Cinéma : La bande de « Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? » nous en fait voir encore de toutes les couleurs

Publié le 30 janvier 2019 à  18h04 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  20h47

Destimed ary abittan chantal lauby christian clavier frederic chau medi sadoun photo arnaud borrelOn se souvient du slogan «La France tu l’aimes ou tu la quittes», lancé successivement par des hommes politiques conservateurs et droitiers de notre pays. Les prenant, bien des années plus tard, au pied de la lettre, Rachid, David, Chao et Charles les quatre gendres de Claude et Marie Verneuil sont décidés à tenter leur chance à l’étranger. Et ce, en emmenant avec eux, femmes et enfants, au grand désespoir de leurs beaux-parents qui vont s’unir pour faire échouer leur projet de fuite. «Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ?», le deuxième volet des aventures de cette famille du centre de la France, mais pas centriste du tout au regard des propos souvent tenus par le chef de famille. Ce dernier incarné par un Christian Clavier d’autant plus irrésistible qu’il n’en fait pas des tonnes, offre un personnage plus nuancé que l’on pouvait craindre. Au départ avec pareil scénario, on pouvait craindre le pire. Eh bien non ! Il faut dire que le réalisateur Philippe de Chauveron, aidé au scénario par Guy Laurent, s’amuse à retourner les clichés en vigueur dans notre pays sur les étrangers et le droit du sol pour signer un film antiraciste des plus réjouissants où il n’y a pas une once de complaisance ni de vulgarité. Oui, et ce n’est pas aussi inattendu que cela, voilà l’éloge ici de ce qui nous rassemble, plutôt que ce qui nous divise. A ce titre les aventures hors normes des Koffi débarquant d’Afrique chez les Verneuil … Comédie rythmée, hilarante, avec des moments d’anthologie comme les scènes où Marie Verneuil, alias Chantal Lauby passe des heures à arpenter son jardin en faisant de la marche nordique cette comédie est un hymne optimiste pas du tout franchouillard sur l’entraide et la fraternité. Ce n’est pas un hasard d’ailleurs si au milieu du film on entend cette phrase de l’écrivain Sylvain Tesson cité par un des personnages : «La France est un paradis peuplé de gens qui se croient en enfer.» Clin d’œil aussi avec la pièce Othello de Shakespeare, dont le rôle titre est confié à Philippe Torreton, alors que le héros est noir. (Notons que nous allons très prochainement voir ce dernier au théâtre de Nîmes, puis au Gymnase de Marseille dans «J’ai pris mon père sur mes épaules» de Fabrice Melquiot mis en scène par Arnaud Meunier dans une pièce antiraciste où on salue au passage le footballeur Rachid Mekloufi, (aucun carton dans sa carrière) qui après avoir incorporé l’Équipe de France choisira de rejoindre le 14 avril 1958 celle de Tunisie). Bien sûr avec «Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu», nous ne sommes pas dans du grand classicisme littéraire, mais quand même ! Les dialogues percutants et les répliques du même tonneau font mouche, et on passe un moment totalement réjouissant. Et les acteurs me direz-vous ? Tous épatants ! Tous unis comme s’ils faisaient partie d’une troupe de théâtre. D’ailleurs on sent chez le réalisateur comme chez le scénariste un amour des planches qui s’exprime par l’intermédiaire d’un des gendres Verneuil. Ajoutez un réfugié qui débarque dans le jardin franco-français du chef de famille, et vous aurez une idée assez complète de ce film populaire mais pas populo, totalement festif où l’on rit d’un bout à l’autre, sans interruption.
Jean-Rémi BARLAND
« Qu’est-ce qu’on a encore fait au Bon Dieu ? » de Philippe de Chauveron en salles ce mercredi 30 janvier

Articles similaires

Aller au contenu principal