Élections à Marseille : le centre Fleg accueille le seul débat des municipales portant sur la vie associative

Publié le 28 mars 2014 à  13h04 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h43

Débat au centre Fleg autour de la vie associative entre Laure-Agnès Caradec et Annie Levy-Mozicconacci (Photo Philippe Maillé)
Débat au centre Fleg autour de la vie associative entre Laure-Agnès Caradec et Annie Levy-Mozicconacci (Photo Philippe Maillé)
C’est au centre Fleg qu’il revient d’avoir posé la question de la vie associative dans ces élections municipales à Marseille. Il a, en effet, organisé un débat entre Laure-Agnès Caradec, pour les listes conduites par Jean-Claude Gaudin et Annie Levy-Mozicconacci pour celles de Patrick Mennucci. Un débat qui a permis de mettre en évidence l’importance du monde associatif, tant au plan national qu’au niveau de la cité phocéenne. Ce débat aura été finalement le seul de la campagne à Marseille et il aura été empli de dignité.
Hagay Sobol, le président du centre Fleg ouvre le débat en expliquant que, candidat aux élections, il ne prendra pas la parole, avant de céder le micro à Martine Yana, la directrice du centre. Elle dresse un tableau particulièrement fouillé du tissu associatif. Elle indique que le monde associatif c’est aujourd’hui plus de 14 millions de bénévoles en France qui œuvrent dans 1,1 million d’associations. Et 1 personne sur 2 utilise les services d’une association. Ce monde associatif représente l’équivalent d’un million d’emplois temps plein. Sur Marseille, les associations représentent 3 200 emplois. C’est dire si, outre leur importance en matière de lien social, si important en ces temps de crise, elles ont aussi un poids certain sur le plan économique.

« Des associations remplissent des missions de service public, que faire pour les soutenir? »

Carine Benarous, du centre Fleg, anime le débat. Elle pose la première question : «Des associations remplissent des missions de service public, que doivent faire l’Etat et les collectivités pour les soutenir?».
Laure-Agnès Caradec rappelle qu’une délégation spécifique aux associations a vu le jour en 1995 et qu’un bâtiment a été mis à la disposition de ces dernières : «750 associations sont hébergés et nous avons acheté un étage supplémentaire afin de donner plus d’espace au milieu associatif». Elle ajoute: «En 2013 le réseau associatif a été bouillonnant, l’année Capitale a pris fin mais le maire s’est engagé à ne pas réduire leur budget car la culture est un vecteur de lien social».
Annie Levy-Mozicconacci rappelle que son engagement politique fait suite à un engagement associatif important. Elle a ainsi notamment milité pendant plus de 15 ans dans une fédération de parents d’élèves. Elle s’inquiète de voir des collectifs se créer, mouvement éphémère, «il ne faudrait pas que ces mouvements prennent le pas sur les associations». Elle constate aussi qu’«obtenir des subventions est devenu un parcours du combattant». Elle se prononce à cet effet en faveur de la création «d’un dossier unique de demande de subventions pour la ville, le département, la région».
Laure-Agnès Caradec juge difficile de mettre en pratique cette proposition «car les prérogatives des collectivités sont différentes» mais, elle reconnaît : «Il faut réduire la partie administrative». Puis de répondre à la deuxième question concernant les moyens à mettre en œuvre pour que les associations ne meurent pas. C’est l’occasion pour l’élue UMP de lancer une première attaque : «La réforme des rythmes scolaires va mettre en difficulté un tissu associatif dense mais fragile».
Annie Levy-Mozicconacci avance : «Nous proposons d’organiser des conférences de consensus auxquelles participeront l’ensemble des collectivités qui accordent des subventions sur le territoire marseillais afin que les associations n’aient plus à s’épuiser à chercher des subventions. Il faut d’autre part, comme nous le faisons dans la recherche, où nous sommes confrontés aux mêmes problèmes, que les associations apprennent à travailler ensemble».

Culture : quid en 2014 ?

MP2013 a été abordée, Fleg revient sur le sujet en demandant quelle sera la suite pour 2014. Nouvelle pique de Laure-Agnès Caradec : «Le gouvernement veut réduire le budget de la culture. Nous, encore une fois, nous les maintiendrons et nous voulons créer des événements, entre autres, une biennale».
Annie Levy-Mozicconacci montre qu’elle sait aussi utiliser le fleuret moucheté : «En 19 ans de Jean-Claude Gaudin nous n’avions pas vu la ville aussi belle. L’année Capitale a montré que nous étions capables de sortir, de vibrer à l’unisson. Mais il a fallu attendre le 13 janvier 2013 pour voir cette Marseille que nous aimons». Puis de dénoncer le concert Guetta programmé au Parc Borély, de plaider pour que «les 400 associations, souvent de très haut niveau qui œuvrent dans la musique soient plus soutenues». Ajoutant: «Contrairement à l’actuelle majorité nous irons chercher des financements européens».
Laure-Agnès Caradec rétorque qu’elle déplore que le concert Guetta n’ait pu avoir lieu à Borély, et lance: «Nous avons eu 25 millions de mécénat pour l’année Capitale et cela n’est pas dû à une opération du Saint-Esprit. C’est la mairie qui a incité les grandes entreprises à se mobiliser».

« Se connaître permet de faire reculer les barrières »

Le centre Fleg rappelle ensuite l’action qu’il conduit avec des musulmans, des protestants, des catholiques, dans le cadre de « Tous enfants d’Abraham » : « Se connaître permet de faire reculer les barrières. Comment nous aider dans cette action ? ».
Laure-Agnès Caradec indique que Jean-Claude Gaudin souhaite créer un service civique municipal. «Nous allons ouvrir, sous une autre forme, un pavillon M, afin de le mettre à disposition de tous les acteurs qui tirent cette ville vers le haut».
Annie Levy-Mozicconacci avance pour sa part : «Nous avons un projet ambitieux pour Marseille. Trois heures par semaine seront consacrées à des rencontres, sur les origines, les cultures, on pourra faire des ateliers de partage des différences».

« La parole antisémite se libère »

La dernière question de Fleg est grave : «Un sentiment d’insécurité se renforce. La parole antisémite se libère. Que pouvez-vous faire pour apprendre aux enfants dès le primaire le respect des différences ? ».
Pour Laure-Agnès Caradec : «Il faut, face aux dérapages, de la fermeté. La Police et la Justice se doivent d’être intraitables. Après, les programmes éducatifs relèvent de l’État. Mais les associations peuvent venir en aide aux enseignants. Et comment ne pas noter le rôle de Marseille Espérance créée par Robert Vigouroux et toujours soutenu par Jean-Claude Gaudin ?». Elle conclut en annonçant: «Nous sommes favorables à la création d’un observatoire de la laïcité».
Annie Levy-Mozicconacci met en exergue l’association « Coexister » née d’un projet commun entre l’UEJF (Union des Étudiants Juifs de France) et SOS Racisme «pour faire barrage aux préjugés»
Michèle Teboul, la présidente du Conseil représentatif des institutions juives (CRIF), s’inquiète pour sa part : «J’ai ressenti de la part des collectivités une peur du repli identitaire. Et des collectivités en sont à demander de changer le nom d’associations, comme « le Panier de Chabat » par exemple, pour donner des subventions». Laure-Agnès Caradec, acquiesce : «Il est regrettable d’imposer de changer le nom d’associations. Il ne faut pas entrer dans ce jeu-là». Annie Levy-Mozicconacci va dans le même sens : «Je ne vois vraiment pas pourquoi il faudrait changer le nom de ces associations».
Michel CAIRE

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