Des ambassadeurs en déplacement à Marseille avec Amélie de Montchalin pour impulser la coopération internationale

Publié le 3 septembre 2019 à  9h59 - Dernière mise à  jour le 29 novembre 2022 à  12h29

Le 30 août dernier, Amélie de Montchalin, secrétaire d’État aux Affaires européennes accompagnait une dizaine de diplomates pour un déplacement d’une journée, en Région Sud. L’objectif étant de permettre à ces derniers de nouer des partenariats entre les initiatives qu’ils ont observées localement et celles qu’ils connaissent dont le pays où ils officient.

Amélie de Montchalin secrétaire d’État aux Affaires européennes entourée de Michèle Ramis ambassadrice de France en Roumanie et de Christian Masset, ambassadeur de France en Italie (Photo Robert Poulain)
Amélie de Montchalin secrétaire d’État aux Affaires européennes entourée de Michèle Ramis ambassadrice de France en Roumanie et de Christian Masset, ambassadeur de France en Italie (Photo Robert Poulain)
Un programme intense pour les diplomates qui étaient, après Paris, à Marseille (Photo Robert Poulain)
Un programme intense pour les diplomates qui étaient, après Paris, à Marseille (Photo Robert Poulain)
Les ambassadeurs, cheville ouvrière d’une coopération nationale ? Amélie de Montchalin, secrétaire d’État aux Affaires européennes, tend à le penser. Et c’est bien pour cela qu’après la traditionnelle Conférence des Ambassadeurs, un rendez-vous annuel des diplomates organisé à Paris auprès du président Emmanuel Macron le 26 août dernier, c’est à Marseille, quatre jours plus tard, qu’ils se sont rendus. L’objectif, rappelé par la secrétaire d’État ? «Nouer des partenariats entre ce qu’ils découvrent en région et les pays dont ils sont l’hôte pour la France. Mais aussi, renforcer les contacts qui existent déjà». Par exemple, avec l’Italie, qui fait partie des grands investisseurs de la Région Sud. Il s’agit donc d’une «diplomatie d’influence». Par ailleurs, une ambassade, pour Amélie de Montchalin, c’est un «annuaire» pour tous ceux qui veulent venir en France, permettant de tirer une connaissance de «la France réelle». Ainsi ce déplacement consistait-il à «connecter le monde à nos régions pour que l’on trouve le bon contact». Dans cette optique, les nombreuses rencontres organisées ont permis à ces ambassadeurs de saisir toute l’ambition d’une Région qui se tourne vers la Méditerranée et vers l’Afrique. Elles les ont menés à Euroméditerranée, à Sophia Antipolis, à Iter ou encore, à l’Institut de recherche pour le développement (IRD), au Port de Marseille Fos, au campus de l’Agence Française de développement, à thecamp, à Aix-Marseille Université. Et enfin, au sein d’entreprises influentes de la région : la compagnie maritime CMA CGM, Airbus Helicopters, ou encore de nombreuses start-up innovantes, s’illustrant notamment dans le domaine des énergies renouvelables… Bref, le programme de la journée fut intense.

Soutenir les ambitions marseillaises en Méditerranée

Parmi les ambassadeurs, Christian Masset, établi en Italie, a livré le bilan de sa journée in situ. Un déplacement des plus naturels pour lui, puisque «l’Italie est le premier client et le premier fournisseur de la Région Sud». Ce voyage en cité phocéenne n’était donc sans doute pas une nouveauté, ce qui ne l’a pas empêché d’échanger avec les représentants de la Région et d’Aix Marseille Provence. L’occasion de voir « à quel point la Région et la métropole sont orientées vers la Méditerranée et l’Afrique, qui sont véritablement les moteurs de la croissance de demain». Car pour lui, la velléité de hub vers la rive Sud défendue par la métropole provençale n’est pas fantasmée. Avec l’Afrique, les «coopérations sont réelles», si l’on en juge des dynamiques impulsées par «Africalink pour les entrepreneurs, Emerging Valley pour les start-up, ou encore par l’ensemble des capacités intellectuelles qui sont sur Marseille, celles de Aix-Marseille Université, de l’IRD de l’Avitem… Donc Marseille et la Région Sud ont vraiment cette capacité de coopération, qu’il faut développer au maximum. Et naturellement, nous serons en soutien». Christian Masset a également conversé avec des membres des services de l’État, puisque chaque Préfecture est dotée d’un conseiller diplomatique, lequel fait le lien avec les ambassadeurs et ambassadrices. Il a enfin rencontré des membres de la société civile et du monde économique. Avec, là encore, une belle surprise à la clé, puisqu’il a noté chez ces entreprises, « leur capacité d’innovation et leur créativité extraordinaire». Ce dans la droite ligne de « la priorité qui est donnée pour la transition écologique».
son_copie_petit-382.jpgEntretien avec Christian Masset, ambassadeur de France en Italie
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
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Ambassadeur, un métier passion

Il n’a pas été le seul ambassadeur à avoir été favorablement impressionné par l’évolution connue en région Sud. Parmi ces derniers, une ambassadrice -elles étaient deux en visite dans ce groupe, Yasmine Gourdard, ambassadrice de France au Tadjikistan, et donc Michèle Ramis, ambassadrice de France en Roumanie. Cette dernière a été collégienne et lycéenne à Marseille au lycée Montgrand avant de poursuivre ses études de Droit à Aix-en-Provence. Elle a ensuite rejoint les bancs de sciences Po à Paris, et enfin réussi le concours du Quai d’Orsay. «J’avais envie de partir, envie d’ailleurs. A l’époque, Marseille n’était pas une ville développée comme maintenant. Elle avait à son actif moins d’horizons, moins de développement vers l’étranger. Or je voulais vivre une vie avec plus d’espace». Pour ce faire, quoi de plus naturel que de devenir ambassadrice. «C’est un métier passion… et exigeant. On ne vit pas une sinécure ! Il faut être sur le terrain. On connaît plein d’imprévus, rien n’est jamais écrit. Parallèlement, vous y rencontrez des gens extraordinaires de tous les milieux. La semaine dernière, je recevais une astrophysicienne et la prochaine, ce sera des grands musiciens français, des grands pianistes ». De quoi témoigner de la diversité des missions dont elle a la charge. « Je monte des projets culturels, je favorise la coopération nucléaire, les filières universitaires… C’est un métier où l’on peut être un acteur, apporter notre valeur ajoutée pour faire bouger les choses». Elle bénéficie par ailleurs d’une coopération policière de maintien de l’ordre, développée depuis 2009 dans 93 ambassades et plus de 150 pays. Coopération utile en Roumanie, «parce qu’effectivement il y a eu des manifestations», entre ce pays et la Gendarmerie française. Mais, souligne-t-elle, cela se passe «toujours dans le respect des standards de l’État de droit, le respect de la gestion des foules, des droits de la défense». Elle œuvre également dans la lutte contre la criminalité internationale. Il faut ainsi aider à «rechercher les criminels là où ils sont. Parfois il y a des réseaux qui agissent dans un pays A mais la tête de réseau est dans un pays B. Nous avons les moyens par nos policiers -j’en ai trois à l’ambassade- et nos magistrats de mettre en lien les autorités policières françaises et roumaines. Ceci pour retrouver les gens afin de les incarcérer et les juger en France». Michèle Ramis est également active à l’échelle européenne. «Nous sommes chargés de construire des alliances avec la Roumanie, un pays très pro-européen. Ceci pour nous permettre d’avoir, à Bruxelles, la voix de la Roumanie sur des projets qui nous intéressent. Par exemple, nous avons obtenu la directive sur le droit d’auteur que la France a beaucoup promue, grâce au soutien de différents pays que nous avions préalablement démarchés. Nous nous mobilisons aussi sur la réforme des travailleurs détachés, ou encore sur l’immigration. Nous essayons actuellement avec la France de construire un consensus pour gérer l’immigration de manière responsable, solidaire, respectueuse du droit au travers de nos partenaires européens. Puisque tout ne se décide pas à Bruxelles (pour mémoire, les directives européennes se votent à deux, par le Parlement européen qui représente les citoyens et par le Conseil européen qui représente les États élus par ces mêmes citoyens, NDLR). Ainsi dans les différentes capitales, nous agissons avec nos partenaires pour partager avec eux nos préoccupations et construire des partenariats».

Des diplomates invités à l’audace

Présente elle aussi pour nouer des coopérations entre la région Sud et la Roumanie, elle devrait, à coup sûr, pousser en ce sens. Car la Marseillaise qu’elle était du temps du secondaire a retrouvé une cité phocéenne bien changée, en bien. «J’ai ouvert les yeux sur une ville que je ne connaissais pas. Ce déplacement m’a fait redécouvrir ma ville, son potentiel économique et industriel. J’ai appris des choses sur le Port de Marseille que j’ignorais, parce que je n’ai pas eu à traiter ça quand j’étais étudiante … J’en retiens que la Région est extrêmement dynamique et porteuse de nos intérêts. Elle rayonne dans le monde entier ! Par exemple, il y a des relations maritimes entre le port de Costanza, en Roumanie, sur la mer noire, et Marseille. Ce parce que Renault Dacia construit des voitures en Roumanie et passe par Marseille pour les exporter. J’étais la seule Marseillaise du groupe et je me suis dit: « c’est vraiment bien ce que c’est devenu. » Je suis fière, on va impulser d’autres coopérations», lance-t-elle avec énergie, revenant par ailleurs sur tout le bénéfice généré par Marseille Provence capitale européenne de la culture 2013. «C’est une nouvelle image de la ville, une nouvelle attractivité. Maintenant vous avez les touristes qui viennent, cela a été fondamental dans le projet Euroméditerranée». Aller, comme la région Sud, dans le sens du dynamisme : c’est également ce qu’elle compte faire dans l’exercice de son métier. Et c’était surtout l’appel lancé par le président Macron, le 26 août dernier lors de la conférence parisienne des ambassadeurs. «Il nous a demandé d’être audacieux, de nous lancer. Ce qu’a fait le Président lors d’un G7 extrêmement réussi, puisqu’il a osé prendre des initiatives, il a élargi le G7 à d’autres acteurs, même si c’était en parallèle», observe Michèle Ramis, revenant sur la visite surprise du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, suivie d’effets visiblement positifs. «Ce G7 a changé la donne sur le dossier iranien, voire sur d’autres dossiers parce qu’il a pris le risque. Il nous a donc enjoint à faire de même et à sortir des sentiers battus, à parler à tout le monde» … Notamment aux personnes hostiles, afin de s’expliquer, de les convaincre et de jouer ainsi le rôle de «puissance d’équilibre. Nous avons la chance d’être un membre permanent du conseil de sécurité, d’être en Europe un pays qui compte. Servons-nous en pour faire valoir nos intérêts, ceux de nos concitoyens, pour faire avancer la paix, l’ambition climatique et les droits des femmes». Ce que fait Michèle Ramis elle-même, puisqu’elle prend aussi sa part dans la lutte contre les violences faites aux femmes et les inégalités professionnelles. Car au final, selon l’ambassadrice, il s’agit de «promouvoir notre modèle, nos valeurs et communiquer l’envie aux autres de nous suivre».
son_copie_petit-382.jpgEntretien avec Michèle Ramis, ambassadrice de France en Roumanie
(Photo Robert Poulain)
(Photo Robert Poulain)
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Rédaction Carole PAYRAU – Son Mireille BIANCIOTTO

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