Débats. Changement climatique: ‘En quête de demain’ avec Sparknews au Club Pernod Ricard de Marseille

Publié le 30 juin 2022 à  10h49 - Dernière mise à  jour le 6 novembre 2022 à  17h52

C’est au club Pernod Ricard, sur la Canebière, que viennent de se tenir trois débats: une grande interview croisée sur les territoires face à l’adaptation au changement climatique, une table ronde sur les mobilités de demain, une table ronde sur les enjeux de santé et de bien-être. Une opération organisée par Sparknews dans le cadre de «En quête de demain».

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Face à l’ampleur des enjeux auxquels nous devons faire face, entre crise écologique, inégalités sociales et tensions démocratiques, il est plus que jamais urgent de regarder au-delà de ce qui nous divise pour mettre en lumière ce qui peut nous rassembler. Si les inévitables changements dans nos manières de produire, de consommer, d’habiter, de vivre ensemble ébranlent forcément nos certitudes et nos convictions personnelles, ils peuvent aussi nous unir autour de préoccupations partagées.

Au quotidien, des Françaises et des Français de tous bords et de tous horizons dépassent les clivages et travaillent déjà main dans la main pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux dans nos territoires. Des citoyens, des collectivités locales, des acteurs économiques s’engagent, expérimentent et mettent en place des solutions qui ensemble tracent un objectif commun : un monde de demain qui pourrait être plus en phase avec la nature, plus durable, plus juste et somme toute peut-être plus désirable.

Ainsi le 1er juin 2022, dans tous les kiosques de France, c’est quelque 51 titres de la presse régionale qui se sont associés à Sparknews pour cette deuxième édition du programme «En quête de demain». Ils ont publié simultanément un supplément de 16 pages pour mettre en lumière celles et ceux qui tentent de faire émerger le monde de demain. Des initiatives des territoires et des regards d’experts autour des thématiques suivantes : climat, santé, mobilité, inclusion, alimentation, agriculture, économie circulaire, énergie, biodiversité. lumière

Dans ce cadre le club Pernod Ricard de Marseille, la veille, avait accueilli une après-midi de débats sur ces thématiques. Marie Carrega, adjointe au secrétaire général de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc) et Julien Dossier, concepteur de la fresque de la Renaissance Écologique (dessinée par Johann Bertrand d’Hy en 2015) et l’auteur de «Renaissance Écologique, 24 chantiers pour le monde de demain» chez Actes Sud en 2019- ont échangé avec le journaliste Denis Cheissoux, France Inter. Marie Carrega explique que l’Onerc, créé par la loi du 19 février 2001, a pour missions principales de collecter et diffuser les informations sur les risques liés au réchauffement climatique, formuler des recommandations sur les mesures d’adaptation à envisager pour limiter les impacts du changement climatique et être en liaison avec le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Elle précise: «Il faut atténuer et s’adapter dans le même temps car on ne peut pas s’adapter à tout, il faut ouvrir les yeux et se préparer à la tempête».

«Le moment est venu de mettre en avant la fraternité»

Julien Dossier utilise l’humour et l’art pour alerter. L’humour? Il met en avant les photos des villages de Chaux et Bouilland. Précise: «La marche pour le climat qui devait relier ces deux communes a été annulée pour cause de canicule…». Il utilise l’art pour expliquer à quoi ressemble un monde qui a réussi à rester sous 1,5ºC, et comment pourrions-nous y parvenir ? Julien Dossier propose de relever un tel défi en adaptant l’Allégorie des Effets du Bon Gouvernement, une fresque peinte par Lorenzetti à Sienne en 1338. La version contemporaine qu’il a conçue (2010-2014) se décompose en 24 chantiers, et donne les clés de la Renaissance Écologique. Pour lui: «On doit partir de la protection du Vivant pour protéger le climat». Il ajoute: «On a longtemps mis en avant la liberté, le moment est venu de mettre en avant la fraternité qui nous permettra de nous connecter à d’autres espèces».

«La voiture représente 2/3 de l’ensemble des déplacements»

Il est ensuite question des mobilités de demain avec Audrey Gatian adjointe au maire de Marseille en charge des mobilités, Alain Jund,vice-président à l’Eurométropole de Strasbourg en charge des mobilités, transports, déplacements et politique cyclable et Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports. Un débat animé par Léo Purguette, le directeur de La Marseillaise. Aurélien Bigo rappelle que la voiture représente 2/3 de l’ensemble des déplacements, 2/3 des kilomètres parcourus ainsi que du temps passé en transport. Il explique: «Nous sommes passés d’une mobilité liée à la marche à pied, c’est à dire 4 à 5 km, à celle liée à la voiture qui accroît les distances parcourues, ce qui entraîne notamment un étalement urbain.» Il met en lien les impacts sociaux: «2/3 des gaz à effet de serre, c’est aussi la pollution de l’air, la pollution sonore sans oublier un développement de la sédentarité avec tous les effets négatifs que cela peut avoir sur la santé.»

«Les pires transformations sont celles qui sont subies»

Alain Jund souligne que Strasbourg et sa métropole ont fait des progrès: «53% des transports se faisaient en voiture dans l’agglomération dans les années 90, pour moins de 40% aujourd’hui». Mais, ajoute-t-il: «C’est encore loin d’une ville comme Utrecht où 40% des déplacements se font à vélo». Pour lui: «Il ne s’agit pas de se battre contre la voiture mais pour des espaces publics partagés. Il faut donner envie de ville, de vivre ensemble. Les pires transformations sont celles qui sont subies». Il signale enfin que la métropole de Strasbourg débloque 500 000 euros pour les transports afin de franchir un nouveau cap.

«Marseille est restée dans les années 80»

Audrey Gatian constate: «Marseille est restée dans les années 80 en matière de transport. Il fallait donc une impulsion. Dès notre élection nous sommes donc allés la chercher et nous l’avons obtenue avec le Marseille en grand sur les transports. Un milliard d’euros sont débloqués, 150M€ de subvention et 750M€ d’avance avec pour objectif de désenclaver les quartiers Nord». Elle considère: «C’est bien mais nous ne faisons que rattraper notre retard, il va falloir aller plus loin». Elle évoque à ce propos la Zone à Faible Émission. Ces zones, sont créées pour protéger les habitants des villes et métropoles où la pollution de l’air est importante. Dans le périmètre d’une ZFE-m, seuls les véhicules les moins polluants (en fonction de leur certificat Crit’Air) ont le droit d’y circuler. C’est la métropole qui fixe les périodes où la circulation est restreinte, les types de véhicules concernés (voitures, poids lourds, etc) ainsi que le niveau Crit’Air minimum pour pouvoir circuler. Audrey Gatian précise: «Elle touche des quartiers très populaires. Nos avons alerté les autorités, on ne peut pas interdire sans apporter de solutions, sans développer les transports en commun. On ne pourra pas dire aux gens restez chez vous».

La dernière table-ronde a pour objet la santé, animée par Stéphanie Germain, Ouest France, elle réunit Yannick Nadesan, adjoint au maire de Rennes, en charge de la santé, président du réseau français des Villes-Santé de l’OMS, Margot Souillot, responsable RH du Slip Français et Sandra Moatti, directrice de l’Ihédate, Institut de hautes études de développement et d’aménagement des territoires en Europe.

La santé c’est un état complet de bien-être

Sandra Moatti met l’accent sur la définition que l’OMS donne de la santé: «La santé c’est un état complet de bien être physique, mental et social». Comment mesurer la santé ? Sandra Moatti cite en premier lieu la durée de vie: «Elle continue de s’améliorer mais l’espérance de vie en bonne santé stagne depuis une quinzaine d’années». Et d’évoquer aussi les inégalités territoriales et sociales: «Il y a 13 ans d’écart en matière d’espérance de vie, entre les 5% les plus riches de la population et les 5% les plus pauvres».

Prestation de service environnemental

Yannick Nadesan évoque la production: «Les critères de concurrence libre et non faussée n’aident pas lorsque l’on s’inscrit dans une logique de production locale. Nous avons trouvé les solutions pour les marchés de fourniture alimentaire nous n’achetons pas de la nourriture mais de la prestation de service environnemental pour la protection de l’eau et de l’air». Il précise: «La question s’est posée de savoir si on ne travaillait qu’avec les agriculteurs bio, 3% de nos agriculteurs, ou si on travaillait avec tous. Nous avons décidé de travailler avec tous car si on veut du changement on ne peut pas se passer de 97% des personnes. La solution que nous avons trouvé est que l’on s’adresse à tous avec des critères d’entrée et d’évolution». Il insiste par ailleurs sur l’importance d’associer la population à travers un exemple: «Nous avons mis en place le défi alimentation positive. On a mis en place des animateurs, on travaille avec des familles à partir de leur pouvoir d’achat afin qu’elles mangent mieux au même prix. Il conclut en signalant que la collectivité travaille aussi avec le monde économique afin d’innover, de trouver des alternatives moins polluantes.

Margot Souillot, le Slip Français met en avant l’écoute portée aux attentes des 105 salariés avec des questionnaires tous les quinze jours. «Et tous les quinze jours nous revenons sur les remarques, positives comme négatives, les propositions, les attentes. Et nous répondons à tous, nous présentons les axes d’amélioration, avec un calendrier».
Michel CAIRE

[(Bruno Goimier: un engagement historique
Pour Bruno Goimier, directeur Communication et RSE Pernod Ricard France, «cette après-midi s’inscrit dans la poursuite du Congrès mondial de la nature et, plus largement, dans le cadre d’engagements historiques pour la nature, la biodiversité. Faut-il le rappeler, c’est en 1966 que Paul Ricard a créé l’institut océanographique qui porte son nom aux Embiez. Institut qui, aujourd’hui encore, poursuit son engagement pour la préservation de l’Océan». Rappelle encore: «Nous sommes des créateurs de convivialité ce qui, pour nous, ne rime pas avec excès et nous mettons tout en œuvre pour inscrire chaque étape de notre démarche durable et responsable, du terroir au comptoir. Alors, créateur de convivialité engagé, c’est tout naturellement que nous donnons la parole aux associations, aux personnes et que nous nous engageons pour la biodiversité ». il en vient aux relations avec Sparknews: «ils organisaient, dans les années 2010, l’opération convergence qui voyait de grands journaux internationaux donner des pages pour parler de solutions. Et là, Sparknews réitère l’opération mais au niveau national, avec la presse régionale».
M.C.)]

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