Covid-19. Quand le football devient une affaire d’État…

Publié le 13 juin 2020 à  11h28 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  11h51

Des matchs avec ou sans supporters ? Il faudra attendre l'avis du Conseil Scientifique et la décision du gouvernement (Photo archives Wallis.fr - Laurent Saccomano)
Des matchs avec ou sans supporters ? Il faudra attendre l’avis du Conseil Scientifique et la décision du gouvernement (Photo archives Wallis.fr – Laurent Saccomano)

La saison 2019-2020 qui ne s’est pas terminée a été victime de la crise sanitaire provoquée par l’épidémie de coronavirus. Le football professionnel français a été l’enjeu d’une bataille sociale, économique et politique. Après plusieurs échanges entre Élysée et Matignon en passant par le ministère de la Jeunesse et des Sports et la Fédération Française de Football, le ballon a rebondi plusieurs fois avant de s’arrêter le 28 avril à la tribune de l’Assemblée Nationale. Le Premier Ministre Édouard Philippe sifflait la fin des championnats de Ligue 1 et de Ligue 2. Pendant un mois, les déclarations, les propositions et les états d’âme se sont succédé. La palme d’or revient à Jean-Michel Aulas. Le Président de l’Olympique Lyonnais, conscient que son club «n’avait pas fait une saison exceptionnelle» était d’abord favorable à une saison blanche. Puis, il présenta son mode de calcul du classement de la Ligue 1 à l’arrêt de la compétition. Enfin, Jean-Michel Aulas plaida pour une reprise des matchs avec un système de plays-off et de plays-down. Il s’est déplacé devant le Conseil d’État pour plaider en faveur de la reprise de la saison. Le juge administratif suprême a confirmé la décision de la Ligue de Football Professionnel d’arrêter les championnats. Les Conseillers ont validé les recours d’Amiens et de Toulouse qui contestaient leur relégation en Ligue 2. Entre les recours des clubs amateurs devant les tribunaux administratifs et les requêtes déposées devant le Conseil d’État, le football s’est joué aussi dans les prétoires cette année. Dépassée par les événements, la ministre des Sports Roxana Maracineanu n’a pas été la meilleure interlocutrice de Noël Le Graët, le Président de la Fédération Française de Football. A 79 ans, le Breton a démontré qu’il est le patron du football français. Mardi dernier, il a rencontré Emmanuel Macron. Le Président de la République «veut que le football reprenne vite et avec du public». Noël Le Graët a échangé avec le Chef de l’État pendant la crise du coronavirus. Il a aussi profité du problème de gouvernance à la tête de la Ligue de Football Professionnel pour renforcer son autorité. La Présidente Nathalie Boy de la Tour et le Directeur Général Didier Quillot ont plusieurs divergences. Enfin, fallait-il reprendre les championnats début juin ? Alors que les footballeurs anglais, allemands, italiens et espagnols ont retrouvé le chemin des stades, les Français n’ont pas encore repris l’entraînement. Sondés par leur syndicat, l’UNFP, les footballeurs n’étaient pas favorables à une reprise du championnat, craignant pour leur santé et pour celle de leur famille. Le principe de précaution sanitaire a prévalu sur les intérêts économiques des clubs déjà en difficulté avant la crise. Les droits télés prévus n’ont pas été versés par Canal Plus et Bein Sports. L’État a aidé les clubs avec le chômage partiel et le prêt garanti par l’État (PGE) pour ceux qui ont des problèmes de trésorerie.

Cette crise touche aussi le football amateur

Selon une ordonnance rendue le 11 juin, le Conseil d’État a débouté les clubs amateurs qui contestaient le maintien par la FFF des relégations malgré la saison tronquée par le coronavirus. La saison 2020-2021 qui débute le 22 août, sauf nouvelle crise sanitaire, sera marquée par la rigueur budgétaire imposée aux clubs par la crise économique. L’arrivée de Mediapro, le nouveau diffuseur espagnol puissant, permet d’augmenter les droits télés versés aux clubs. Sport populaire, le football se jouera-t-il à huis clos ? Il faudra attendre l’avis du Conseil Scientifique et la décision du gouvernement. Les stades seraient tristes alors qu’il pourrait y avoir 60 000 spectateurs à Marseille pour le Classico ou l’Olympico. Il faudra aussi changer la gouvernance du football professionnel français qui a perdu trop de temps et d’argent dans la gestion de cette crise qui n’est pas terminée.
Gilbert DULAC

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