Municipales à Marseille : Pape Diouf présente son programme qui entend « changer la donne »

Publié le 28 février 2014 à  11h25 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  17h18

Pape Diouf et l'écologiste Sophie Camard (co-présidente du groupe EELV à la Région Paca), ont présenté  ce jeudi  le programme de la liste « Pour changer la donne» (Photo Philippe Maillé)
Pape Diouf et l’écologiste Sophie Camard (co-présidente du groupe EELV à la Région Paca), ont présenté ce jeudi le programme de la liste « Pour changer la donne» (Photo Philippe Maillé)
Pape Diouf et l’écologiste Sophie Camard (co-présidente du groupe EELV à la Région Paca), ont présenté ce jeudi 27 février le programme de la liste « Pour changer la donne ». Un document marqué par quatre influences : citoyenne, métropolitaine, sociale et écologique. Pape Diouf précisant : « Si nous ne sommes rassemblés avec personne c’est que nous n’en avons pas eu envie. Maintenant, avec nos propositions, nous entendons sortir renforcés du premier tour pour peser sur les décisions. Sachant que personne ne peut dire aujourd’hui quel sera le score. Alors rien ne dit que ce ne sont pas ceux qui nous voient les rejoindre qui ne devront pas décider s’ils viennent avec nous ou non ».
Pape Diouf en vient au programme, à sa construction : « L’exercice imposé d’un programme suppose de partager un diagnostic, de collecter des propositions censées apporter des réponses à « ce qui ne va pas bien ». Je n’ai pas l’intention de tout réinventer d’autant que l’état des lieux de ce qui va et de ce qui ne va pas à Marseille et dans l’aire métropolitaine a fait l’objet au cours des derniers mois de multiples publications d’une grande richesse qui sont la base de ma réflexion». Et de signaler des rapports sur la métropole de l’Insee, de la Mission interministérielle, de l’OCDE, des Groupes d’Action Métropolitain, ainsi que celui de l’UPE 13, sans oublier le Pacte de Sécurité et de Cohésion Sociale ainsi que le livre de Philippe Sanmarco « L’Armée dans les cités ou changer de politique ». On le voit, pour faire sa religion Pape Diouf s’est nourri de nombreuses écritures auxquelles il rajoute les récents Rapports de la Chambre Régionale des Comptes. «Tout est dit dans ces divers documents. Le diagnostic est posé et je compte bien m’en inspirer»,assure-t-il.
Ajoutant : «Je n’ignore pas non plus les longues concertations avec les associations et les CIQ ni les riches débats qui ont abouti sur le Plan Local d’Urbanisme, ceux de l’Habitat, de Déplacement Urbain ou encore le Schéma de Cohérence et d’Orientation territoriale ». Et de s’en prendre pour l’occasion aux élus en place, de droite comme de gauche. « Au lieu de faire semblant de proposer des nouveautés dans ces domaines essentiels, certains feraient mieux dans leur programme de nous dire comment ils vont enfin appliquer et financer ce sur quoi ils se sont déjà engagés ».
Il indique enfin s’appuyer, en matière de sécurité sur le Pacte proposé par le Préfet en décembre. Et de conclure : «Affirmer ainsi ma référence à ces différents textes, c’est en même temps prendre mes distances avec une conception des programmes que je rejette, celle qui réduit le candidat à être un Père Noël qui propose des cadeaux tous plus beaux les uns que les autres qui font du citoyen un consommateur qui ferait son choix sur une sorte de catalogue ».

« Pour mener à bien des politiques au service des habitants, les élus disposent de moyens financiers non négligeables»

Sophie Camard en vient au programme dont elle a coordonné l’écriture avec Philippe Sanmarco et les contributions des candidats et des experts.
Elle explique en premier lieu : « Pour mener à bien des politiques au service des habitants, les élus disposent de moyens financiers non négligeables : 3,2 milliards d’euros par an répartis entre 1,4 milliard de la Ville pour l’éducation, le sport et la jeunesse, la culture, la solidarité, la santé, l’économie, l’urbanisme, l’environnement, la sécurité. 1,7 milliard de la Communauté urbaine pour les transports, la propreté-déchets, l’eau et l’assainissement, la planification urbaine, le développement économique. Sans ignorer la future métropole qui devrait apporter des moyens supplémentaires ».

« La démocratie participative et l’égalité d’accès aux services publics »

Le premier axe du programme concerne «la démocratie participative et l’égalité d’accès aux services publics. Elles sont autant un thème en soi qu’une démarche transversale qui irriguera nos propositions. Elles s’articulent à d’autres exigences comme celle de la transparence, la lutte contre le clientélisme et la corruption, une meilleure répartition et efficacité des services publics, une confiance rétablie du personnel municipal jusqu’aux élus ». La liste propose notamment, en matière d’accès aux services publics et aux logements sociaux : une cotation des demandes sur la base de critères objectifs et/ou un dossier anonyme et/ou à critères égaux, tirage au sort devant huissier pour départager les candidats. Pour les places en crèche, les réunions d’attribution deviendront des commissions, aux dates rendues publiques, comme le demande la Chambre Régionale des Comptes. Pour le logement social un guichet unique de tous les bailleurs sera mis en place. De plus, la liste propose un élargissement des horaires d’ouverture des services publics.
L’éducation est le 2e axe : «Il remonte du terrain le fait que les écoles sont délabrées, qu’il n’y a aucune préparation de la réforme des rythmes scolaires. Résultat cette ville connaît, en matière d’éducation, l’absentéisme, les décrochages scolaires et la fuite vers le privé. Face à cela il faut immédiatement débloquer 30 millions d’euros. Ainsi nous proposons que le premier Conseil municipal soit dédié à l’école. Nous nous prononçons également pour une maîtrise publique des cantines et une alimentation de qualité».

« Nous avons besoin de secteurs à forte valeur ajoutée et d’un tissu dynamique de petits entrepreneurs »

L’emploi est le troisième axe. «Le diagnostic est connu : on compte 80 000 demandeurs d’emplois dans cette ville. Cela s’explique par le manque d’emplois et d’investissements dans le secteur privé et un trop faible niveau de qualification. Le développement des transports au sein de la Métropole est aussi une condition nécessaire pour permettre l’accès aux bassins d’emploi d’Aix, Aubagne, Vitrolles-Marignane et au sein même de Marseille. Cependant la municipalité sortante a pour seul projet économique de développer le tourisme et le commerce. Ces emplois, par ailleurs utiles, ne suffisent pas en soi. Nous avons besoin de secteurs à forte valeur ajoutée et d’un tissu dynamique de petits entrepreneurs». Il est proposé de mettre en place un partenariat avec la Région et la Banque Publique d’Investissement afin d’aider au développement des entreprises, notamment dans des secteurs à fort potentiel de développement.
«Nous souhaitons également construire un pôle de l’économie sociale et solidaire et de créer une dynamique d’emploi autour de très petites entreprises». Une conférence annuelle de l’emploi se déroulera afin de suivre la réalisation des objectifs.
En ce qui concerne l’habitat, 4e axe, Sophie Camard parle «d’échec et d’urgence sociale. 215 000 Marseillais, soit plus d’une personne sur quatre, résident dans les 12 Zones Urbaines Sensibles, territoires prioritaires de la politique de la ville. Dans ces quartiers, un habitant sur trois vit sous le seuil de pauvreté, et le taux de chômage est le double de la moyenne nationale. La ZUS de Saint-Mauront est connue pour être le quartier le plus pauvre de France».

« 30 000 personnes attendent un logement social »

« Pour changer la donne », elle rappelle aussi : «L’échec et la paralysie politique de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine (ANRU) symbolisé par 210 millions d’euros de crédits non consommés. Pendant ce temps 30 000 personnes attendent un logement social ». Et cela, alors que « 4 000 logements sont vacants». Elle déplore: «des objectifs de logements sociaux insuffisants (2000 /an au périmètre MPM), le pire c’est qu’ils ne sont même pas réalisés». Enfin Sophie Camard met l’accent sur le fait que «Marseille compte 13 000 sans-abris et moins de 400 places d’accueil à l’Unité d’Hébergement d’Urgence de la Madrague ».
Pour l’architecte André Jolivet, tête de liste dans les 6/8 : «Il faut 25% de logements sociaux par arrondissement. Il faut expérimenter, innover, préempter si nécessaire».
La liste propose, en matière de fiscalité, de créer 5 à 7 classes de quartier pour ne plus augmenter la fiscalité de manière uniforme.
Concernant les transports, «ce poste doit être le premier de MPM. Un Rapprochement RTM / RDT 13 doit s’effectuer pour qu’un grand opérateur public voit le jour. Un Réseau express métropolitain pour relier Marseille, Aubagne, Aix, Vitrolles-Marignane, en y associant des Trams-Trains dans Marseille (utiliser les voies ferrées existantes et pas seulement la Gare St Charles) ainsi qu’un plan tramway…».
Le cadre de vie est le 6e axe. Il s’agit d’avoir «des approches transversales de l’environnement, de la santé, de la sécurité, pour une meilleure qualité de vie dans tous les quartiers». C’est dans ce chapitre que la liste annonce qu’elle se prononce en faveur de la fin du fini-parti.
On y trouve également la sécurité: «A la fin parce qu’elle résulte des autres politiques, avec des moyens spécifiques». Il est avancé qu’il faut bien situer les responsabilités, articuler les missions de police avec une approche globale ; apaiser la ville avec des lieux d’écoute et des ateliers de concertation (utilisation du fonds participatif prévu par l’État avec les Fédérations d’éducation populaire) ; protéger les mineurs de l’entrée en délinquance, et mettre en œuvre une répression stricte des incivilités ( y compris stationnement, propreté…).
La liste conduite par Pape Diouf souhaite elle aussi une police municipale renforcée mais décentralisée et affectée aux missions de prévention / dissuasion.
Le programme se conclut par un chapitre sur la mer car « habiter Marseille ne peut se penser sans la mer, au cœur de son mode de vie, de son histoire, de son identité».
Michel CAIRE

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