Conjoncture de la Banque de France : Provence-Alpes-Côte d’Azur reste sur un scénario de croissance

Publié le 2 novembre 2018 à  8h28 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h07

Les pics d’activités de 2017 sont derrière, pour autant on reste en 2018 sur une dynamique de croissance. Pas de quoi s’inquiéter donc des effets générés par le trou d’air de début d’année, touchant la France et donc, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Meilleure preuve de ce constat positif, tous les indicateurs sont au vert et les trois secteurs passés au crible de la Banque de France se sont bien comportés.

Malgré des arrêts techniques en début d'année, le secteur de l'industrie enregistre une évolution positive de sa production, de l'ordre de 4,1% (Photo Carole Payrau)
Malgré des arrêts techniques en début d’année, le secteur de l’industrie enregistre une évolution positive de sa production, de l’ordre de 4,1% (Photo Carole Payrau)
Tout semble se poursuivre localement sous les meilleurs auspices, question conjoncture économique. Ce constat, c’est la direction régionale Paca Banque de France – et plus précisément sa dirigeante, Jeannine Roghe – qui le dresse, observant pour 2018 encore «des tendances de croissance». Une enquête réalisée auprès d’un panel conséquent d’entrepreneurs issus des secteurs de l’industrie, des services et de la construction. Pour les besoins de ce baromètre en effet, la direction régionale collecte deux fois par an (de premières prévisions en janvier, puis un retour en septembre pour savoir si elles se concrétisent) les infos liées à l’activité de quelque 1500 entreprises et établissements. Un échantillon représentatif, pesant son poids dans l’économie locale : ces 1500 là, «ils emploient près de 188 000 salariés et réalisent quelque 31 Md d’euros de chiffre d’affaires», avance de son côté Bernard Benitez, adjoint au responsable des affaires régionales. Ainsi, les demandes nationale et internationale suivent une évolution positive, «les réformes mises en place donnent de la crédibilité à la France, on le voit dans les investissements étrangers. La croissance est harmonieuse, la reprise semble se confirmer», analyse encore Jeannine Roghe. On peut donc souffler après les inquiétudes générées par le trou d’air connu en début d’année, aujourd’hui dissipées.

Des effets du protectionnisme ?

Pour mémoire, ce ralentissement perceptible dans l’Hexagone (et donc forcément aussi en Provence-Alpes-Côte d’Azur) avait été généré par la faiblesse de la demande intérieure, ainsi que par la contraction de la production manufacturière… Mais ce souci conjoncturel n’était pas seulement spécifique à la France, puisque d’autres éléments ont pesé sur l’activité économique de l’Europe entière : parité euro-dollar, hausse des prix du pétrole et autres tensions protectionnistes émanant notamment des États-Unis… Ainsi cette année, «la croissance est surtout portée par les pays émergents, bien plus que les avancés», avec une croissance du PIB de l’ordre de 4,9 % pour les premiers, contre 2,4 % pour les seconds. «Alors qu’en 2017, cette même croissance forte était à la fois le fait des pays avancés et émergents», note Bernard Benitez. Malgré tout, même si l’on n’atteint pas les pics de 2017 en la matière (du jamais vu depuis 2008 et les ondes de choc générées par la crise des subprimes), on reste sur un scénario de reprise. Meilleure preuve de ce constat, la création d’emplois en France, qui, si elle n’atteint pas le niveau de l’année précédente (330 000 en 2017), devrait tout de même en totaliser pas moins de 245 000 en 2018.

On accroît sa capacité de production dans l’industrie

Et en Paca plus précisément, cette embellie touche tous les secteurs. Même ceux qui ont connu des aléas au cours de 2018 résistent malgré tout, avec des résultats positifs. Ainsi en est-il de l’industrie, qui en dépit d’arrêts techniques, enregistre une croissance de sa production de 4,1 %. Le fait notamment de la bonne tenue de la consommation des ménages et d’une hausse de l’export, à hauteur de 2,8 %. En termes d’investissement, on garde des taux forts, à 17 %. Mais il faut dire que l’outil de production est fortement sollicité, donc on le modernise, on le met aux normes… Mais pas seulement : fait intéressant estampillé 2018, les investissements portent aussi et surtout sur l’accroissement des capacités de production. C’est le cas par exemple dans les secteurs de la chimie, de l’agroalimentaire, de la métallurgie… L’emploi, lui, se maintient et augmente, puisqu’on attend sur 2018 une progression des effectifs de l’ordre de 1,3 %. «Mais les entrepreneurs éprouvent des difficultés pour recruter de la main-d’œuvre qualifiée», avance de son côté Jeannine Roghe. Attention à ce que le phénomène ne joue pas sur l’érosion de l’activité…

Les services, le poids lourd de Provence-Alpes-Côte d’Azur

Ce qui est le cas pour le secteur des services, en cette fin d’année. Pour autant, on reste tout de même sur de beaux taux de croissance (7,2 %). La filière du tourisme y a sa part, puisque l’on s’achemine, selon les premiers résultats des organismes compétents en la matière, vers une année record. Mais l’export n’y est pas étranger non plus. Cela pourrait surprendre, puisqu’il s’agit de prestations humaines, a priori non délocalisables, et non pas de marchandises. Pour autant, «on internationalise aussi dans les services, explique Bernard Benitez. Ce sont alors des contrats d’ingénierie, de la main-d’œuvre détachée.» Pour Jeannine Roghe, auparavant en poste en Côte d’Or, où l’industrie tire plus que les autres secteurs son épingle du jeu, les services sont une des grandes forces de Paca : non seulement, ils représentent près de 50 % des effectifs salariés régionaux ainsi qu’une diversification en termes de filières (« transport de services et de passagers, ingénierie, communication, nettoyage industriel, édition de logiciels, intérim », énumère la responsable), mais en plus, ils enregistrent localement une croissance bien supérieure à celle de la France. Les dépenses d’investissement connaissent aussi la hausse, à 7,2 %, tout comme l’emploi, à 3 %.

Croissance attendue dans la construction malgré les aléas météos

Enfin, la construction, dont le passé économique de ces dernières années n’a pas toujours été rose, poursuit elle aussi dans la même dynamique de croissance. Petit bémol, ce ne sera pas dans les proportions prévues initialement : la filière des travaux publics va sans doute un peu tirer l’activité de 2018 vers le bas. En effet, elle devrait rester stable, au lieu de la hausse de 3,8 % initialement prévue en début d’année par les entrepreneurs. La raison en est imputable au trimestre pluvieux de ce printemps, rendant tous travaux impossibles. «Ces intempéries ont causé du retard, or un trimestre perdu ne se rattrape pas… Les entreprises des TP n’ont pu honorer tous leurs chantiers de 2018, ils le seront en 2019 », analyse Bernard Benitez. Mais le bâtiment, lui, connaît une croissance qui ne se dément pas. Donc l’un dans l’autre, le secteur de la construction devrait observer une hausse de 2,9 %. Les investissements progressent de 8,2 %, meilleure preuve s’il en est que la visibilité est là et que les carnets de commandes sont remplis. Enfin, l’emploi progresserait de 2,2 %, notamment dans la filière travaux publics.
Carole PAYRAU

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