Covid-19: le Port de Marseille Fos solide face à la crise

Publié le 1 février 2021 à  14h20 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h35

En 2020, avec quelque 8 500 escales réalisées, 69 millions de tonnes de marchandises traitées, le port de Marseille Fos prouve sa capacité à faire face à la crise planétaire et affirme sa volonté de maintenir le cap de ses investissements.

Vue aérienne de Marseille © Port de Marseille Fos
Vue aérienne de Marseille © Port de Marseille Fos

Dans un contexte de crises sanitaire, économique, sociale, le port de Marseille Fos enregistre une baisse de trafic global de 12,7% sur 2020. Une baisse modérée qui lui permet de garder sa place de leader français et d’envergure mondiale. Les 51 M€ investis en 2020, le dynamisme des projets menés, leur adéquation avec les plans de relance français et européens confortent Marseille Fos dans sa trajectoire. Le Port maintient donc les 342M€ d’investissements prévus d’ici 2024. Élisabeth Ayrault, présidence par intérim du conseil de surveillance du Grand port maritime de Marseille (GPMM) et Hervé Martel, président du directoire du port de Marseille-Fos ont rendu un hommage à Jean-Marc Forneri, président du GPMM depuis 2014, décédé brutalement le 28 décembre 2020.

«Les activités continuent et nous préparons la sortie de crise»

Élisabeth Ayrault, présidence par intérim du conseil de surveillance du GPMM © PdeMF
Élisabeth Ayrault, présidence par intérim du conseil de surveillance du GPMM © PdeMF

Élisabeth Ayrault qualifie l’année 2020 d’«Annus horribilis», ajoutant immédiatement «à laquelle nous avons plutôt bien résisté et montré notre capacité à résister à une très forte crise». Et celle-ci est loin d’être fini, Élisabeth Ayrault signale ainsi que l’OCDE considère que «l’on ne reviendra au PIB de 2019 qu’en 2022… Et cela risque d’être plus long». «Nous sommes extrêmement dépendant de la macro-économie mais les activités continuent et nous préparons la sortie de crise», indique-t-elle. Et elle précise à ce propos: «Les investissements prévus d’ici 2024 sont en phase avec l’évolution de la société, avec la prise de conscience nécessaire de la modification de certaines pratiques au profit d’autres plus respectueuses du développement durable». Cette crise, selon Élisabeth Ayrault a permis de mettre en avant «le rôle essentiel de notre port dans l’approvisionnement du Pays ainsi que dans le rapatriement de nos concitoyens. Ensuite, notre projet stratégique n’est pas remis en cause, bien au contraire, grâce au côté visionnaire de Jean-Marc Forneri qui voulait un port green, smart et innovant. Et enfin, notre port est aujourd’hui peu endetté et bénéficie de la diversité de ses filières».

«La crise sanitaire mondiale a entraîné une chute des trafics de 10 Mt en 2020»

Chantal Helman, directrice de l'administration et des finances du port  ©PdeMF
Chantal Helman, directrice de l’administration et des finances du port ©PdeMF

La crise sanitaire mondiale a entraîné une chute des trafics de 10 Mt en 2020 portant son chiffre d’affaires à 145M€ alors que l’activité portuaire n’a jamais cessé de fonctionner. Le port a accueilli en moyenne 23 navires par jour en 2020, contre 25 en 2019. Chantal Helman, directrice de l’administration et des finances du port met à son tour en exergue, chiffres à l’appui, que la baisse de trafic au port de Marseille Fos reste modérée.

Elle explique notamment que Marseille Fos réalise un repli de -9% en tonnage sur la filière conteneurs. Certains secteurs clôturent l’année à l’équilibre comme le secteur des véhicules neufs ou en augmentation comme les vracs liquides sur les bassins marseillais (+12%). En revanche, les vracs solides, sont en baisse de 22% en raison notamment de l’arrêt temporaire d’un haut-fourneau d’Arcelor Mittal. L’activité voyageurs s’est effondrée, avec -76% de passagers en 2020. Elle insiste sur le fait que, dès le premier confinement, le port de Marseille Fos a immédiatement réagi avec la mise en place de mesures commerciales pour accompagner ses clients vers la reprise et en prenant la décision de maintenir ses investissements.

«Faire face à une crise c’est gérer l’urgence et construire l’avenir»

Hervé Martel, le président du directoire du port de Marseille-Fos (Photo Mireille Bianciotto)
Hervé Martel, le président du directoire du port de Marseille-Fos (Photo Mireille Bianciotto)

Hervé Martel, le président du directoire du port de Marseille-Fos peut ainsi avancer: «Faire face à une crise c’est gérer l’urgence et construire l’avenir. Nous avons géré l’urgence en assumant notre rôle dans la chaîne d’approvisionnement du pays sans jamais cesser d’accueillir les navires et en accompagnant nos clients dans la crise. Nous avons bâti l’avenir en accélérant la réalisation de projets sources de nouveaux revenus ou qui renforcent la performance du Port». Il note d’ailleurs: «Avec l’avitaillement au GPN que nous proposons, nous disposons d’un atout important en matière de compétitivité».

Le port de Marseille Fos a réalisé les premières opérations d’avitaillement au GNL en ship-to-ship avec succès en plein confinement. Il est prêt à avitailler les futurs porte-conteneurs de CMA CGM, dont la livraison est prévue à partir de 2021, pour – selon l’accord entre Total et CMA CGM- une fourniture annuelle d’environ 270 000 tonnes par an de GNL sur 10 ans. La barge d’avitaillement mise à disposition pour Total pourra également avitailler d’autres navires (croisière, ferrys…).

Dans le même temps le port a poursuivi le déploiement de son programme d’électrification des quais avec en 2020, l’équipement des quais corses d’une potence électrique supplémentaire. Ce qui permet à quatre ferries corses de se brancher en simultané. Le programme s’est poursuivi avec la réalisation en 2020 des études techniques pour l’équipement des quais du futur terminal international au Cap Janet. Un programme qui s’étalera jusqu’en 2024 avec l’équipement des quais croisière.

Une centrale photovoltaïque d’une puissance de 9MWc

Le projet de création de centrales photovoltaïques dans les espaces portuaires a franchi une étape en 2020 : les études de faisabilité technique ont été réalisées dans les Bassins Est de Marseille. Le projet consiste à disposer – en complément de la source d’électricité terrestre standard provenant du réseau national Enedis – d’une production locale à partir de centrales installées en toiture de hangars de sorte à ne pas gêner les opérations portuaires.

L’objectif étant de produire suffisamment d’électricité pour, d’une part, permettre de connecter le plus de navires possible, mais également d’améliorer le mix énergétique utilisé dans les espaces portuaires. En 2020, à partir des résultats de l’étude, les toitures de 6 bâtiments ont été sélectionnées de sorte à ce qu‘une centrale photovoltaïque d’une puissance de 9MWc puisse être construite.

Concernant les zones logistiques, «la dynamique avant la crise n’a pas pris fin avec cette dernière, nous continuons à accueillir des Data center. Le projet de voie Fos-Salon est un dossier que nous suivons attentivement car il est majeur. Nous formons d’ailleurs le vœux qu’il voit le jour le plus rapidement possible pour développer notre hinterland».

Plus de 350 opérations d’investissement réalisées en 2020

Après des années de croissance consécutives, le port de Marseille bénéficie d’une assise financière qui lui permet de mener à bien ses projets. En 2020, le Port a investi 51M€. «Ce sont plus de 350 opérations d’investissement réalisées parmi lesquelles : le démarrage de la future gare maritime internationale du Cap Janet, la finalisation de l’agrandissement des quais conteneurs offrant un nouveau poste à quai de forte capacité à Portsynergy Eurofos, l’équipement des quais corses d’une connexion électrique supplémentaire pour les navires en stationnement, la poursuite des travaux de réaménagement des dessertes ferroviaires à Fos, …» En parallèle de ces investissements, 2020 a été marquée par la dynamique des projets structurants, tels que la vente des derniers lots disponibles sur la zone logistique de Distriport, l’implantation de deux nouveaux industriels sur son domaine : Elyse Technologie et Knauf. Le port de Marseille Fos a également construit en 2020 une nouvelle infrastructure d’atterrage de câbles sous-marins : trois forages ont été réalisés en 2020 et sont en cours de commercialisation. D’autres forages sont prévus au premier semestre 2021. C’est une nouvelle filière pour le Port qui témoigne de sa capacité à trouver des relais de croissance. Cette stratégie de diversification vient contrer la volatilité de certains trafics, soumis aux aléas conjoncturels. «C’est pourquoi, même si pour la première fois depuis 2013 le chiffre d’affaires est en recul, le port de Marseille Fos maintient ses investissements à hauteur de 342M€ d’ici 2024. L’ensemble des projets d’investissement serviront l’ambition de mieux concilier excellence environnementale et croissance économique, socle du futur projet stratégique du port de Marseille Fos» conclut Élisabeth Ayrault.
Michel CAIRE


Focus

Les investissements prévus pour 2021

Le pôle de transport combiné va être optimisé dans le secteur de Mourepiane à Marseille: Il visera à satisfaire les besoins des clients du port et de la métropole. Il accueillera des trains qui mixeront maritime et continental en complémentarité avec les terminaux de Miramas. Cette combinaison permet de développer à la fois fréquences et destinations pour une bonne attractivité de l’offre ferroviaire. Il offrira également la possibilité de faire progresser le report modal et de limiter le flux de camions en cœur de ville tout en accompagnant le développement économique du territoire. Cette opération fera l’objet en 2021 d’une concertation et d’une enquête publique.

Vue aérienne du Golfe de Fos ©Port de Marseille Fos
Vue aérienne du Golfe de Fos ©Port de Marseille Fos

Une nouvelle zone de services portuaires verra le jour dans les bassins de Fos:
les travaux de la future ZSP2, sur une surface de 28 hectares de terre-pleins, devrait débuter fin 2021, après l’instruction du dossier administratif, pour une mise en service à l’horizon 2025. L’enjeu est d’augmenter la capacité et d’améliorer le niveau de service de l’activité de stockage des conteneurs vides, élément important de la chaîne de valeur de la filière conteneurs, mais aussi de développer l’offre de dessertes ferroviaires au moyen d’un faisceau dédié. En 2021, débuteront également les travaux de la bergerie de La Favouillane, située au sein de la couronne agro-environnementale de la zone industrialo-portuaire, vestige de l’architecture camarguaise. 342M€ d’ici 2024 : c’est le montant qui sera investi pour atteindre l’objectif d’un port vert au service de l’économie bleue, indique la direction du port.


Les actions territoriales et partenariales

Si son objectif premier est de valoriser les espaces du domaine portuaire pour permettre le développement durable et responsable des activités économiques, le port de Marseille Fos agit de plus en plus en concertation avec l’ensemble des parties
prenantes. En effet, le port est un écosystème composé de nombreux acteurs économiques interdépendants et, «face à la crise, la communauté portuaire s’est soudée, les liens des acteurs de la chaîne logistique se sont resserrés, la coopération interportuaire s’est renforcée.»

Reflet de la Villa Méditerranée sur la façade du Mucem  ©Hagay Sobol
Reflet de la Villa Méditerranée sur la façade du Mucem ©Hagay Sobol

Depuis la fin des années 90, avec l’opération d’intérêt national menée par Euroméditerranée, le Port et la Ville ont trouvé de nouvelles formes de synergies qui rendent poreuses les «frontières» entre ces deux entités. De grands projets ont pu voir le jour, en commençant par la création du Mucem ou la Villa Méditerranée. «Pour aller plus loin, les institutions publiques, partenaires, organismes sociaux, acteurs économiques et portuaires, gestionnaires d’infrastructures ont signé, en 2013, la Charte Ville-Port qui pose les principes fondamentaux d’un développement conjugué de la Ville et du Port, dans la cohésion et dans un objectif d’excellence environnementale. Dans le respect de la Charte, de nombreux projets ont été réalisés tels que le Silo, Les Terrasses du Port, bientôt le J1. Le Dialogue Ville-Port s’inscrit dans la continuité de la Charte en entendant intégrer les riverains à la démarche».

Donner un nouvel élan à la halle portuaire J1

Le projet J1 «La Passerelle» a franchi une nouvelle étape (Photo archives Destimed/RP)
Le projet J1 «La Passerelle» a franchi une nouvelle étape (Photo archives Destimed/RP)

Lancé fin 2019, ce Dialogue Ville-Port constitue une véritable avancée dans la réponse à la demande des riverains d’être informés et impliqués dans les projets portuaires qui impactent leur cadre de vie. Le projet J1 «La Passerelle» a franchi une nouvelle étape. En 2020, le port de Marseille Fos a signé avec le groupement Vinci Construction France et Adim Provence (sa filiale de développement immobilier), associés à la Banque des Territoires du groupe Caisse des Dépôts, la promesse de convention d’occupation temporaire de 70 ans. Pour rappel, le port de Marseille Fos a souhaité «donner un nouvel élan à la halle portuaire J1, bâtiment de près de 25 500m² au cœur d’Euroméditerranée. Le J1, rénové et doté de ses nouvelles activités combinant développement économique et offres de loisirs, sera bientôt un nouvel outil de l’attractivité de la métropole.» Les travaux devraient démarrer début 2022 pour une livraison en 2024.

Pacte d’engagement

Cette année a aussi été celle de la création du “Pacte d’engagement” de la place portuaire Marseille Fos. En effet, dès février 2020, le port de Marseille Fos, l’Union Maritime et Fluviale et l’ensemble de la place portuaire se sont engagés collectivement en faveur de la relance et de la compétitivité de Marseille Fos «avec des mesures commerciales exceptionnelles et attractives pour leurs clients, des actions opérationnelles d’amélioration continue et des mesures favorisant l’attractivité du port.»
M.C.

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