Covid-19. Les grands acteurs de la société civile ont la parole : Roland Gomez : « L’importance des circuits courts doit nous guider et diminuer notre dépendance à l’importation. »

Publié le 7 mai 2020 à  7h33 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h35

Nous avons décidé de poser les mêmes questions à plusieurs acteurs de la société civile de Provence-Alpes-Côte d’Azur pour savoir comment ils vivent le confinement, et surtout ce qu’ils entendent proposer concrètement comme mesures à prendre au plus vite pour combattre les autres crises qui vont apparaître -après l’actuelle sur le plan sanitaire -à savoir économique, sociale… Roland Gomez, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Provence-Alpes-Côte d’Azur et chef d’entreprise, fondateur de Proman, a accepté de se prêter à l’exercice. Pour rappel, la démarche de cette rubrique, lancée par Daniel Boccardi, est que les lecteurs puissent comparer les différentes visions.

Roland Gomez, président de la CCI Provence-Alpes-Côte d'Azur  (Photo Robert Poulain)
Roland Gomez, président de la CCI Provence-Alpes-Côte d’Azur (Photo Robert Poulain)

Destimed: Comment vivez-vous le confinement depuis les dernières semaines sur un plan personnel et familial ?
Roland Gomez: Dans de bonnes conditions ; je suis à mon domicile familial avec mon épouse. Je suis en contact permanent avec ma famille et avec mon entreprise Proman que mon fils dirige. J’utilise les réunions en audio conférence ou en visio avec mon entreprise et aussi mes collaborateurs de la Chambre de Commerce et d’industrie Provence-Alpes-Côte d’Azur, notamment mon Directeur Général. Je participe également aux réunions de la task force économie de la Région Sud et avec le Préfet de Région. J’ai pu me rendre dans mon entreprise avec toutes les précautions requises, cela m’a fait du bien ! Car le confinement est long maintenant, j’ai envie d’extérieur ! Un entrepreneur est fait pour entreprendre, pas pour attendre. Mais il faut respecter ce confinement pour la santé de tous.

Quelles sont les 3 principales mesures que vous attendez du gouvernement dès la sortie de la crise sanitaire ?
Un allègement des contraintes administratives qui pèsent sur les entreprises et peuvent être un frein à la reprise. Il faut donner de la liberté aux chefs d’entreprises pour qu’ils se jettent à fond dans le rebond de notre économie, en accompagnant un temps l’activité partielle car bien sûr la reprise ne sera pas uniforme et immédiate pour tous les secteurs. Une incitation à la reprise de toutes les activités, avec les outils permettant la sécurisation des collaborateurs, et des aides qui iraient au soutien des entreprises qui reprennent le travail. On a passé un cap, le gouvernement a su prendre les mesures pour sauvegarder l’économie et nous mettre en position de nous engager dès le confinement levé, notre Conseil Régional aussi. Ces mesures qui avaient été prises en attendant la reprise doivent être remplacées par des aides pour relancer et soutenir l’activité. D’ailleurs nos CCI territoriales ont mis en place immédiatement des cellules de crise et elles commencent maintenant à finaliser leur plan de relance. Une loi qui donnerait la priorité aux investissements nationaux pour les entreprises en difficultés qui auraient besoin de capitaux ou d’être cédées. En effet, il faut être vigilants à soutenir nos pépites nationales qui peuvent être un temps en difficulté mais qui peuvent repartir si elles sont accompagnées, il serait dommage que les capitaux dont elles ont besoin ne viennent pas en proximité. Je ne sous-estime pas la difficulté pour une sortie de crise rapide : mais je sais que c’est possible si tout le monde s’y investit.

Comment voyez-vous le monde de demain : des grands changements seront-ils obligatoires, ou alors n’y croyez-vous pas ?
Les chefs d’entreprises s’adaptent au changement c’est leur ADN. Bien sûr, des leçons seront tirées de cette période exceptionnelle. Je crois que l’importance des circuits courts, c’est-à-dire le consommer local, l’achat prioritaire du fabriqué en France, doit nous guider et diminuer notre dépendance à l’importation. En effet, la reconnaissance de la richesse des territoires, le soutien des entreprises patrimoniales, la consommation intérieure, la recherche de la qualité, vont être présents dans le monde de demain. Et c’est tant mieux : nous consommerons peut-être moins en quantité mais mieux. L’utilisation modérée des ressources à notre disposition et la transition écologique seront aussi prises en compte. Nous y sommes prêts ; je peux citer par exemple la filière hydrogène sur laquelle nous sommes déjà fortement engagés en Provence-Alpes-Côte d’Azur. J’espère aussi qu’au-delà de ces priorités, il y aura une réponse européenne forte et coordonnée, c’est une des conditions d’un monde meilleur et plus équilibré. L’Europe, après un départ un peu difficile, a su prendre les mesures à la hauteur de l’enjeu. C’est aussi une alternative au populisme. Nos gouvernements devront accompagner des mesures à la fois nationales et européennes, c’est un beau challenge. En tant que président de CCI de région, j’estime qu’elles ont été à la hauteur des enjeux, j’aimerais que ce rôle soit reconnu pour l’avenir. Et pour terminer, j’appelle tous les Français à être solidaires et patriotes. Les entrepreneurs, mais aussi les collaborateurs de nos entreprises ; nous ne devons plus attendre que la France s’occupe de nous, mais ce que nous pouvons apporter à notre pays dans cette période si particulière.
Propos recueillis par Bruno ANGELICA

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