Économie au Pavillon M

Publié le 14 mars 2013 à  10h00 - Dernière mise à  jour le 10 août 2023 à  10h40

Les relations entre Marseille et Shanghaï au beau fixe

shanghaï by night ( PHOTO D.R.)
shanghaï by night ( PHOTO D.R.)

A l’occasion du 25e anniversaire du jumelage Marseille-Shanghaï, les 2 villes portuaires ont réactualisé leur partenariat pour la période 2012-2014 au mois de décembre dernier. Didier Parakian, adjoint au maire délégué à l’exportation des entreprises marseillaise a dressé ce 13 mars, en présence de membres du monde de la culture et de l’économie, le bilan de ce voyage. Pour en mesurer l’importance, il suffit de savoir que la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) Marseille Provence chiffre à 25 millions d’euros les retombées de deux précédents voyages effectués en 2005 et en 2010.
Parfum, vin, gastronomie, mode, art et savoir, mais aussi le port, les grands projets immobiliers et la programmation de MP2013 : ce sont près de 40 institutions et entreprises marseillaises et provençales qui ont présenté aux investisseurs shanghaïens leur création et leur savoir-faire, non sans résultat comme le prouverons les différentes interventions.
Isabelle Spagnolo, directrice commerciale H99, groupe Constructa, indique : « nous n’avons pas vendu un appartement mais nous avons pu appréhender le comportement de la clientèle chinoise et, voilà peu, nous avons appris que nous allions accueillir une foncière chinoise qui vient pour investir en France ».
Adeline Granerau, fondation Regards de Provence avance : « Nous avons rencontré, entre autres, le musée des beaux arts, avec dans l’idée, peut-être, l’organisation d’une exposition en 2014 ».

Jean-André Charial présente le Comité Mistral, du voyage en Chine, il rassemble des entreprises de Paca qui entendent assurer ainsi la promotion de leur image et de leurs produits en France et à l’étranger. Son objectif est d’incarner le goût français et de porter les valeurs qui lui sont spécifiques. Parmi ses membres, la verrerie de Biot qui estime : « En Chine, il faut avoir des entrées à la fois dans le secteur des affaires et dans le monde institutionnel. Sans la ville de Marseille, la CCI, nous n’aurions pas eu accès à cette sphère institutionnelle. Ce premier point posé, nous savons très bien que la verrerie de Biot est copiée depuis 20 ans en Chine. C’est pour nous une raison supplémentaire de nous rendre dans ce pays où de nouveaux marchés s’ouvrent, où l’attrait pour le savoir-faire occidental est bien réel ».
Contrefaçon, risques de saut dans l’inconnu, Maître Jean-Paul Decorps, notaire, a été de tous les voyages en Chine, il note : « Le premier a été celui de la prise de contact, le deuxième a permis de renforcer les relations, le troisième celui de la concrétisation de contrats et, pour nous, juristes, un moment merveilleux avec ces jeunes chefs d’entreprise chinois qui posent les bonnes questions. De grandes entreprises françaises ont subi des désillusions. On ne peut pas créer d’entreprise sans créer un siège, on ne peut en créer un sans sécurité, les notaires sont les juristes de la sécurité ». Et de rappeler cette donnée d’importance, le droit français est le modèle chinois en matière notariale « or, lorsque l’on pratique le même droit c’est comme lorsque l’on pratique la même langue ».

Geneviève Maillet, elle, est avocate, elle a facilité le rapprochement entre Weichai et les moteurs Baudoin : « Mon premier contact avec la Chine a été une rencontre avec un artiste, exposé à Marseille, nul ne pouvait imaginer que ce serait un trait-d’union avec le monde économique ». Elle ajoute : « Shanghaï est une grande porte mais si on n’a pas les bonnes clés, on ne va pas loin. Avec les voyages de 2005 et 2010 nous avons su les trouver et, en 2012, nous sommes montés dans les étages, c’est à dire les villes qui entourent Shangaï. En Chine, il faut être à la bonne place avec les gens qu’il faut ».
La Chine n’est pas réservée qu’aux grandes entreprises, même des start-up peuvent s’y intéresser, c’est le cas de la société Mondokiddo, présidée par Stéphanie Simpson, qui a créé un logiciel qui entend donner envie aux enfants d’apprendre les langues vivantes étrangères par des jeux culturels en ligne et des échanges ; leur permettre de découvrir les cultures du monde, faire naître des notions de tolérance et d’ouverture aux autres. « Nous avons deux écoles françaises en Chine qui utilisent notre dispositif. Après, nous savons que la Chine c’est long ».

Eric Fabre, parfumerie Fragonard, après avoir annoncé une implantation prochaine à Marseille, raconte sa présence sur le marché chinois, et la venue de ces derniers en France. « Un marché qui connaît une forte croissance, un million de Chinois viennent dans notre pays, le chiffre a doublé en trois ans et va encore doubler d’ici peu ».
« Une semaine de Shanghaï sera organisée en septembre, conclut Didier Parakian, et nous envisageons de monter un événement là-bas et un ici en 2014 à l’occasion du cinquantième anniversaire des relations diplomatiques franco-chinoises ».

Luc CONDAMINE

Château Calissanne : un voyage qui n’a pas été vin
Sophie Kesler-Matière s’est rendue à Shangaï en 2010, un premier voyage dans un pays qui découvre le vin. Des contacts sont pris, mais Sophie Kesler-Matière se demande alors s’ils seront suivi d’effets, comment elle pourra concrétiser ces potentialités ? Deux ans plus tard, et après un nouveau voyage, elle raconte : « Des experts chinois sont venus nous voir quatre fois, quatre fois ils ont goûté les mêmes vins. Et avec le deuxième voyage, nous avons concrétisé des contrats et ouvert de nouvelles perspectives. Nous avons, en effet, rencontré Zu, un peintre amoureux de Marseille qui est depuis venu à Calissanne et qui a accepté d’utiliser nos bouteilles comme support à sa peinture ».
A propos de la Chine et le vin elle note : « Nous avons là des gens qui connaissent le vin, qui ont suivi des cours d’œnologie en France, qui sont extrêmement soucieux de la qualité du produit, de sa traçabilité. Et puis, notamment à Shangaï, ils savent où est Marseille, dans le Sud et ils ont le même caractère ouvert, souriant, gourmand de découvrir de nouvelles saveurs ». Pour le moment, c’est surtout le rouge qui attire les Chinois, un vin qu’ils savourent aussi bien à l’apéritif que lors du repas, mais le rosé de Calissanne commence à pénétrer Shanghaï.
Ainsi, un nouveau chapitre de ce domaine rare est en train de s’écrire.

En 2001, Philippe Kessler acquiert le « Château Calissanne », un lieu chargé d’histoire et décide de restructurer le vignoble et les oliviers, d’agrandir et de moderniser la cave de vinification et les chais de vieillissement afin d’améliorer la qualité des vins. Aujourd’hui, la famille Kessler poursuit le travail entrepris par Philippe Kessler. Son épouse Sophie Kessler-Matière continue la mise en valeur des deux vignobles, le Château Calissanne en A.O.C Côteaux d’Aix-en-Provence avec le fameux Clos Victoire et en A.O.C. Châteauneuf-du-Pape avec ses deux cuvées, La Clef de St Thomas et Pierre Troupel (Domaine des Relagnes). Au cœur des 1 000 hectares du domaine, les 100 hectares de vignes en A.O.C. Coteaux d’Aix-en-Provence, et les 50 hectares d’oliviers, forment une aire culturale d’un seul tenant, exposée au sud. Le terroir est constitué de sols bruns, caillouteux et filtrants, sur colluvions calcaires urgoniens, très bien adaptés à la culture de la vigne et de l’olivier. Plantés sur des coteaux pierreux en pente douce et sur vingt-cinq parcelles, onze cépages participent à l’élaboration des vins de Calissanne, parmi lesquels : Syrah, Cabernet Sauvignon, Mourvèdre, Grenache, et Cinsault pour les vins rouges et rosés ; Rolle, Clairette, Ugni et Sémillon pour les vins blancs.

La vigne est cultivée avec soin en recherchant de faibles rendements. Au Château Calissanne, la production annuelle se répartit majoritairement en vin rosé, puis rouge et blanc. La maîtrise totale du froid depuis la réception de la vendange jusqu’à l’expédition des vins ainsi que l’acquisition de nouveaux équipements de pressurage font de cette cave un outil performant. D’une capacité de 250 fûts, le chai d’élevage, entièrement climatisé, abrite les cuvées « Clos Victoire » et « Rocher Rouge » élevées jusqu’à 16 mois en fûts de 225 et 400 litres et demi-muids de 600 litres. La mise en bouteille est intégralement effectuée au Château. Jean Bonnet, directeur d’exploitation depuis plus de 20 ans, élabore avec soins les vins des deux propriétés, Château Calissanne et Domaine des Relagnes.

L.C

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