Coronavirus. Festivals en Provence: l’attente jusqu’à quand ?

Publié le 9 avril 2020 à  22h14 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h14

Scènes vides jusqu'à quand? (Photo Caroline Doutre)
Scènes vides jusqu’à quand? (Photo Caroline Doutre)
Nous devrions être actuellement au cœur du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence ; météo aidant, les terrasses du cours Mirabeau devraient être bondées, les hôtels aixois devraient afficher complet et les musiciens des orchestres invités, entre deux répétitions, devraient se prendre en photo sur la place de la rotonde… Las, Renaud Capuçon, le directeur musical, distille avec talent ses notes, quotidiennement, sur facebook et Dominique Bluzet, le directeur exécutif, raconte des histoires sur le même média… Le Festival de Pâques à Aix-en-Provence, cette année, ce devait être quelque 25 000 spectateurs dont 15% venus de l’Europe entière, des milliers de nuitées et de repas dans les hôtels et restaurants, des centaines de milliers d’euros de dépenses annexes chez les commerçants. Ces quelques chiffres pour prendre conscience de la réalité économique de la manifestation et du trou béant que génère son annulation. Mais aujourd’hui la question se pose de la tenue des festivals estivaux en Provence. A l’heure où Olivier Py, le directeur du Festival d’Avignon, tient une conférence de presse virtuelle sur les réseaux sociaux et propose des plans A et B pour la tenue du plus grand rassemblement théâtral au monde, à l’heure où, toujours en Avignon, on se pose des questions quant à la tenue du festival off, à l’heure où le Festival d’Aix-en-Provence, celui de l’été, est dans l’expectative, tout comme ceux de Marseille, de La Roque d’Anthéron ainsi que les Chorégies d’Orange et tous les autres, Renaud Muselier, le Président de la région Sud, exhorte Franck Riester, le ministre de la Culture à prendre une décision «au plus tard avant la fin du mois d’avril ». Ceci afin de permettre au plus grand nombre de pouvoir adapter, reporter ou annuler tout ou partie de leurs manifestations, mais aussi à tous les autres secteurs d’activités impactés de pouvoir anticiper les événements. Aujourd’hui, difficile d’envisager de rassembler 8 000 spectateurs pour une soirée sur les pierres du théâtre Antique d’Orange ou de remplir, tous les soirs, les théâtres de l’Archevêché, du Palais des Papes ou du parc Florans avec des milliers de personnes. Est-ce que cela sera possible dans trois mois ? Il n’est pas imprudent d’en douter. L’une des autres grandes inconnues est de savoir quelle sera l’incidence de la pandémie sur les migrations estivales qu’elles soient hexagonales, européennes ou mondiales. En la matière aussi l’optimisme est difficilement de rigueur aujourd’hui. Pour en revenir aux festivals, une prise de décision est d’autant plus nécessaire que les équipes d’accueil, techniques et autres doivent être mises en places dans les semaines qui arrivent, que les répétitions doivent bientôt débuter avec leurs logistiques et leurs coûts. Anticiper pourrait permettre, dans la douleur, de réaliser quelques économies d’échelle ; ce qui, en cette période, peut-être nécessaire, voire vital. Alors oui, il est nécessaire de lever le point d’interrogation à la tenue des festivals ici et ailleurs, sachant qu’une annulation serait dramatique pour le monde de la culture, pour la totalité des secteurs d’activités qui y sont rattachés et pour le tourisme en général, mais qu’une non prise de décision pourrait-être encore plus terrible pour tous.
Michel EGEA

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