Elie Wiesel n’est plus, une lumière s’éteint

Publié le 3 juillet 2016 à  0h57 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h45

Elie Wiesel  (Photo extraite de son ouvrage
Elie Wiesel (Photo extraite de son ouvrage

Elie Wiesel n’est plus, avec lui, c’est une conscience lumineuse qui s’en va. Né le 30 septembre 1928 à Sighetu Marmației (Roumanie) l’écrivain et philosophe américain est issu d’une famille juive orthodoxe et hassidique hongroise et de langues française, hébraïque, yiddish et anglaise. Il consacre une partie de son œuvre à l’étude de la Shoah dont il est rescapé. Elie Wiesel a une enfance pauvre, mais heureuse, à Sighet, en Roumanie dans une région d’abord épargnée par la guerre. Mais, en mai 1944, à 15 ans, comme tous les Juifs de la zone hongroise de Transylvanie, il est déporté avec sa famille par les nazis à Auschwitz-Birkenau, puis Buchenwald. Il y perdra sa mère et une de ses trois sœurs. Les deux autres sœurs d’Elie Wiesel, Hilda et Bea, déportées elles aussi, ont survécu.
Libéré par les Américains en avril 1945, il arrive au Préventorium d’Écouis dans l’Eure et passe une dizaine d’années en France, à Paris, durant lesquelles il fait des études de philosophie à la Sorbonne. Apatride, il écrit pour le quotidien israélien Yediot Aharonot, ce qui lui permet de parcourir le monde et de rencontrer d’importantes personnalités, des artistes, des philosophes, et des chefs d’État ; il se lie d’amitié avec François Mauriac (qui l’aidera à publier sa toute première œuvre, «La Nuit») et Golda Meir.
Dans «Coeur ouvert», il relate son opération du cœur, l’idée de la mort qui fait irruption, il pense à l’Ange dont la première question est : « As-tu été honnête dans tes relations avec autrui ?» suivi de «As-tu vraiment vécu dans l’attente du Messie». Il rappelle dans ce petit ouvage si personnel, si profond, le primat de l’éthique, de la vie, et c’est là bien ce qu’il faut retenir de lui : «Pour sauver la vie d’un être humain, quel qu’il soit, d’où qu’il vienne, un Juif a le droit de transgresser les lois les plus strictes de la Torah». Et puis, le devoir, celui de transmettre, la Shoah. Il écrit : « (…) Dans mon combat contre la haine, que je voulais inlassable, ai-je investi suffisamment de temps, d’énergie, pour dénoncer le fanatisme sous ses masques divers ? » Et de lancer : «Sans doute pas puisque, nous tous qui avons mené ce combat, devons admettre la défaite». Un devoir, une mission, qui le conduisit notamment au Camp des Milles. Il déclarait à ce propos : «c’est un lieu de mémoire et j’ai passé ma vie à célébrer la mémoire. Mais un musée seul ne suffit pas, il faut un lieu de transmission. Et il y a urgence… A l’époque du Camp, il y avait une telle haine. Aujourd’hui la haine a pris d’autres visages, mais c’est toujours la même haine (…). Il faut que ce soit maintenant un lieu de transmission. Il faut que chacun qui entre sorte changé, en tout cas sensibilisé (…). Je suis convaincu que le Camp des Milles sera un lieu important, très important pour les siècles à venir». Alain Chouraqui, le président-fondateur de la fondation du Camp des Milles – Mémoire et Éducation, n’a pas manqué de réagir à l’annonce du décès d’Elie Wiesel, d’exprimer «son émotion, sa tristesse, l »impression d’avoir perdu un repère, la personne qui personnifie la mémoire de la Shoah dans ce qu’elle a de plus douloureux».
Michel CAIRE

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