Élection présidentielle. Tribune du Pr. Hagay Sobol: Casser nos rêves ?

Publié le 19 avril 2022 à  18h55 - Dernière mise à  jour le 23 décembre 2022 à  16h05

La guerre en Ukraine nous a rappelé à quel point la paix était fragile et précieuse. Un bien que nous croyions acquis depuis des dizaines d’années en Europe pourrait se décliner au passé, demain en France, comme aujourd’hui à l’Est.

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Il en va de même pour la démocratie et la liberté d’expression qui ne sont pas l’apanage des extrêmes. Pourtant, plus de la moitié des Français a voté pour eux. Un vote de rejet nous dit-on. Soit ! Mais qu’en sera-t-il au second tour, un retour à la raison ? Il faut l’espérer mais rien n’est moins sûr !

Ainsi, certains tenants de cette France qui se dit insoumise ne voteront pas pour le seul candidat républicain restant. Comme le Gribouille des contes de notre enfance, ils sont résolus à se jeter à l’eau pour éviter les gouttes de pluie. A moins qu’il ne s’agisse d’un dangereux calcul politique. Ils s’imagineraient gagner les législatives après l’effroi causé par l’arrivée au pouvoir d’une partisane de Poutine et dont le mouvement est soupçonné d’emplois fictifs.

D’autres, affirmant que les partis traditionnels n’ont pas répondu à leurs attentes, sont prêts à franchir le Rubicon, à l’image de cette électrice s’exprimant au journal TV de 20 heures : « On a tout essayé, alors pourquoi ne pas tenter l’expérience !» Comme si ce vote n’engageait pas vraiment l’avenir et que l’on pouvait faire machine arrière à tout instant si cela ne convenait pas.

Malheureusement, l’Histoire, même récente, nous apprend que lorsque l’on porte au pouvoir un démagogue, il ne le rend pas facilement. C’est ce qui s’est passé au Venezuela. Par leur désunion et leurs plans à court terme, les démocrates ont offert le pouvoir à Chavez et ses héritiers qui ont transformé un pays riche en nation de misère. Est-ce l’avenir que nous souhaitons à la France et aux Français ?

La question n’est pas de savoir si on aime l’homme Macron ou s’il traduit intégralement nos positions. L’essentiel est de porter un regard lucide, d’aller au-delà des petites phrases qui ont pu choquer pour déterminer au mieux son choix.

Comme en son temps Valéry Giscard d’Estaing, il a surtout été reproché au Président-candidat les conséquences de la situation internationale. Pour VGE, il s’agissait du premier choc pétrolier, pour le second, il a dû gérer une pandémie et le premier conflit interétatique européen depuis la seconde guerre mondiale. En comparant avec le reste de la planète, la France ne s’en est pas trop mal sorti. Nous avons préservé des vies, des emplois et tenté d’arrêter la folie meurtrière qui s’abat aujourd’hui chez nos voisins et qui peut nous menacer prochainement.

Il est facile de promettre monts et merveilles et de critiquer quand on est dans l’opposition. Mais dès l’accession au pouvoir on est confronté au principe de réalité. En la matière, la « fille de son père » n’a pas attendu le débat du second tour pour déjà revenir sur ses promesses de campagne en rétropédalant par exemple sur l’interdiction du port du voile.

Le président de la République ne fait pas un concours de popularité. Il ne doit pas naviguer au gré des sondages mais tenir fermement la barre en répondant aux aspirations de la majorité et préparer l’avenir malgré les contraintes qui par définition s’imposent à nous. Il doit en conséquence tenir un discours de vérité construit sur la réalité. Même une vérité que l’on voudrait ne pas entendre. Comme un bon consensus ne satisfera jamais intégralement les aspirations des différentes parties, le Chef de l’État cristallisera sur sa personne tous les reproches. Ce n’est plus un citoyen ordinaire, c’est un symbole !

Je ne m’adresse pas à ceux qui sont convaincus par une idéologie héritière des partis qui ont fait honte à l’Histoire de notre pays. Ils sont le passé et non l’avenir.

Je m’adresse à l’immense majorité des Français, aux membres de ce peuple à l’indépendance farouche qui ne courbera jamais l’échine devant la tyrannie. Et tout particulièrement aux indécis et à ceux qui pourraient être tentés par des promesses électoralistes. Votre choix déterminera notre futur. Même si vous n’avez pas voté pour Emmanuel Macron, au premier tour, la démocratie n’est pas un jouet avec lequel on pourrait jouer parce que votre candidat préféré n’a pas franchi le second tour.

Aussi, ne vous abstenez pas et ne votez pas blanc. Car contrairement à ce que vous pouvez penser, ce ne sera ni une attitude antisystème, ni « un détail de l’histoire » mais un bulletin en faveur de l’exclusion, et de la régression. Et les plus précaires en seront les premières victimes.

Pour que le rêve de ceux qui nous ont précédés, d’une France libre, démocratique et forte, soit encore une réalité demain, je ne m’abstiendrai pas. Je ne voterai ni blanc, ni nul.

Je voterai au second tour pour le seul candidat républicain, Emmanuel Macron.

[(Hagay Sobol, Professeur de Médecine est également spécialiste du Moyen-Orient et des questions de terrorisme. A ce titre, il a été auditionné par la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les individus et les filières djihadistes. Ancien élu PS et secrétaire fédéral chargé des coopérations en Méditerranée, il est vice-président du Think tank « Le Mouvement ». Président d’honneur du Centre Culturel Edmond Fleg de Marseille, il milite pour le dialogue interculturel depuis de nombreuses années à travers le collectif « Tous Enfants d’Abraham ». ))]

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