CoopMed : l’Economie sociale et solidaire en Méditerranée se donne du fonds

Publié le 28 février 2016 à  22h40 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

C’est à la Villa Méditerranée à Marseille -dans le cadre de la 2e édition du Forum des acteurs de l’entrepreneuriat en Méditerranée, organisé par l’Acim – que le lancement officiel de CoopMed, premier fonds d’investissement pour le développement de l’Économie sociale et solidaire (ESS) en Méditerranée, a eu lieu. Doté d’une capacité initiale de 10,5 M€, CoopMed ambitionne d’atteindre les 20 M€. Ce fonds est géré par Impulse, société de gestion filiale du Crédit Coopératif.

La taille des investissements auprès des bénéficiaires est comprise entre 200.000 et 2 M d'euros. Le Conseil d'administration de CoopMed, composé de représentants des actionnaires, a déjà entériné deux décisions d'investissements dans des institutions de microfinance en Palestine et au Maroc (Photo Robert Poulain)
La taille des investissements auprès des bénéficiaires est comprise entre 200.000 et 2 M d’euros. Le Conseil d’administration de CoopMed, composé de représentants des actionnaires, a déjà entériné deux décisions d’investissements dans des institutions de microfinance en Palestine et au Maroc (Photo Robert Poulain)

CoopMed apporte à ses bénéficiaires des financements de moyen et long terme que ce soit sous forme de prêts seniors ou subordonnés. L’offre financière sera complétée par un apport d’expertise technique et d’ingénierie financière en vue de consolider des partenariats forts avec les opérateurs de terrain, des acteurs financiers de proximité tels que des institutions de microfinance, des banques locales, mutuelles ou autres institutions financières non bancaires. Nombre d’entre elles étaient présentes pour cet acte de naissance et ont tenu à signifier tout l’intérêt qu’elles portaient à cette initiative.

«Tout humain essaie d’être un peu maître de son destin»

Jean-Louis Bancel, le président du Crédit Coopératif tient à rappeler l’Histoire pour expliquer la création de ce fonds. Il évoque le mouvement de révolte qui a touché la jeunesse en 2008-2009, à Madrid, Wall Street, le Printemps Arabe; «La révolte importe, explique-t-il, mais un temps, après il faut agir. Tout humain essaie d’être un peu maître de son destin et, pour faire bouger le monde, je suis persuadé qu’il faut d’abord commencer par faire bouger son monde». Il souligne les attentes, les projets existants sur la rive Sud; les moyens financiers présents sur la rive Nord. «Nous avons ainsi créé CoopMed à partir de CoopEst qui a vu le jour voilà dix ans. Nous avions eu une réunion à Cracovie où, après une phase le libéralisme total, où le renard était libre dans le poulailler libre, la Pologne a découvert que le libéralisme ne réglait pas tout et que c’est la diversité des formes d’entreprises qui fait la richesse du tissu économique. Il faut des entreprises familiales, des Coopératives, des grands groupes, même des spéculateurs en revanche, il faut que tout cela soit régulé». Alors, il ne cache pas sa satisfaction : «Au moment où nous fêtons les dix ans de CoopEst, société d’investissement qui a permis de soutenir, via des banques et institutions de microfinance, la création d’entreprises de l’Économie sociale et solidaire en Europe de l’Est, le crédit Coopératif est heureux de pouvoir lancer avec l’appui de nos partenaires bancaires et financiers européens et aux côtés de la Banque Européenne d’Investissement (BEI), CoopMed». CoopMed compte parmi ses nombreux investisseurs le Crédit Coopératif, la Sefea, Solimut Mutuelle de France…

«Une première qui nous permet de voir toujours devant»

Edvardas Bumsteinas, chef de l’unité microfinance de la BEI est persuadé que «la CoopMed a un potentiel élevé» avant de noter qu’elle offre l’opportunité à la BEI «de découvrir un nouveau secteur, le financement de l’économie sociale et solidaire».
Denis Philippe, le président du CRESS Paca affirme pour sa part que «la propriété collective est une école de citoyenneté et la lucrativité limitée un facteur de répartition équitable des populations». Il voit là un système «qui permet d’inclure les populations exclues».
Pierre Grand-Dufay, au préalable, avait salué, au nom de la région Paca, cette initiative: «Elle est d’autant plus importante que je suis persuadé que les conditions de paix ne seront réunies en Méditerranée que si la qualité de vie s’accroît pour les populations». Rida Lamrini (Maroc) va dans le même sens. Cet ingénieur de formation et écrivain s’engage en 1991 dans la lutte contre la pauvreté et participe au mouvement qui a initié le microcrédit. En 2001, il est membre fondateur et Président de l’association INMAA (Institution Marocaine d’Appui à la micro-entreprise). Et de se réjouir d’être à Marseille: «Cette ville incarne la volonté de faire de cette mare bleue une zone de paix. Et la rencontre d’aujourd’hui est le fruit de la patience et de la persévérance. C’est aussi une première qui nous permet de voir toujours devant».
Les pays des rives Est et Sud de la Méditerranée dans lesquels CoopMed déploie ses activités actuellement sont l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Palestine, la Tunisie et la Turquie.
Michel CAIRE

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