Développement durable : un état des lieux de la région Sud qui impose un nouveau Schéma d’aménagement du territoire

Publié le 3 octobre 2018 à  11h04 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  19h00

Renaud Muselier présente le SRADDET faisant ainsi de Provence-Alpes-Côte d'Azur la première Région de France à le finaliser
Renaud Muselier présente le SRADDET faisant ainsi de Provence-Alpes-Côte d’Azur la première Région de France à le finaliser
Poignée de main entre Renaud Muselier et le préfet de Région, Pierre Dartout  (Photo Robert Poulain)
Poignée de main entre Renaud Muselier et le préfet de Région, Pierre Dartout (Photo Robert Poulain)
La région Provence-Alpes-Côte d’Azur est un territoire contrasté cumulant atouts majeurs et grandes faiblesses. Elle bénéficie de sa renommée, de secteurs dynamiques, de ses paysages et sa biodiversité d’une part, des atouts contrebalancés par un ralentissement démographique, les inégalités, une forte consommation foncière et de nombreux dysfonctionnements en matière de transports. Tel est le bilan sans concession du Schéma régional d’aménagement et de développement durable et d’égalité des territoires (SRADDET) que Renaud Muselier, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a présenté aux côtés de Pierre Dartout, le Préfet de région. Point question d’en rester au constat, le document avance: «Un nouveau modèle d’aménagement du territoire régional est nécessaire… Il s’agit de dessiner une trajectoire qui concilie croissance démographique, développement économique et accélération de la transition vers un modèle énergétique et d’aménagement plus vertueux. Dans ce cadre, la maîtrise de la consommation de l’espace, la lutte contre l’étalement urbain, qui passe par le renforcement du maillage du territoire et de ces centralités, fait figure d’enjeu-clé». Renaud Muselier prévient: «Cette stratégie sera désormais notre feuille de route régionale en matière d’aménagement car c’est l’avenir de nos territoires qui est en jeu». Pierre Dartout déclarera pour sa part: «L’État est d’accord avec le contenu de ce document qui a d’ailleurs été réalisé en collaboration avec les services de l’État. Il faut maintenant le mettre en œuvre dans les meilleures conditions possibles».

«Chacun doit pouvoir donner son point de vue et exprimer sa vision et en particulier la jeunesse»

Renaud Muselier précise en premier lieu que le vote de ce document ne sera en rien un frein à la discussion. «La consultation des Personnes Publiques Associées va pouvoir s’engager pour permettre d’exprimer d’éventuelles observations». En parallèle, seront à nouveau consultés : le Conseil économique, social et environnemental régional; l’autorité environnementale du Conseil général environnemental et de développement durable; les élus de la Conférence Territoriale de l’Action Publique. Au printemps prochain, une enquête publique sera organisée sur le territoire régional. «Elle sera encore l’occasion d’un grand débat», annonce le Président de région car, affirme-t-il: «Chacun doit pouvoir donner son point de vue et exprimer sa vision et en particulier la jeunesse qui est l’avenir de notre territoire. Lycéens et apprentis seront consultés et initiés à cet acte de la vie du citoyen qui consiste à s’exprimer et s’impliquer sur les sujets de la vie publique». «Notre stratégie, ajoute-t-il, sera complétée, modifiée et enrichie par tous ces échanges pour qu’à l’été 2019 le Préfet de région puisse nous faire ses observations et prendre un arrêté préfectoral. Nous disposerons alors du premier Schéma approuvé de France, preuve de l’implication de la Région à avoir toujours une COP d’avance». Il rappelle à ce propos que 20% du budget est dédié au développement durable «un effort qui sera porté à 30% du budget à la fin de ce mandat».

«S’agissant des déchets, la valorisation est à développer très fortement»

Le travail ne manque pas, le document constate dans son volet « le territoire transmis » que «la ressource en eau est soumise à de fortes pressions. Malgré l’importance des infrastructures et du patrimoine hydraulique, la vigilance est de mise».«Pour l’heure, poursuit-il, les énergies renouvelables ne représentent que 10% de la consommation énergétique régionale». Il est également signalé s’agissant des déchets que la valorisation est à développer très fortement. «Les enjeux sont en effet considérables dans une région où la production de déchets par habitant est supérieure à la moyenne nationale». « Le territoire vécu » offre un paysage tout aussi contrasté: «La région est confrontée à une baisse de son attractivité entraînant le ralentissement de sa croissance démographique. Entre 2009 et 2017, elle s’élevait ainsi à 0,4%, contre 0,8/0,9% en Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes ou Pays de Loire. Et l’Insee fait désormais des projections à 0,2%». Pour Renaud Muselier, il ne peut être question de se satisfaire de cette perspective: «Nous nous donnons pour objectif d’atteindre un taux moyen de croissance démographique de 0,4% à l’horizon 2050, axé de manière privilégiée sur la population active. Pour cela, nous ambitionnons aussi une hausse du taux d’emploi par rapport au taux actuel d’ici 2030, grâce à la mise en œuvre de notre Schéma de développement économique». Occasion pour lui de réitérer son opposition à la réforme de l’apprentissage. Il reprend: «En activant les leviers du logement, des services, des équipements, de la formation… nous visons à améliorer la qualité de la vie, réduire les inégalités et améliorer la cohésion sociale». Là encore l’enjeu est d’importance comme le signale l’état des lieux: «La région est marquée par de fortes inégalités: c’est la troisième région métropolitaine la plus touchée par la pauvreté; la seconde pour ce qui concerne les écarts de revenus, après l’Ile-de-France et avec la Corse». Et, en matière d’habitat, la situation est plus rosse que rose: «La multiplication des résidences secondaires accentue la tension- un taux presque deux fois plus élevé que la moyenne française- et des taux de 50 à 75% sur une portion du littoral» tandis que «la qualité dégradée d’une partie du parc de logements pose question et le parc de logements anciens est trop énergivore». Et les transports, rien de paradisiaque: «L’échelle des déplacements quotidiens est marquée par la prépondérance de l’usage de la voiture individuelle. Des temps de trajets de plus en plus longs-25,2 minutes en moyenne pour les déplacements domicile-travail. 7 millions de déplacements par jour concentrés pour les 2/3 autour des grands pôles urbains. Un réseau ferroviaire saturé; 2,5km de voie ferrée pour 10 000 habitants soit le plus petit linéaire de voie ferrée par habitant en France». Pour Renaud Muselier: «Les défis sont énormes mais ce sont autant d’opportunités». Et de noter: «Il faut permettre à chacun de se loger. Pour cela nous nous fixons comme objectif la production d’environ 30 000 logements par an à l’horizon 2030 en cohérence avec la stratégie urbaine, c’est à dire construits principalement dans les centralités. De plus, la stratégie régionale engage à consacrer 50% de la production totale à une offre de logements abordables à destination des jeunes et des actifs». Il évoque dans ce cadre que «la reconquête des centres-villes est un enjeu prioritaire».

«La région vise à un report modal de la voiture vers d’autres modes plus collectifs et durables de 15% à l’horizon 2030»

Sur les transports la Région vise à un report modal de la voiture vers d’autres modes plus collectifs et durables de 15% à l’horizon 2030. Pour y parvenir six leviers ont été identifiés: la réalisation de la Ligne Nouvelle Provence-Côte d’Azur; le déploiement d’une offre de transports en commun adaptée aux territoires à l’horizon 2025; l’aménagement de pôles d’échanges multimodaux performants; un meilleur accès des usagers à l’information et une simplification de la tarification; la création de voies dédiées aux transports en commun et au covoiturage sur les axes autoroutiers, le développement des sites propres en milieu urbain et la mise en place de réseaux à haut niveau de service; le soutien au développement des modes de transports propres. Renaud Muselier précise également : «Nous nous battons pour que les Alpes ne soient pas oubliées». Et de conclure son propos: «Nous devons protéger la région ce qui ne veut pas dire la sanctuariser. Nous devons la protéger pour lui permettre de se développer durablement». Le Préfet de région, après avoir exprimé son accord avec ce document, met en exergue des erreurs à éviter. «La première concerne le fait d’opposer les territoires, c’est un jeu dans lequel notre pays a trop souvent tendance à plonger. Il faut au contraire voir les problèmes distincts de chacun et y apporter des solutions sachant que tous les territoires sont complémentaires». Il juge à ce propos que des problèmes de desserte se posent pour Digne et Arles et qu’il faudra y remédier. Il note à ce propos: «Les transports représentent un enjeu considérable.» La Région avance notamment que «le développement des transports en commun représente une priorité, cela doit l’être pour nous tous. Il faut que les transports soient économes en énergie et ne produisent pas de CO2.» Souligne le travail sur l’hydrogène, «c’est un chantier important, il est important que cette région se positionne en tête sur ce mode de transport». Puis d’alerter à propos de la dynamique touristique: «Le prix du foncier augmente de façon très significative, attention à la raréfaction foncière». Il en vient aux terrains agricoles à protéger tout en construisant: «La réponse n’est pas simple, il faut plus de densification, reconquérir le centre des villes de toute taille». L’État est d’accord sur le fond tant du constat que des projet, le sera-t-il sur les fonds?
Michel CAIRE

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