Des prêtres et imams marseillais affichent leur inquiétude sur certains points du projet de loi sur le séparatisme

Publié le 18 mars 2021 à  22h14 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h31

Actuellement une nouvelle loi est en cours de discussion au Parlement. Elle vise à «conforter le respect des principes républicains». Elle est présentée avec l’objectif de lutter contre ce qui est qualifié de séparatisme et d’atteintes à la citoyenneté. Cet objectif est partagé par un groupe d’imams et de prêtres -qui comprend également une croyante musulmane et une croyante catholique- qui se réunit régulièrement, depuis plus de dix ans, à Marseille.

Des imams et des prêtres marseillais soulignent notre malaise devant un texte qui fait des citoyens croyants et pratiquants des citoyens à part (Photo D.R.)
Des imams et des prêtres marseillais soulignent notre malaise devant un texte qui fait des citoyens croyants et pratiquants des citoyens à part (Photo D.R.)

Le groupe note cependant: «par plusieurs de ses dispositions, ce projet de loi remet en question l’équilibre de fond instauré par la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État, ce que les modifications précédentes n’avaient jamais fait. Ce projet de loi fait passer d’une laïcité qui vise à protéger les libertés de conscience et de culte comme des libertés publiques à une laïcité de contrôle des cultes au nom de valeurs définies par l’État. Il nous semble que ce projet de loi vise surtout les fidèles de confession musulmane, même si ses conséquences affecteront les fidèles de toutes les confessions religieuses».

Nous voulons souligner notre malaise devant un texte qui fait des citoyens croyants et pratiquants des citoyens à part

Au-delà de dispositions précises jugées «problématiques», le groupe poursuit: «Nous voulons souligner notre malaise devant un texte qui fait des citoyens croyants et pratiquants des citoyens à part, à surveiller. À l’opposé, nous considérons qu’ils sont une ressource humaine et spirituelle pour la vie commune de notre pays. Nous nous interrogeons sur l’utilité réelle d’un tel dispositif puisqu’il existe déjà de nombreuses lois permettant de réprimer les propos et comportements haineux, racistes ou antirépublicains».

Les idées extrémistes se propagent le plus souvent par les réseaux sociaux, beaucoup plus que par les lieux de culte

D’autre part, constatent-ils: «Les idées extrémistes se propagent le plus souvent par les réseaux sociaux, beaucoup plus que par les lieux de culte. Par conséquent, la lutte difficile à mener doit viser les auteurs de ces propos et les réseaux qui les diffusent plus que les lieux de culte». Et de poursuivre: «Du fait de notre expérience, ici à Marseille, nous avons conscience de la complexité des situations auxquelles, pour notre part, nous essayons de faire face ensemble. C’est la raison pour laquelle nous tenons à exprimer ensemble notre inquiétude aux élus chargés d’examiner et de voter ce projet de loi. Nous souhaitons aussi transmettre notre point de vue à nos communautés respectives pour contribuer à une réflexion et un débat que nous appelons de nos vœux».
La rédaction

[(

les signataires:

Azzedine Aïnouche, Farid Bourouba, Salim Bouzred, Nassurdine Haïdari, Ahmed N’Dieguene, Mohsen Ngazou, Abdessalem Souiki, Madame Saïda Driouiche.
Pères Thierry Alfano, Jean-Louis Barrain, Philippe Barrucand, Martin Durin, Jean Lahondès, Jean-Pol Lejeune, Christophe Roucou.)]

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