Congrès des experts-comptables Paca : Lionel Canesi met en avant les notions de proximité, utilité, respect et urgence pour évoquer l’année écoulée

Publié le 17 septembre 2020 à  13h21 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h12

Après quelques mots de bienvenue en direction des participants du 8e Congrès du Conseil Régional de l’Ordre des experts-comptables (Croec) Provence-Alpes-Côte d’Azur 2020- qui vient de se tenir à Mandelieu-la-Napoule (06)- que Lionel Canesi, son président, plante le décor: «Vous dites aux oiseaux de mauvaises augures qu’ils ont intérêt à passer leur chemin, à tous les décideurs frileux que vous serez prudents vigilants, respectueux des règles barrières, responsables pour vous et vos collaborateurs mais que rien ne vous empêchera d’avancer». Quatre mots, comme autant de pierres blanches construisent son discours, son retour sur l’année écoulée: proximité, utilité, respect et urgence. Et de considérer: «Les crises agissent souvent comme des révélateurs. Celle que nous vivons nous a permis de nous imposer comme des interlocuteurs privilégiés, des experts reconnus, porteurs d’analyses pertinentes car nourries d’expérience terrain».

Lionel Canesi, président du Conseil de l'Ordre des experts-comptables Marseille-Paca (Photo archives Destimed/R.P.)
Lionel Canesi, président du Conseil de l’Ordre des experts-comptables Marseille-Paca (Photo archives Destimed/R.P.)

Lionel Canesi met en exergue « la proximité »: «C’est la proximité de nos clients, celle que tous les experts-comptables ont su démontrer durant le confinement et celle que votre ordre à chaque jour entretenue par des actions concrètes». Plus de 200 circulaires ont ainsi été envoyées, pour permettre aux 2 000 experts-comptables de la région d’accompagner leurs clients, les conseiller et leur permettre de passer la crise et de préparer la reprise. Il ne manque également pas de rappeler la série de webinaires organisée avec l’Urssaf, avec la fédération des banques, avec la DGFIP, avec l’Institution régionale. Cette série de rendez-vous «a rassemblé plus 4 000 confrères autour de questions ciblées: Fonds d’aide social, FSE, PGE, activité partielle…». Il revient sur ces jours, où les mesures succédaient aux mesures pour s’adapter à la situation mais, où, parfois «des décisions contradictoires succédaient aux décisions contradictoires, votre ordre à tout mis en œuvre pour décrypter les textes, questionner les institutions, suggérer des modalités mieux adaptées. Chacun a su s’emparer des outils de communication numériques pour garder le contact avec les chefs d’entreprise déboussolés et cette proximité elle a démontré à ceux qui en doutaient encore l’utilité de toute une profession». De fait, pour Lionel Canesi « l’Utilité » «apparaît aujourd’hui comme une évidence. Jamais les chefs d’entreprise n’ont exprimé autant de reconnaissance à l’égard de notre profession. Conseil juridique, analyse financière, montage de dossiers de prêts, organisation de l’activité partielle, nous avons été sur tous les fronts jusque et y compris celui du soutien psychologique, de l’accompagnement personnalisé du manager. Jamais notre utilité ne s’est exprimée de façon aussi flagrante».

«Le respect se gagne en sachant aussi parfois dire non»

Il en vient au respect: «Celui que nous accordent désormais nos partenaires institutionnels: l’Urssaf, la Direccte , la DGFIP. Le Conseil régional de l’ordre a été en lien quasi quotidien avec eux et le dialogue était franc, l’écoute totale, nos remarques souvent prises en compte, nos remontées terrain toujours considérées». Et il en est allé de même avec les politiques aux manettes pendant la crise. «J’ai personnellement siégé à toutes les réunions de la Task force économique de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui étaient consacrées aux dispositifs d’aide aux entreprises». Pour Lionel Canesi le respect se gagne en sachant aussi parfois dire non: «ce que nous avons fait ici au Croec Paca n’est pas étranger au regard nouveau que les partenaires portent sur notre profession. Faut-il rappeler les tensions assumées avec le ministre Darmanin qui était alors au budget. Faut-il rappeler la réponse cinglante que nous avons su lui adresser lorsqu’il affirmait que les experts-comptables devaient régler les questions liées au prélèvement à la source sans jamais réclamer la moindre rétribution ? (…) Être à l’Ordre, ça n’est pas être aux Ordres». Dire non c’est bien, mais l’Ordre a su aussi proposé au législateur des solutions «en vue de simplifier le carcan administratif que subissent notre économie et nos entreprises». Et de lancer: «Être à l’Ordre, cela n’est pas subir la loi, c’est contribuer à son écriture». Il évoque aussi le travail accompli autour du baromètre de l’économie dans la région avant de déplorer: «Le problème c’est que nous avons été un peu seuls dans cette démarche de communication. Et, sauf erreur, aujourd’hui, ce baromètre est pour l’instant à l’arrêt. Dommage à un moment où il aurait permis de porter un regard lucide et pertinent sur l’état de notre tissu économique en pleine crise sanitaire».

Construire l’indépendance numérique

Il aborde ensuite « l’urgence » «pour notre profession de construire les conditions de son indépendance numérique». L’enjeu, pour Lionel Canesi: «Cette data, ces données sociales, fiscales, de ressources humaines, de typologies d’entreprises, de niveau d’investissement, etc., etc., ces données nous en sommes les dépositaires et elles constituent la matière première dont se nourrit l’Intelligence Artificielle. Ces données, il faut pouvoir les organiser, les traiter, les exploiter pour offrir à nos clients de nouveaux services… un nouveau regard sur leur activité, des indicateurs plus fiables, des
conseils toujours plus précieux
». Et d’imaginer la comptabilité prédictive fondée sur les algorithmes de l’Intelligence Artificielle. En matière de prédiction il ne manque pas de mettre en garde: «Si on reste à l’écart de ce grand mouvement qui se met en marche autour de l’exploitation des données, il ne faut pas se faire d’illusion, d’autres le feront à notre place. Si la profession ne réagit pas d’autres acteurs nous pousseront vers la sortie. Elle est là l’urgence c’est pour cela qu’ici, en Paca, j’ai souhaité que l’Ordre se rapproche de start-up qui s’intéressent à nos métiers en créant Inko le premier incubateur accélérateur destiné aux start-up qui travaillent à des solutions qui concernent nos métiers. C’est pour la même raison que l’Ordre s’est rapproché du Wagon, une start-up spécialisée dans l’apprentissage du codage informatique et des data sciences pour construire et c’est une première en France des modules destinés à former des experts comptables-data scientistes . Et Lionel Canesi de conclure: «Je crois en l’action. Je milite pour l’audace. Je suis un partisan acharné du volontarisme. Si vous ajoutez à ce triptyque une dose d’enthousiasme vous comprendrez mon envie d’aller plus loin et de passer au stade supérieur dans la défense de notre profession».
Michel CAIRE

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