Comité diocésain économique et social Marseille : Quel sort pour les migrants ?

Publié le 4 septembre 2015 à  20h55 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  19h55

Quel sort pour les migrants? (Photo Robert Poulain)
Quel sort pour les migrants? (Photo Robert Poulain)

Dans l’indifférence générale, la mer Méditerranée, fréquemment évoquée comme trait d’union avec les pays du Nord et ceux du Sud, est devenue un tombeau pour des milliers d’immigrés, dont beaucoup d’enfants, en quête d’une vie meilleure. Chassés de leur pays en guerre en Libye, Syrie, Irak, Iran, Afghanistan, en Afrique subsaharienne, soumis à des passeurs sans scrupule, beaucoup errent sur des bateaux de fortune avec l’espoir de pouvoir refaire leur vie dans une Europe qu’ils s’imaginent accueillante. Les naufrages se multiplient. D’autres tentent leur chance par la route ou par le rail. Les survivants se retrouvent dans des camps sans savoir quand ils pourront en sortir. L’île de Lampedusa, le territoire européen le plus proche de l’Afrique, a accueilli depuis le début de l’année plus de 8 000 immigrés sur un territoire qui compte moins de 5 000 habitants. L’Italie demande l’aide de l’Europe. Mais la réponse de l’Europe n’est pas à la hauteur du problème. Car, au-delà de l’affirmation de grands principes de solidarité et d’humanité, la plupart des pays, dont hélas la France, ont refusé les «clés» proposées par Bruxelles pour recevoir les 40 000 demandeurs d’asile arrivés en Grèce et en Italie et les 24 000 réfugiés des Nations unies. Au-delà de ces catégories, les clandestins sont renvoyés dans leur pays d’origine.

Exclus du monde

La France est, pour ces damnés de la terre, un territoire de transit avant de pouvoir atteindre l’Allemagne, l’Angleterre ou la Suède. Ses réponses sont sécuritaires avant d’être humanitaires : renforcement des contrôles, fermetures des frontières, évacuation des campements. À Paris, les migrants économiques ou «en transit» sont logés provisoirement loin de la capitale. À Vintimille, les migrants, majoritairement d’Afrique subsaharienne, sont bloqués à la frontière et campent sur les rochers. À Calais, des milliers de migrants, installés sur des terrains vagues, tentent le tout pour le tout pour rejoindre l’Eldorado britannique. La création de nouvelles places d’accueil temporaires, récemment décidée par le ministre de l’Intérieur, ne répond pas à la question. Il n’y a pas d’autres réponses que l’ouverture des frontières et l’accueil volontaire et organisé de ces populations dans un monde de libre circulation. Les hommes politiques préfèrent devancer les peurs de l’opinion plutôt que de comprendre pourquoi des milliers de familles vendent leurs biens, quittent leur pays, abandonnent leurs réseaux, parce que leur vie est devenue insupportable, dangereuse et sans avenir. Tous les spécialistes des migrations savent qu’une ouverture globale des frontières ne conduirait pas à une explosion des arrivées en Europe. Changer de continent est une épreuve redoutable. Le monde est ouvert. Vouloir le fermer n’a pas de sens. Au cours d’un déplacement à Turin, le pape François a exprimé son chagrin devant «le spectacle de ces êtres humains traités comme des marchandises». Les migrants, a-t-il précisé «ne peuvent être tenus pour coupables, car ils sont les victimes de l’injustice, de l’économie du rejet et des guerres». Les mouvements catholiques sont parmi les premiers, à Paris, à Calais, à Vintimille, à apporter un peu d’humanité à ces exclus du monde. L’Église a eu l’occasion de s’exprimer plusieurs fois sur le caractère insoutenable de ces morts sans sépulture ou de l’enfermement des plus chanceux. La question n’est ni politique, ni économique. Elle est tout entière dans le fondement même de la foi. «Qu’as-tu fait de ton frère ?» (Gn 4,91).
Texte publié dans le numéro de septembre de l’Église à Marseille

Le Comité Diocésain Économique et Social (CDES) est né d’une décision du Synode, Mgr Coffy et Mgr Jean-Pierre Ricard, en 1991. Composé de personnes représentant les grands domaines de la vie économique et sociale, sa mission est de réfléchir, à la lumière de la Parole de Dieu et de la doctrine de l’Église, aux problèmes économiques et sociaux auxquels sont confrontées les populations de notre Région. Il joue un rôle de «radar» au service de l’Église catholique de Marseille. Il réalise des études de fond qui permettent aux catholiques du diocèse de s’ouvrir aux questions de société et d’agir en conséquence

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