« Commune Attractive »: Pour la revitalisation économique des petites municipalités

Publié le 15 mai 2019 à  11h54 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h23

Comment permettre aux petites communes de se revitaliser sur le plan économique tout en offrant à des aspirants au retour à la nature la possibilité de conjuguer cadre, mais aussi niveau de vie ? La réponse tient en une plateforme, et elle se nomme Commune Attractive. Une initiative développée par Raphaël Mira, professionnel de la communication institutionnelle.

Raphaël Mira fondateur de la plateforme
Raphaël Mira fondateur de la plateforme

Il réfléchissait depuis quelques années à gagner sa vie autour d’un projet qui lui plaise… et sous-tendu derrière cette assertion, qui ait un véritable sens. Voilà pourquoi Raphaël Mira a créé Commune Attractive. Le concept ? Faire se rencontrer deux populations en difficulté. «Il y a tout d’abord les maires des petites communes, qui se comptent de moins en moins de compétences, mais aussi, c’est lié, moins de dotations financières. Il y a ensuite les entrepreneurs, au sens large. TPE, start-up, artisans, commerçants, indépendants, qui jonglent avec des charges dont le poids est parfois lourd à assumer», décrit-il. Dès lors, pourquoi ne pas faire en sorte que ces deux publics se rencontrent et se soutiennent, a ainsi imaginé Raphaël Mira. Oui… mais comment ? «Pour faire face au dépeuplement sur leur territoire, nombre de maires de petites communes communiquent sur leur volonté d’accueillir les entrepreneurs à coût très bas. Dans le Gard par exemple, Didier Bonneaud, maire de Saint-Étienne-des-Sorts, héberge des start-up pour zéro euro pendant un an. Il a pu en attirer deux sur son territoire, grâce à cette politique, mais aussi une coiffeuse et un kinésiologue. D’autres encore, jouent les précurseurs du numérique, comme Julien Didry, maire de Bras-sur-Meuse (Alsace), qui a lancé très en amont un espace de coworking. Il a d’ailleurs reçu à Paris le « Grand prix des maires » de RMC dans la catégorie « Numérique et services »…» Renseignant par ailleurs les éventuels candidats sur de possibles exonérations de charges, ces maires se déclarent prêts à accueillir des commerçants, des artisans, des corps de métiers faisant cruellement défaut sur leur territoire. Ce faisant, ils se battent pour attirer de la population, garder leur école, trouver des réponses à la problématique des déserts médicaux… Voilà justement l’intérêt de Commune Attractive : il s’agit ni plus ni moins que de mettre, via une plateforme en ligne, les municipalités au centre de ces dynamiques. Ce en leur accordant la lumière qu’elles méritent. Un projet qui finalement, est plutôt raccord avec la carrière de Raphaël Mira, axée essentiellement sur la communication, notamment institutionnelle, auprès de la mairie de Marseille.

Un accompagnement stratégique des élus

Concrètement, Commune Attractive permet à ces élus de publier des annonces. Mais plus largement, Raphaël Mira encadre toute la campagne de mise en lumière de ces municipalités. Un premier contrat a été conclu avec celle du Quillio et son maire Xavier Hamon, en Bretagne. «L’idée est de travailler sur le fond, sur la stratégie avec cette commune, qui manque de profils professionnels : plâtrier, plaquiste, plombier, électricien… mais aussi de proposer des terrains à 12 euros du mètre carré pour de futurs habitants. En fait, il s’agit, ni plus ni moins, que de mettre en œuvre ce que l’on nomme marketing territorial auprès des petites communes. On parle de leurs atouts, de ce qui les rend attractives. On explore, on communique ensuite, notamment sur les réseaux sociaux, on développe les connexions, dans le réel et le virtuel». Les cibles de Raphaël Mira : les villes de moins de 10 000 habitants. Emboîtant le pas à Xavier Hamon, Didier Bonneaud, maire gardois de Saint-Étienne-des-Sorts, vient lui aussi de conclure un contrat avec Commune Attractive pour continuer de surfer sur la dynamique qu’il a déjà mise en place. «Il souhaiterait trouver des candidats pour monter une épicerie en faisant du bio et du circuit court, ou encore un garage et une ferronnerie, attirer d’éventuels habitants souhaitant vivre à bord de péniches… D’un village à l’autre, la problématique et les besoins sont différents, ce qui est intéressant». Raphaël Mira se compte également d’autres touches, dont une avec une ville du Cher de 9 000 habitants.

Contractualiser avec les communes

A l’autre bout du processus, ces possibles départs à la campagne ne sont pas forcément un mauvais calcul pour les entrepreneurs en quête de changement de vie. Ils peuvent donc profiter de logement à bas coût, de l’ouverture des réseaux locaux par les édiles, de soutien à l’implantation… et cerise sur le gâteau, gagner en qualité de vie. D’autant qu’avec la digitalisation et la vogue du télétravail, le monde est à portée de main, que l’on s’implante au cœur d’une mégapole ou aux abords d’un village. Ainsi, Raphaël Mira propose aussi de partir de la dynamique inverse, c’est-à-dire du besoin d’implantation des entrepreneurs exprimés sur le net pour contacter les acteurs économiques et les décideurs évoluant sur les territoires visés. Pour ce faire, il faut effectuer du «réseautage». Voilà pourquoi le fondateur de Commune Attractive a contacté l’AMRF ou Association des maires ruraux de France. «Ses portes m’ont été ouvertes grâce à André Guiol, maire varois de Néoules, qui m’a reçu et beaucoup aidé». L’important maintenant, c’est donc de faire du chiffre, sachant que le modèle économique de Commune Attractive repose sur la signature de contrats auprès des municipalités, la mise à disposition de la plateforme étant gratuite pour les artisans et autres entrepreneurs. «Cela avance doucement. Avec les communes en contrat, déjà. C’est logique, les résultats se verront davantage sur le moyen terme, puisqu’on ne décide pas du jour au lendemain de tout quitter.» Sans doute, du succès de ces premiers contrats découleront d’autres accords… Les maires se connectent entre eux et puis, le marché est vaste, à en juger par le nombre de communes sous la bannière de l’AMRF : pas moins de 10 000… En Provence-Alpes-Côte d’Azur, région complexe et disparate, les besoins sont particulièrement criants dans le haut Var, le haut des Alpes-Maritimes, les Alpes de Haute-Provence et les Hautes-Alpes. Mais c’est bel et bien à l’échelle de l’Hexagone tout entier que Raphaël Mira a établi son terrain de jeu.

Vers l’internationalisation

Car elle en compte, la France, des communes qui vivent dans la peur du couperet de la fermeture d’une classe, voire d’une école entière. « C’est un poumon pour elles… et je l’exploite en accroche. J’explique aux maires que s’ils veulent garder leurs infrastructures, il faut avoir une communication positive, en amont, ce pour attirer des habitants. Le souci, c’est que la plupart du temps face à ce problème, ils sont dans la communication de crise, ils en parlent au moment où c’est presque trop tard ». Pour déployer sa force de frappe, Raphaël Mira cherche un investisseur, notamment pour financer la V2 de sa plateforme, déjà en cours de réflexion. Enfin, dans un futur un peu plus lointain, il ambitionne aussi de s’exporter. Cela signifie donc forcément des outils numériques en plusieurs langues… L’attractivité des toutes petites communes, ce n’est pas qu’une problématique franco-française, après tout.
Carole PAYRAU
Plus d’info: commune-attractive.fr

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