Commémoration du génocide arménien à Marseille: Benoît Payan annonce qu’il se rendra en Arménie

Publié le 25 avril 2023 à  9h26 - Dernière mise à  jour le 6 juin 2023 à  16h51

Benoît Payan, le maire de Marseille, vient de rendre hommage aux victimes du génocide arménien, ce lundi 24 avril 2023. Il a annoncé qu’il se rendra en Arménie, jusqu’au corridor de Lachine, «pour dire haut et fort la solidarité et l’amitié de Marseille à un peuple qui a fait de la liberté et de la fraternité l’horizon de son existence».

Le Palais du Pharo de Marseille aux couleurs de l'Arménie © Ville de Marseille
Le Palais du Pharo de Marseille aux couleurs de l’Arménie © Ville de Marseille

Les premiers mots de Benoît Payan rappellent l’horreur du premier génocide du XXe siècle et ne prêtent à aucune interprétation. Pour cause, ce sont les mots du ministre de l’Intérieur turc Talaat Pacha, envoyés par télégramme, en septembre 1915, aux Jeunes-Turcs de la province d’Alep. «Le gouvernement a décidé de détruire tous les Arméniens résidant en Turquie. Il faut mettre fin à leur existence, aussi criminelles que soient les mesures à prendre. Il ne faut tenir compte ni de l’âge ni du sexe. Les scrupules de conscience n’ont pas leur place ici.»

«les Jeunes-Turcs devenaient ce jour-là les ennemis de l’humanité»

Benoît Payan précise: «Quelques-mois plus tôt, en ce 24 avril 1915, il commandait l’arrestation et l’assassinat d’intellectuels arméniens dans les rues de Constantinople». Il lance: «Il faut mettre fin à leur existence. Voilà ce qu’était alors le projet politique du gouvernement nationaliste turc : exterminer jusqu’au dernier des Arméniens pour faire disparaître un peuple entier, un peuple glorieux, le peuple-père de toutes les civilisations d’Europe».

«Profitant du chaos d’un monde en proie à la première guerre mondiale, guidés par la folie du racisme et de la haine, les Jeunes-Turcs devenaient ce jour-là les ennemis de l’humanité», relate le maire de Marseille qui pense à toutes ces victimes: «Ces femmes, ces hommes, ces enfants? ces vieillards, jetés avec force sur le mur de la haine viscérale, celle que rien n’explique, que rien ne justifie, et qui jamais ne prendra sens. Pour nous rappeler de leurs noms, de leurs visages, de leurs vies».

«Marseille ne serait pas Marseille sans les Arméniens»

Benoît Payan évoque ces générations d’Arméniens «qui ont construit Marseille».
Rappelle que «Marseille ne serait pas Marseille sans les Arméniens. Marseille, cette ville dans laquelle arménité rime avec liberté, avec fierté, avec fraternité». De déclarer aux Arméniens du monde entier: «Nous serons toujours à leurs côtés. Nous sommes à leurs côtés pour célébrer ensemble la mémoire de ceux qui sont morts il y a un siècle. Nous sommes à leurs côtés pour combattre aujourd’hui ceux qui veulent à nouveau les faire disparaître».

«les canons de l’Azerbaïdjan sont à nouveau tournés vers les Arméniens»

Une commémoration d’un génocide vieux de plus de 100 ans qui se télescope tragiquement avec l’actualité: «Aux portes de notre continent, les canons de l’Azerbaïdjan sont à nouveau tournés vers les Arméniens, contraints à vivre une fois de plus dans la peur et le doute. A l’heure où nous nous parlons, ce sont des centaines, des milliers de femmes et d’hommes qui à nouveau sont victimes de la folie du dictateur Ilham Aliyev. Notre devoir devant l’histoire est de ne pas les abandonner. De ne jamais céder aux sirènes tranquilles de l’indifférence. Parce que l’indifférence, Mesdames, Messieurs, l’indifférence est le plus grand cadeau que l’on puisse faire aux tyrans.».

«Que cesse le bruit des bombes et le cri de la division»

Dans ce contexte le maire de Marseille d’affirmer: «Je me battrai, et Marseille toute entière, à vos côtés, pour que cesse le bruit des bombes et le cri de la division. Quand ressurgissent en France, en Europe et dans le monde, les monstres du passé, ceux que l’on croyait endormis et qui se réveillent dans la crise et la douleur, nous devons rester dignes et unis. Le racisme, la haine, la division, nous en avons payé le prix, et les plaies béantes de votre histoire, de notre histoire, ne cicatriseront pas».
Michel CAIRE

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