Club Ethic Eco des Experts-Comptables : quand la politique invite à une réflexion sur conviction et responsabilité

Publié le 5 janvier 2017 à  20h01 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h47

Mohamed Laqhila, le président sortant du Conseil Régional de l’Ordre des Experts Comptables Marseille-Paca vient de proposer un dense débat sur éthique et politique dans le cadre du club Éthic Eco qu’il a initié. Il avait réuni, pour l’occasion, Pierre Dharréville, président des Éditions des Fédérés, actionnaire du journal La Marseillaise, responsable des questions de démocratie au sein de l’Exécutif national du PCF, Gilbert Benhayoun Professeur des Universités à l’Université Paul Cézanne d’Aix-en-Provence, économiste et Président du Groupe d’Aix et Xavier Palou, directeur de l’École de Management de Marseille (EMD). Gilbert Benhayoun évoquera en de multiples occasions les travaux du sociologue et économiste allemand Max Weber et il sera ainsi notamment question du débat entre éthique de conviction et éthique de responsabilité.

C'est en au sein des locaux du quotidien régional
C’est en au sein des locaux du quotidien régional

Éthique de conviction et éthique de responsabilité

Gilbert Benhayoun revient sur la thèse de Max Weber selon laquelle «celui qui a des convictions est écouté pour cela et on s’attache plus à ses intentions qu’au résultat. L’éthique de conviction donc c’est: nous avons les mains blanches. Alors que l’éthique de responsabilité met en premier le résultat». Mais pour l’universitaire point question pour autant d’écarteler la question éthique entre ces deux pôles. Il évoque la question d’Israël «où bien des dangers existent pour la démocratie. Il existe dans ce pays quatre gardiens: la Cour Suprême, les médias, les ONG et l’Armée qui dispose d’un code éthique». «Compte tenu de la faiblesse du Parlement nous assistons à une judiciarisation de la société avec une Cour Suprême qui se saisit de questions fondamentales», indique-t-il. Pierre Dharréville entend pour sa part aborder les notions de conviction et de responsabilité: «Lorsque l’on pose la question de l’éthique et de la politique la réponse se trouve au carrefour du résultat et de la conviction, mais aussi de l’universel et du personnel». Puis de partir d’un constat: «La politique connaît une crise profonde qui se manifeste dans un fort taux d’abstention». Considère que la crise est multiple, parlant «d’une crise de la représentation et du sens: quel sens sommes-nous capable de proposer? Et nous vivons aussi une crise de ce qui nous rassemble, du commun». Concernant le débat sur si la fin justifie les moyens, il répond en citant le philosophe Lucien Sève: «Commençons par les fins».
Xavier Palou met en exergue que l’École qu’il dirige insiste sur deux points: être un esprit critique et l’éthique dans un monde où «l’accès à l’information n’a jamais été aussi important et où, dans le même temps, on déplore un appauvrissement intellectuel». Gilbert Benhayoun revient à Max Weber et au débat entre conviction et responsabilité: «Lorsque un acte a des répercussions fâcheuses, le tenant de l’éthique de conviction rend le monde, voire Dieu, responsable tandis que le tenant de l’éthique de responsabilité jugera ne pas pouvoir se décharger sur d’autres de ses actes». «L’éthique de conviction, ajoute-t-il, c’est être pour une paix juste quand l’éthique de responsabilité est juste pour la paix. Il n’y aura pas la justice mais tout le monde sera vivant. Le compromis c’est un jeu perdant/perdant dans lequel tout le monde est vivant». Pour lui: «Les gens comprennent le besoin de compromis, pas les compromissions et c’est là que réside la frontière»

«Le politique doit être le terrain de rencontre entre éthique et conviction»

Pierre Dharréville reprend: «J’essaie d’être dans la dialectique. Nous vivons des contradictions et l’objet du politique est d’essayer de résoudre ces contradictions. Alors, pour moi, le politique doit être le terrain de rencontre entre éthique et conviction car, si on ne peut réduire le champ du politique à celui des idées, on ne peut pas plus le réduire à celui de l’action. Il ne peut y avoir de politique sans idées et tout le travail consiste à les transformer en pratique». Il poursuit sa pensée: «En démocratie c’est le peuple qui définit ce qui est juste, ce qui est bon de faire. Il y a des élections pour cela et il est particulièrement important d’utiliser ce droit. Mais il faut aller au-delà, car la démocratie ne peut se réduire à abdiquer son pouvoir tous les cinq ans. La politique c’est aussi un combat, des confrontations, des monstruosités auxquelles il faut parfois faire face. Et, pour cela, les idées importent. Nous sommes dans une période de crise actuellement mais je pense que l’Humanité a les moyens de trouver les outils pour s’en sortir».
Le débat qui s’en suivra posera la question du libre arbitre face à une idéologie dominante, de la démocratie confrontée à la mondialisation, de l’importance de l’éducation pour donner des outils éthiques. Il en sera également pour déplorer la fin du service militaire «qui donnait des valeurs nationales à l’ensemble de la population, sa suppression fait qu’aujourd’hui des jeunes se réfugient dans des chapelles». Un débat de qualité qui, comme le notera Mohamed Laqhila en conclusion ouvre des perspectives de nombreux débats pour la deuxième saison des clubs Ethic Eco.
Michel CAIRE

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