Crise de l’énergie en Europe : Emmanuel Macron apporte un éclairage sur la stratégie de la France pour l’hiver

Publié le 6 septembre 2022 à  11h17 - Dernière mise à  jour le 11 juin 2023 à  18h48

Emmanuel Macron a lancé un appel ce lundi 5 septembre : les Français doivent «être au rendez-vous de la sobriété» pour éviter les rationnements de l’énergie. S’exprimant devant la presse, après un entretien en visioconférence avec le chancelier allemand Olaf Scholz consacré à la crise énergétique en Europe, le chef de l’État a demandé aux Français de réaliser 10% d’économie énergétique. Cette «sobriété énergétique peut nous permettre d’économiser 10% de notre consommation», a-t-il affirmé. Il a également appelé à «changer les comportements», «mettre la climatisation un peu moins fort» et «le chauffage un peu moins fort que d’habitude» lorsqu’il fera froid. Citant la température de 19 degrés dans les foyers. Le Président ajoute dans ce cadre : «Si nous savons faire des économies d’énergie partout, il n’y aura pas de rationnement et pas de coupure. Il n’y a pas de fatalité». Assurant: «La coupure n’interviendra qu’en dernier ressort.» Et d’insister: «La meilleure énergie, c’est celle qu’on ne consomme pas».

Emmanuel Macron lors de la conférence de presse sur la situation énergétique en Europe (Photo capture d'écran)
Emmanuel Macron lors de la conférence de presse sur la situation énergétique en Europe (Photo capture d’écran)

Emmanuel Macron revient sur le contexte :«Depuis plusieurs mois, notre pays et notre continent ont été soumis d’abord à une hausse des prix de l’énergie qui a été largement conduite par une reprise de l’activité post-Covid très intense, situation qui a été ensuite aggravée par la guerre lancée par la Russie en Ukraine et ce, compte tenu de ce que représente la Russie sur le marché des énergies fossiles, qu’il s’agisse du gaz comme du pétrole. Début 2022, 25 % de toute l’énergie de l’Union européenne était du gaz et 50 % de ce gaz venait de la Russie. C’est la situation dont nous partons». Le président de la République a tenu à rappeler que «la France avait su prendre des décisions très tôt pour protéger les consommateurs contre la hausse du prix de l’énergie. D’autres pays, comme l’Allemagne, s’inspirent aujourd’hui des mesures françaises».

La France préparée à un scénario de coupure complète du gaz russe

«En quelques mois, nous sommes passés de 50% de gaz russe à 9% dans notre mix énergétique», a annoncé le président de la République. L’objectif, selon lui, est d’être «préparés à un scénario de coupure complète du gaz russe».

Vers un «plus grand ciblage de l’accompagnement » financier aux ménages

Sans donner de calendrier, Emmanuel Macron a averti que les aides aux ménages, comme le bouclier tarifaire, ne pourraient pas être conservées longtemps .«On ne pourra, pendant des mois et des mois, avoir des mécanismes aussi larges qui financent la consommation d’énergies fossiles. La tendance va aller vers le plus grand ciblage de l’accompagnement, c’est-à-dire que l’on va devoir continuer d’accompagner les familles, les classes moyennes et les familles les plus modestes qui ne pourraient pas résister à une hausse des prix. On va devoir cibler les choses», a-t-il expliqué.

Du gaz français contre de l’électricité allemande

La France s’organise pour être en mesure de livrer davantage de gaz à l’Allemagne, qui pourra en retour apporter de l’électricité, a encore annoncé Emmanuel Macron lors de sa conférence de presse. «Si je devais simplifier les choses, l’Allemagne a besoin de notre gaz et nous avons besoin de l’électricité produite ailleurs en Europe et en particulier en Allemagne», a annoncé le Président. «Nous allons finaliser les connexions gazières pour pouvoir livrer du gaz à l’Allemagne (…) s’il y avait un besoin de solidarité». En retour, Berlin «se mettra en situation de produire davantage d’électricité et de nous en apporter dans les situations de pic».

Paris «favorable» au plafonnement du prix du gaz russe et à des achats «groupés» du gaz en Europe

Le président de la République s’est dit ce lundi «favorable à des pratiques d’achat commun du gaz» en Europe, pour acheter «moins cher», ainsi qu’au plafonnement du prix du gaz russe livré par gazoduc. «Nous sommes favorables à des pratiques d’achat commun du gaz (…) ceci permettrait à l’Europe en achetant groupé d’acheter moins cher», a-t-il assuré. «Si la Commission venait à décider de mettre un plafond au prix du gaz acheté à travers les gazoducs à la Russie, la France soutiendra une telle mesure», a-t-il ajouté.

La France favorable à un «mécanisme de contribution européenne»

Le chef de l’État est également intervenu sur une éventuelle réforme du marché de gros de l’électricité en Europe, se disant favorable à des mécanismes pour réduire les prix après les records historiques vus cet été. «Nous défendons un mécanisme de contribution européenne (…), qui serait demandée donc aux opérateurs énergétiques», a déclaré Emmanuel Macron, alors que la Commission européenne prépare son propre plan de réforme. «Cette contribution pourrait ensuite être reversée aux États pour financer leurs mesures nationales ciblées», a-t-il expliqué, ajoutant qu’il souhaitait également des «mesures de lutte contre les pratiques spéculatives». Et plutôt qu’une taxe nationale sur les superprofits, la France soutient donc un mécanisme non fiscal et harmonisé au niveau européen, qui permettrait de récupérer une partie des bénéfices engrangés par des producteurs d’électricité qui produisent une électricité à bas coût mais revendue à des prix records.
Patricia MAILLÉ-CAIRE

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A propos des mesures prises

«Le premier élément, c’était stocker. Stocker le gaz, puisqu’il peut se stocker pour, à la fois, être consommé par les ménages ou pouvoir produire de l’électricité. Nous nous étions donnés des objectifs européens et français. L’objectif de 80 % que nous nous étions donnés en Européens est en train d’être atteint», explique le Président. A cet égard, précise-t-il: «L’Europe est en avance de quelques semaines sur les objectifs qu’elle s’était donnés, ce qui a montré une mobilisation de tous les pays. En France, nous sommes autour de 92-93 % de stockage par rapport à nos capacités. Là aussi, nous sommes en avance sur les objectifs que nous nous étions donnés, ce qui veut dire qu’on a tous réussi à se mobiliser, à consommer un peu moins que prévu durant les dernières semaines et surtout, à mobiliser des capacités pour stocker et préparer l’hiver». Le chef de l’État résume : «Pour faire face à ces difficultés de court terme, il y a le stockage ; il y a ensuite sauver l’énergie et ce plan de sobriété, en jouant sur la responsabilité de chacun là où il est, des particuliers comme des secteurs économiques, du secteur tertiaire et des administrations publiques.»
P.M-C.)]

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