Covid-19. Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour Renaud Muselier un nouveau confinement appelle un nouveau plan pour faire face aux crises sanitaire, économique et sociale

Publié le 3 novembre 2020 à  9h38 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h19

Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, président de Régions de France, a donné une visioconférence, dédiée à cette nouvelle période de confinement qui s’ouvre. Il y a détaillé le plan et les actions mises en place pour protéger et accompagner les habitants de la Région durant cette deuxième vague. Un plan qu’il a décliné en trois volets: l’urgence: «Nous réactivons nos dispositifs du premier confinement; la politique de test : «Aider la vie à se poursuivre, préparer le déconfinement» et pour le 3e volet il s’agit de «« sauver Noël »; dire stop Amazon, oui à la proximité».

Renaud Muselier détaille le plan et les actions mises en place pour protéger et accompagner les habitants de la Région (Photo archives Destimed/Philippe Maillé)
Renaud Muselier détaille le plan et les actions mises en place pour protéger et accompagner les habitants de la Région (Photo archives Destimed/Philippe Maillé)

Renaud Muselier, vient donc de présenter le plan régional «pour faire face aux crises sanitaire, économique et sociale auxquelles nous sommes confrontés». Lors du premier confinement, rappelle-t-il: «Nous avons fait le choix du zéro polémique. Aujourd’hui la situation n’est plus la même. J’ai été reçu, en tant que président de l’Union des Régions de France avec Dominique Bussereau, président de l’Assemblée des départements de France et François Baroin, président de l’Association des maires de France par l’Assemblée Nationale et notre jugement sur la gestion de la Covid a été sévère». «Depuis le début de la crise, poursuit-il, on nous dit que tout va mal et que la situation s’aggrave… Et ce sont les mêmes, avec les mêmes dispositifs, qui gèrent la deuxième vague». Et Renaud Muselier de formuler le souhait que, lorsque une région passe en rouge, ce ne soit plus le ministère de la Santé qui gère la situation mais celui de l’Intérieur. De même, il entend obtenir des réponses du Gouvernement pour savoir: «qui va décider de déconfiner, comment et sur quelles bases ».

«Nous réactivons nos dispositifs du premier confinement»

Mais, pour Renaud Muselier, il importe aujourd’hui de répondre à l’urgence: «Nous réactivons nos dispositifs du premier confinement». Et de présenter les dispositifs mis en place pour les soignants avec une mise à disposition immédiate et sans réserve «de nos stagiaires paramédicaux pour les hôpitaux de la région (infirmières, aides-soignants, etc.) soit 14 500 étudiants mobilisables». Il annonce une prime Covid 2e vague pour les stagiaires paramédicaux et les externes en médecine de 200 € (externes, auxiliaire de vie, …) à 1000 € (aide-soignants, infirmiers) pour un montant de 2M€. La gratuité du transport public régional pour tous les soignants est instaurée. Pour les entreprises, il rappelle que lors de la 1ère vague «750M€ ont été mobilisés et injectés avec l’État et nos partenaires pour venir en soutien à près de 400 000 entreprises ». Concernant cette deuxième vague: «65M€ sont immédiatement disponibles sur les outils de la première vague». Le président de région met alors en exergue les dispositifs déjà mis en place : le Fonds Covid-Résistance (17M€). Ce fonds permet l’octroi de prêts compris entre 3 000€ et 10 000 €, pour les entreprises et associations de moins de 20 salariés, sans garantie personnelle, à taux 0 et avec un différé d’amortissement de 18 mois. «Ce dispositif est opéré en partenariat avec le réseau initiative qui instruit votre dossier». Près de 25M€ ont été décaissés pendant la 1ère vague et 17M€ de prêts sont décaissables sur cette deuxième vague. Il en vient au Prêt-rebond BPI/Région Sud (37M€): un prêt opéré par la BPI de 10 000 € à 300 000 € pour toutes les entreprises de plus d’un an d’existence, tout secteur d’activité (sauf secteur agricole). 33M€ ont été versés durant la première vague à plus de 450 entreprises et 37M€ de prêts sont immédiatement mobilisables. Avec le fonds Région Sud Garantie, la Région se porte garante des prêts souscrits par les chefs d’entreprise (toutes PME, tout secteur d’activité, tous stades de vie) pour des montants compris entre 1000€ et 1,7 M€ pour financer des investissements matériels et immatériels comme du besoin en fonds de roulement et/ou de la trésorerie. Déjà 5 millions ont été décaissés pour une vingtaine d’entreprises et 5M€ de garantie bancaire sont disponibles. Le Fonds Économie Sociale et Solidaire de 2 millions d’euros «a été créé avec nos partenaires (Cepac, banque des territoires…). Il permet l’octroi de Prêts à taux 0, sur 12 à 18 mois et dont le montant peut aller de 10 000€ à 100 000€. Cet outil permet aux entreprises à impact social de conforter leur situation financière et continuer à investir. 475 000 euros ont été prêtés durant la 1ère vague. Il y a encore 1,525 M€ de disponibles».

«Nous renforçons le guichet unique des entreprises pour répondre à toutes les questions des entreprises»

Le Fonds Investour (4M€) permet l’octroi de prêts d’un montant compris entre 15 000 € et 200 000 €, dédié exclusivement au secteur du tourisme. «C’est une nouvelle enveloppe de 4M€ que nous débloquons spécifiquement pour permettre aux entreprises du secteur de faire face à cette période difficile», précise Renaud Muselier qui ajoute: Nous renforçons le guichet unique des entreprises pour répondre à toutes les questions des entreprises dans les semaines à venir». Au 0805 805 145, ouvert du lundi au vendredi de 8 heures à 18heures et sur entreprises.maregionsud.fr.

«Nous reportons d’un an supplémentaire les échéances de remboursement… »

Renaud Muselier poursuit son propos: «Nous reportons d’un an supplémentaire les échéances de remboursement de tous nos prêts et avances remboursables, soit 3 ans désormais. Cela concerne plus de 5 000 bénéficiaires, essentiellement des petits commerces, des entreprises de la culture, de l’hôtellerie ou de la restauration …». Le président de Région a par ailleurs sollicité dès jeudi la BPI pour envisager des reports d’échéances sur les prêts rebond qui ont permis de décaisser pour près de 35M€ de prêts à 450 entreprises durant la 1ère vague. Et enfin la bonification du taux du prêt Région Sud Garantie à hauteur de 80% et destinée à toutes les PME, «sera prolongée jusqu’au 30 juin 2020». Renaud Muselier part également du constat que «nos artisans-commerçants, nos entreprises touristiques ont besoin d’aide à la digitalisation». Dans ce cadre pour les artisans/commerçants de centres-villes fermés administrativement et les entreprises du secteur touristique, il annonce: «Nous déployons des aides directes allant de 2 000 à 5 000€ pour permettre par exemple la création d’un site de vente en ligne, équipement numérique, système de QR code, d’outils de billetterie ou de réservation en ligne, de plateformes de commercialisation ou de logiciels pour les entreprises du tourisme».

Maintien des transports dépendant de la région partout sur le territoire

En matière de transports le président de Région annonce le maintien des transports dépendant de la région (TER, LER, lignes de cars interurbaines, Chemins de fer de Provence) partout sur le territoire. 550 trains et 1 000 cars circuleront ainsi tous les jours, 100% en semaine pour éviter des transports surchargés avec un aménagement possible le week-end en raison du confinement; et, le maintien du transport scolaire avec 700 cars qui circuleront tous les jours pour assurer les circuits habituels. Les mesures sanitaires de désinfection quotidienne des rames et des cars sont maintenues. Concernant le sport et l’événementiel, 2M€ sont programmés pour garantir le maintien des subventions pour les événements annulés pendant le confinement; le maintien de l’ouverture des sites du Creps (Aix-en-Provence, Antibes et Boulouris) et le soutien aux Pôles France et Pôles Espoirs pour l’entraînement des sportifs de haut niveau. Par ailleurs la Région demande la mobilisation immédiate des 120M€ du Plan de relance par l’Agence Nationale du Sport pour soutenir les clubs amateurs et les emplois dans ces clubs. Pour la formation, Renaud Muselier annonce: «le maintien des sessions de formation, dont 80% s’effectue à distance pour nos 11 000 stagiaires de la formation professionnelle» ainsi que le maintien de leur rémunération. «C’est une mesure indispensable dans cette période de crise économique et pour anticiper la crise sociale», insiste-t-il. Pour les 35 000 apprentis l’État prend en charge de 50% à 80% du coût d’un apprenti pour l’entreprise et la Région crée un fonds de soutien de 7,5M€ pour consolider les 69 CFA et assurer la continuité pédagogique de ces apprentis. Quant aux lycées, ils restent ouverts pour la rentrée qui vient d’avoir lieu. «La Région a fourni des équipements sanitaires complémentaires et la garantie d’une restauration chaude ou froide en fonction des conditions sanitaires dans chaque lycée tandis que les équipes ne cessent de se renforcer : 90 agents supplémentaires sont annoncés avant la fin de l’année».

Une aide de 210 000 euros pour les banques alimentaires de la Région et de 130 000 euros aux Restos du Cœur

Les crises économique et sociale sont là et elles ont de lourdes conséquences sur les plus démunis. Les banques alimentaires ont enregistré une augmentation de 30% de leur activité. «Nous allons voter une aide de 210 000 euros pour les banques alimentaires de la Région et de 130 000 euros aux Restos du Cœur», annonce Renaud Muselier. En matière d’aide aux communes un guichet unique pour les maires est lancé via l’application Région Sud. Il comprend un espace dédié aux communes pour disposer de toutes les informations et les actions de la Région face à la Covid-19, une rubrique «nous contacter» pour faire remonter les besoins et les alertes des communes et échanger directement avec la Région…

«On se bat pour aider les artistes à travailler et les lieux à survivre»

Le volet culture n’est pas oublié: «On se bat pour aider les artistes à travailler et les lieux à survivre. Pour cela 1 million de nouveaux crédits s’ajoutent aux 39 millions d’euros en cours d’engagement après la réactivation des dispositifs 1ère vague. Et 700 000 euros du plan « Terre de Culture » seront engagés pour compenser une partie des pertes de recette des lieux qui resteront ouverts «pour permettre aux équipes artistiques de continuer à répéter». 300 000 euros de nouveaux crédits, pour un budget total d’1 million d’euros sont à engager en décembre 2020 en faveur des équipes et structures culturelles les plus fragilisées. Renaud Muselier précise: «Cette année 2020 marque un effort budgétaire sans précédent pour la culture. Nous avons augmenté de 30% notre budget en faveur du cinéma et de l’audiovisuel ». Près de 11M€ de crédits régionaux sont désormais consacrés aux auteurs, réalisateurs, producteurs, distributeurs, exploitants, artistes et techniciens de la filière. 30M€ de subventions sont maintenus à des structures ou événements qui n’ont pas pu mener à bien toutes leurs actions du fait de la crise sanitaire. 5M€ ont été injectés dans un plan d’urgence et de relance, « Terre de Culture » mis en œuvre pour les secteurs du livre, des arts plastiques et visuels, du cinéma et de l’audiovisuel ainsi que du spectacle vivant. «Nous préparons une série de conventions sur trois ans avec de nombreux acteurs culturels qui ont plus que tout besoin de se projeter dans la durée. Par ailleurs, avec l’aide d’Arsud, notre agence régionale, outil des arts et du spectacle, nous continuerons d’accompagner le développement culturel à travers tout un ensemble de mesures qui prennent en compte les évolutions de la société, notamment ses préoccupations environnementales».

Politique de tests

Renaud Muselier aborde ensuite le volet 2 de son plan qui concerne la politique de tests. «Il s’agit d’aider la vie à se poursuivre, préparer le déconfinement». Il est clair pour Renaud Muselier que «tant que nous n’aurons pas de vaccins, seuls les tests rapides antigéniques ou PCR peuvent nous offrir une sortie de crise ciblée. Il est temps de mettre fin à l’incertitude sanitaire et savoir qui est malade et qui ne l’est pas. Isoler les clusters dans tous les aspects de la vie sociale et ainsi préparer le déconfinement». Pour cela, il considère: «Les conditions du déconfinement doivent être clairement établies. Nous devons connaître, à l’avance, les critères et les seuils d’alerte qui seront pris en considération pour annoncer le déconfinement».

«Nous devons inonder le pays de tests rapides»

Pour le président de Région multiplier les tests s’impose. «Pour cela, explique-t-il, nous devons inonder le pays de tests rapides, mais pas n’importe où, n’importe comment. J’ai donc décidé de commander 100 000 tests rapides pour une stratégie régionale». 50 000 premiers tests rapides arriveront dans une semaine. En partenariat avec l’ARS 20 000 bénéficieront aux lycéens, avec des tests réalisés par les infirmeries des lycées; 5 000 seront attribués aux résidences du Crous de la Région, «véritables bouillons de culture de notre jeunesse», 20 000 iront aux entreprises, en lien avec le Medef SUD et la Chambre de commerce et d’industrie régionale; 5 000 au monde de la culture, «de façon à assurer les répétitions des troupes. Ils seront distribués par Arsud qui fera le lien avec les professionnels». 50 000 tests rapides arriveront également à la fin du mois de novembre. Ils seront distribués à ce moment-là dans les secteurs où ils pourront être les plus utiles. «Nous allons nous appuyer sur l’Ordre régional des pharmaciens, des infirmières, des médecins, mais aussi sur les URPS biologistes, infirmières, médecins libéraux et le Bataillon des Marins Pompiers. Le comité d’éthique activé lors de la première vague va être réactivé».

11 machines de test rapides 20 minutes cofinancées pour les hôpitaux de la Région Sud

En parallèle à ces tests 11 machines de test rapides, 20 minutes, ont été cofinancées pour les hôpitaux de toute la Région Sud : Aix en Provence, Manosque, Digne, Orange, Avignon, Grasse, Gap. 10 000 tests sérologiques ont été distribués en octobre aux entreprises de la région. La Région s’associe au Bataillon de marins-pompiers de Marseille et les laboratoires d’analyses médicales pour déployer un dispositif d’analyses des eaux usées.«Pour être efficace, poursuit Renaud Muselier, il faut partager les savoirs sur l’ensemble du territoire entre les collectivités locales, la Caisse Primaire d’Assurance maladie, l’ARS, l’IHU, le Bataillon de marins-pompiers, les laboratoires. Grâce à ces tests, nous pourrons gagner 5 à 7 jours sur la détection des clusters naissants et ainsi tester et isoler efficacement un groupe de personnes».

«Sauver Noël : Stop Amazon, oui à la proximité»

L’intitulé du volet trois est on ne peut plus clair: Sauver Noël : Stop Amazon, oui à la proximité. Vos cadeaux près de chez vous. Pour Renaud Muselier: «Nous devons à tout prix sauver les fêtes de fin d’année, cela passe par un déconfinement au début du mois de décembre, et aussi, sur l’aspect économique, par la défense et la promotion du commerce de proximité». Raison pour laquelle sera présenté sous peu un système de référencement de click and collect territorialisé. «L’idée est simple, aider nos commerçants pour la période de Noël. Nos concitoyens doivent pouvoir retrouver rapidement et près de chez eux les cadeaux qu’ils ont envie d’offrir, sans passer par les multinationales de commerces en ligne».
Michel CAIRE

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