Dossier sur l’eau. Un procédé encore minoritaire en France (10/10)

Publié le 1 juin 2021 à  10h00 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  18h01

Avec le projet READ’APT, la Société du canal de Provence se penche sur la Réutilisation des eaux usées (REUT) comme solution d’appoint pour les territoires agricoles provençaux. La Réutilisation des eaux usées traitées (REUT), pratique largement répandue dans le monde mais encore minoritaire en France, est souvent considérée comme une solution à étudier pour les territoires où la ressource en eau est sous tension. La réglementation, en France comme récemment au niveau européen, est en place.

La Société du canal de Provence veut développer la Réutilisation des eaux usées traitées dans les territoires déficitaires en eau.
La Société du canal de Provence veut développer la Réutilisation des eaux usées traitées dans les territoires déficitaires en eau.

La Société du canal de Provence (SCP), a développé une expertise rare sur le sujet depuis les années 1980, et a souhaité évaluer sa complémentarité pour l’irrigation en Provence avec les ressources conventionnelles du transfert Durance / Verdon.

Développer la réutilisation des eaux usées traitées

Le projet READ’APT, Réutiliser l’eau en agriculture dans une approche de projet de territoire, co-financé par l’Agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse a démarré en 2017, et en cours de finalisation. Il est essentiellement focalisé sur les deux bassins versants du HautCalavon et du Largue, au cœur du Parc naturel régional du Luberon. Les partenaires sont la SCP, pilote du projet, la Communauté de communes du Pays d’Apt en Luberon (CCPAL), l’Inrae, Aix-Marseille université (AMU), la chambre d’agriculture des Alpes-de-Haute-Provence et le bureau d’études Ecofilae.

Les aspects agronomiques, sanitaires et socio-économiques de la REUT ont été étudiés, à travers notamment une analyse coûts bénéfices, une expérimentation au champ (à St-Martin-de-Castillon en Vaucluse) et un travail de thèse sur l’acceptabilité sociale avec l’Inrae et AMU.

Il ressort que les projets de petite taille sont coûteux, avec des frais fixes importants, sur le traitement complémentaire et sur le stockage, composante du projet souvent indispensable pour atteindre la surface irrigable souhaitable. Les coûts liés aux analyses de qualité d’eau obligatoires pèsent également.

Sur le plan agronomique, aucune différence significative n’a pu être détectée lors des trois années de test à St-Martin-de-Castillon, sur orge, blé dur et potimarron.

Une alternative aux multiples avantages

Sur le plan sanitaire, on constate une rapide disparition des germes témoins de contamination fécale sur le terrain, du fait des conditions naturelles (rayons UV solaires, écosystème microbien en place) ; compte-tenu des délais entre la dernière irrigation et la récolte, les produits ne posent aucun problème sanitaire.

Enfin, parmi les principaux enseignements concernant les aspects sociaux, il ressort que les parties prenantes comme la population sont prêtes à intégrer la REUT comme une composante à part entière de la gestion des ressources en eau, moyennant quelques points de vigilance particuliers. La mise en place des démarches participatives autour des projets semble nécessaire. Un quatrième volet est en cours, qui vise à reproduire la même approche de faisabilité à d’autres bassins versants ruraux de la Région, avec les chambres d’agriculture.

Option séduisante sur le papier, la REUT ne pose plus vraiment de réels problèmes techniques, réglementaires ou sociaux. Pour être adoptée comme solution, elle doit s’inscrire finement dans un contexte agricole et hydraulique local, et répondre à ses enjeux.

L’Espace Alpin

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A propos

Dans le cadre du volet 4 du projet READ’APT de démultiplication de l’action expérimentale de réutilisation de l’eau en agriculture, la chambre d’agriculture 04 (CA 04) a proposé de travailler sur le bassin versant du Jabron avec la STEP de St Vincent-surJabron et le bassin de l’Asse avec les STEP de St-Julien-d’Asse, Bras d’Asse et Brunet. Après une 1 ère phase de diagnostic territorial au printemps (une 1 ère visite a eu lieu à St-Vincent-sur-Jabron), la CA 04 et les partenaires du projet travailleront sur des propositions et des analyses croisées de scenarii avant une validation finale par les collectivités et agriculteurs en fin d’année.)]

[(L’Espace Alpin est le journal agricole et rural des Alpes-de-Haute-Provence et des Hautes-Alpes. Ce journal bimensuel est disponible sur abonnement sur lespace-alpinune_390_destimed-14.jpg)]

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