Présidentielle 2022. Emmanuel Macron en meeting à Marseille: ‘Ne sifflez pas l’extrême droite, battez-là le 24 avril !’

Publié le 16 avril 2022 à  23h38 - Dernière mise à  jour le 5 novembre 2022 à  12h05

«La politique que je mènerai pendant cinq ans sera écologique ou ne sera pas», lance Emmanuel Macron à Marseille, précisant «Ce n’est pas seulement une politique, c’est la politique des politiques.» Lors de son meeting à Marseille, ce samedi 16 avril, Emmanuel Macron a annoncé une série de mesures en faveur de l’environnement s’il était élu au second tour de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron en meeting à Marseille © Joël Barcy
Emmanuel Macron en meeting à Marseille © Joël Barcy
«Le 24 avril sera un référendum pour ou contre l’Europe, un référendum pour ou contre l’écologie, un référendum pour ou contre notre République. Le 24 avril peut être le point de départ d’une nouvelle époque pour la France et pour l’Europe», avance Emmanuel Macron, au terme de son meeting marseillais. Il prévient: «Je n’ai aucune envie de faire cinq ans de plus, je veux refonder, je veux cinq années de renouvellement complet. Il ne s’agit surtout pas de poursuivre un système mais bien d’une réinvention». D’ailleurs, au préalable il n’avait pas caché avoir entendu les résultats du premier tour sur la nécessité de faire des questions environnementales une priorité. Il évoquera également le rapport du GIEC signalant l’avoir également pris en compte. [()] Alors, le candidat LREM indique vouloir «aller deux fois plus vite» sur l’écologie. Pour y parvenir il annonce: «Le prochain Premier ministre sera chargé de la planification écologique». Il sera appuyé par deux ministres, un chargé de la planification énergétique. Il lui reviendra de promouvoir la sobriété et de favoriser le développement de l’énergie renouvelable, l’objectif affiché est de multiplier par 10 le solaire, de créer cinquante parcs éoliens off shore d’ici 2050, de développer le nucléaire «entre le charbon et le gaz d’un côté et le nucléaire de l’autre, je choisis la nucléaire». [()] Il se prononce également «pour le développement de l’hydrogène et pour cela il nous faut de l’électricité et dont du renouvelable et du nucléaire». Et d’affirmer: «Nous allons faire de la France la première nation à sortir du pétrole, du gaz et du charbon. C’est possible et nous le ferons». L’autre ministre aura en charge la planification écologique, territoriale, et aura pour mission d’organiser avec les élus locaux la transition environnementale dans chaque territoire: régions, départements, métropoles… Et le candidat-président d’afficher le principe qui sera mis en œuvre: «L’agenda écologique est un agenda de confiance et de décentralisation massive».

«Nous n’avons pas rien fait durant ces cinq années»

Mais pas question pour Emmanuel Macron de se battre la coulpe: «Nous n’avons pas rien fait durant ces cinq années», insiste-il. S’adressant à ceux qui le rejettent dans un même temps que la candidate RN il indique: «Ils oublient Notre-Dame-des-Landes, le projet Europa City, au Nord de Paris, la Montagne d’or, en Guyane, le terminal 4 de l’aéroport de Roissy. Tous ces projets, qui les a arrêtés parce qu’ils n’étaient pas écologiques ? C’est nous, ce n’est pas eux et ils n’étaient pas à nos côtés pour expliquer que nous allions bloquer des dossiers».

«La politique et l’économie seront écologiques ou ne seront pas»

Emmanuel Macron en vient à l’économie avec un credo: «La politique et l’économie seront écologiques ou ne seront pas ». Il précise immédiatement: «Je vais être très clair avec vous : je ne crois pas dans la décroissance. Je ne crois pas que la solution réside dans la destruction d’une activité parce que polluante. Ce qui faut c’est la dépolluer. Je ne veux pas moins d’économie mais une économie plus écologique». Dans ce cadre il met en exergue le projet France 2030 qui, par l’innovation, a pour objet de «bâtir une économie décarbonée, des avions à émissions zéro carbone, des trains à l’hydrogène, la voiture électrique produite en France, les éoliennes off shore produites en France, les mini-réacteurs… ».

«Les parts variables des dirigeants seront revus»

Par ailleurs, Emmanuel Macron entend conditionner la rémunération des grands dirigeants à des objectifs sociaux et environnementaux. Il importe à ses yeux: «Les parts variables des dirigeants seront revus. Elles seront à la fois encadrés dans leur montant au niveau européen, mais aussi soumis à l’atteinte des objectifs environnementaux».

«Taxe carbone aux frontières de l’Europe»

© Joël Barcy
© Joël Barcy
Pour lui: «Les grands dirigeants du 21e siècle ne seront pas simplement ceux et celles qui ont de la performance économique ou financière, mais celles et ceux qui sauront avoir des résultats pour l’inclusivité, pour l’égalité femmes-hommes et pour la question écologique». Puis, il se prononce en faveur d’une taxe carbone aux frontières de l’Europe qui «permettra d’éviter la concurrence déloyale avec nos industriels et nos agriculteurs». Et il ajoute enfin: «Nous nous battrons partout pour ce qu’on appelle les « clauses miroirs », c’est-à-dire demander la même chose aux autres que ce que nous faisons, nous, Européens».

«Nos agriculteurs ont déjà tant fait»

Dans le même temps, il signale comprendre l’anxiété de «Françaises et de Français sincères qui me disent: « Mais moi, je vois comme un mur devant moi »». Il invite notamment à prendre en compte les efforts des agriculteurs en matière de réduction de l’usage de produits phytosanitaire. «Nos agriculteurs ont déjà tant fait ces dernières années. Ils ont baissé tant et tant de produits phytosanitaires. Quatre-vingt-treize pour cent des pesticides les plus préoccupants ont été supprimés ». Pour lui: «Ils sont mobilisés pour aller plus loin, pour continuer de réduire partout où nous le pouvons les produits phytosanitaires, les pesticides et autres». Et de juger: «Ils continueront, pas par l’injonction, mais par l’investissement».

Fête de la nature

Emmanuel Macron propose «une fête de la nature», sur le modèle de la Fête de la musique, qui se tiendrait chaque année le quatrième samedi du mois de mai. Il voit là l’occasion «d’un grand moment d’union nationale rassemblant collectivités locales, associations, écoles, agriculteurs, citoyens, amoureux de la nature»,

Marseille: «C’est la fraternité au cœur de la République, un laboratoire»

Mais les premiers mots d’Emmanuel Macron avaient été pour faire l’éloge de Marseille: «Ville de jeunesse, qui s’est faite à travers le temps. Tant et tant de destins mêlés, je connais ici les vies d’Italiens, d’Espagnols, d’Arméniens, de Maghrébins, de tant et tant venant d’Afrique, des Français revenant d’Algérie et restant ici auprès de la Méditerranée chérie». Cette ville, pour lui: «C’est la fraternité au cœur de la République, un laboratoire. C’est ici que je veux bâtir une nouvelle méthode avec Marseille en grand».

«Nous sommes un pays d’ouvertures, pas celui du grand rabougrissement»

Puis d’en venir à son adversaire au second tour: «Nous sommes un pays d’ouvertures, pas celui du grand rabougrissement, de la grande division qui vise à dire à nos enfants qu’ils n’ont plus leur place dans notre République». Et de citer les attaques contre la presse, contre l’égalité homme-femme, en faveur des inégalités «lorsqu’elle propose aux plus riches de moins de 30 ans, de les exonérer totalement d’impôt». Il met également en garde contre «la rupture que l’extrême droite prépare avec la fraternité républicaine lorsqu’elle s’attaque au droit d’asile ou veut organiser un référendum pour rétablir la peine de mort. Quand elle entend organiser la rupture avec notre laïcité en stigmatisant des millions de Français, en interdisant le port du voile, la nourriture casher ou halal. Quand elle veut produire des divorces avec l’Europe, l’Allemagne, quand elle veut se rapprocher de la Russie et quand elle ne dit pas un mot sur le continent Africain». Et il lance, à chaque fois: «Ne sifflez pas l’extrême droite, battez-là le 24 avril». Et de s’adresser à ceux qui ne savent pas encore ce qu’ils feront lors du second tour: «Le 24 avril ne cédez pas à la peur, au « à quoi bon », ne cédez pas au grand relativisme. Si vous ne voulez pas renoncer à l’humanisme, si vous ne voulez pas renoncer à cette civilisation, si vous ne voulez pas renoncer à bâtir une grande nation écologique, alors rejoignez-nous». [(macron_1_copie.mp4)] En ouverture du meeting, Sabrina Agresti-Roubache, présidente du Comité de soutien Aix-Marseille-Provence pour la réélection d’Emmanuel Macron avait rappelé: «En 2002 déjà nous nous étions levés pour dire non au FN, nous avons manifesté au-delà de nos divergences politiques». Puis de s’adresser au candidat-président: «Tu aimes Marseille, tu as fait Marseille en grand. Plus largement tu as protégé la population pendant la crise Covid. Compte sur nous pour te soutenir».

«Le village de « si j’avais su »»

© Joël Barcy
© Joël Barcy
Mourad Boudjellal parle de ses parents venus en France «faire le boulot que d’autres ne voulaient pas faire». Il dénonce: «Le racisme est devenu le quotidien. Un candidat n’est plus là, je le remercie, je n’aurais pas à changer de prénom». Il enchaîne: «Ceux qui pensent que les délinquants c’est génétique je leur dis: « vous êtes des racistes ». Aux jeunes, je dis: « la République est la vôtre » et vous allez, premièrement, voter et, deuxièmement, montrer tout ce que vous pouvez apporter à ce pays parce que nous sommes fiers d’être Français tout en étant conscients que ce n’est pas facile d’être les héritiers, de Diderot, de Voltaire». Et de mettre en garde: «Si tu empruntes le chemin de je m’en fous, tu arrives au village de si j’avais su». On notait la présence au meeting de Renaud Muselier et de Christian Estrosi ainsi que l’absence des élus du Printemps marseillais alors que le Maire, Benoit Payan (Parti socialiste), a appelé à voter Emmanuel Macron pour faire barrage au Rassemblement national. On notait en revanche la présence de l’ancien maire communiste d’Arles, Hervé Schiavetti. «Les communistes appellent, comme toujours, à voter contre le RN et donc à voter Emmanuel Macron et, en venant ici au moins cela se voit». Michel CAIRE Vidéo Joël BARCY

Renaud Muselier, président de Provence-Alpes-Côte d’Azur : «Il vaut mieux la liberté avec monsieur Macron…»

Pour Renaud Muselier qui vient d’être confronté à la même situation aux dernières régionales avec un duel contre le RN, considère que dans ce cadre :«Il faut avoir un discours vis-à-vis des électeurs. Emmanuel Macron a sa colonne vertébrale, sa ligne politique, il a fait son programme. Maintenant, il doit élargir son champ d’action. Car il y a toute une série de la population, très importante, qui n’a pas voté. Il faut qu’il tende la main. Il peut le faire, il va le faire, il a commencé à le faire». Le président de Région évoque alors un autre volet «où je ne ferai aucune concession, et plus encore que la main tendue…». Il rappelle d’abord: «Je suis ancien secrétaire d’État aux Affaires étrangères. J’ai représenté Jacques Chirac et la France aux Nations Unis.» Alors pour lui: «Voir madame Le Pen sans le drapeau européen pour parler de la position des Affaires internationales de la France, la place de la France dans le Monde en nous disant que le couple Franco-Allemand doit sauter et qu’elle entend remettre à plat tous les traités d’Europe; elle explique encore qu’il faut retraiter le problème d’alliance après avec monsieur Poutine, sans n’avoir jamais condamné ce qui se passe en Ukraine. Tout cela est très dangereux.» Et à la question si Marseille est la bonne ville pour transmettre des messages à la gauche et à la droite ? Il répond: «Marseille, cette Région quand vous regardez les cartes électorales, c’est très extrême droite ici. Mais, on a toujours fait -nous la droite- en sorte qu’elle ne gagne pas. Donc on a une méthode, un savoir-faire que n’ont pas forcément les Marcheurs.» Il ajoute : «Vous avez aussi ici une culture de gauche très importante, historique. Monsieur Mélenchon, qui a un grand talent, a été très clair: « pas une voix pour Marine Le Pen ». Il l’a rappelé 4 fois. Et maintenant à nous de convaincre que finalement pour eux, qui sont des démocrates et des républicains, même si je ne partage pas du tout leur engagement, il vaut mieux la liberté avec monsieur Macron…» En ce qui concerne, les promesses du Grand Marseille, il explique: «A Marseille, on aime être aimés, être respectés, on est fiers d’être Marseillais mais, au-delà de l’amour on veut des actes. Emmanuel Macron a quand-même donné un milliard pour Marseille , 5 milliards pour la région pour le plan État-Région; il nous a refait une grande partie de nos hôpitaux… ça c’est du concret.» Reportage Joël BARCY

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