnelles fortes. Nous avons d’ailleurs changer de nom en 2018 afin de mieux signifier cette philosophie. Nous avons choisi Habside, Hab pour habitat et side pour dire que nous ne sommes pas seulement des promoteurs mais que nous nous mettons aussi de l’autre côté, que nous avons aussi la vision de l’habitant. Et c’est tout naturellement qu’en 2019 nous sommes devenus l’un des membres fondateurs du DAC. Et cela a permis d’encore plus fédérer nos équipes, de conforter notre positionnement culturel et sociétal mais aussi d’intégrer l’art dans nos résidences, des œuvres mobiles que l’on peut intégrer dans des lieux différents». Benoît Lecat qui est dans le secteur de l’assurance, indique: «Quatre années après Marseille capitale de la Culture, le festival Marseille-Provence 2018 a choisi l’amour comme thème, nous nous sommes dits que nous devions nous engager en tant qu’entreprise dans cette manifestation. Et, en 2019, Alexandre Contencin nous a invités à le rejoindre dans le Digital Art Club en nous expliquant que c’était important pour l’attractivité du territoire, sur le plan socio-éducatif, culturel. Nous, nous sommes sur les métiers de l’assurance. On a créé, dans un secteur où il importe de se réinventer, trois start-up, cinq marques. Il faut de la créativité de l’imagination… La passerelle est évidente entre art et entrepreneuriat ». Précise encore: «Nous avons 100 ans, 300 salariés, certains ont entre 25 et 30 ans d’ancienneté, d’autres viennent de nous rejoindre et nous allons recruter 50 personnes en 2021. Nous devons donc travailler notre colonne vertébrale, notre raison d’être. On veut de l’ouverture, de l’audace, de la gentillesse et l’art va nous aider». Et de conclure : «Au départ l’engagement dans l’art n’était pas passionnel mais un engagement d’entreprise».
Michel CAIRE
Pour plus d’info sur la Biennale des Imaginaires Numériques : Chroniques

Quayola remporte le 3e prix international de la Fondation Vasarely & Chroniques, biennale des imaginaires numériques

Quayola - Remains Series 2020 © Quayola 01
Quayola – Remains Series 2020 © Quayola 01

Après délibération, le Jury a choisi de distinguer l’artiste italien pour la proximité de sa démarche artistique avec l’héritage de Victor Vasarely tout en conviant des outils d’écritures technologiques en lien avec les enjeux de la Biennale Chroniques. Le jury était composé de Pierre Vasarely (président de la Fondation Vasarely), Mathieu Vabre (co- directeur de Chroniques), Pierre-Emmanuel Reviron (président d’Hexalab), Christian Merlhiot (directeur de l’École Supérieure d’Art d’Aix-en-Provence), Dar Kuen Wu (co-commissaire de la Biennale CHRONIQUES), Agnès Alfandari (directrice du numérique à l’Institut français), Karen Nielsen (directrice adjointe à la culture à la Région Sud), Gabriella Fiori (consultante en économie et mécène), Alexandre Contencin (président de Marsatwork et mécène), Hélène Audiffren (conseillère en arts plastiques de la Drac Paca) et des artistes Étienne Rey (lauréat 2016) et Félicie Estienne d’Orves (lauréate 2018). Ce Jury a récompensé Quayola pour la série « Remains » présentée dans le cadre de la Biennale Chroniques, ainsi que le reste de son oeuvre et l’ensemble de sa pratique. Cet artiste dont le travail a été exposé à travers le monde, conçoit des installations des installations vidéos, des sculptures et des photographies et traite de l’iconographie classique en la réimaginant par le biais des technologies contemporaines. Il bénéficiera d’une exposition dans le cadre de CHRONIQUES 2022, d’une résidence à la Fondation en 2021 à la Fondation Vasarely et d’une sérigraphie signée et numérotée de Victor Vasarely. Mais, dans sa volonté d’accompagner une artiste prometteuse, le Jury a également décerné une mention spéciale à Claire Williams pour son oeuvre « Zoryas » (visible dès l’ouverture du 21 bis Mirabeau, l’espace culturel départemental, jusqu’au 7 mars). La jeune artiste, installée à Bruxelles qui travaille sur la captation artistique du spectre électro-magnétique, remporte une semaine d’écriture au sein de la Fondation Vasarely en collaboration avec l’Ecole Supérieure d’Art d’Aix-en- Provence.


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