Énergies renouvelables: Les éoliennes flottantes ont le vent en poupe (2/2)

Publié le 8 février 2018 à  12h16 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

La Région a tous les atouts pour réussir en matière d’énergies renouvelables en mer. Peu de régions en effet peuvent se targuer d’avoir à la fois une large ouverture sur l’eau, un fort ensoleillement tout au long de l’année et des vents puissants. Alors quelles sont les raisons qui ont freiné jusqu’à présent ce développement? Concernant les énergies de la mer, elles sont multiples : un patrimoine culturel à défendre, un littoral maritime très touristique, des parcs en mer à respecter, alors comment y parvenir quand même sachant que l’ambition de la Région est de devenir à moyen terme la première région de France en matière d’énergies renouvelables ? Entretien avec Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Député Européen.

Renaud Muselier, président de la région Sud  (Photo Robert Poulain)
Renaud Muselier, président de la région Sud (Photo Robert Poulain)
Destimed: Si en matière d’énergies vertes Provence-Alpes-Côte d’Azur se classe en troisième position des régions françaises, pour les énergies de la mer, avec la mise en place des éoliennes OffShore, tout reste encore à construire. Quels sont vos projets en ce domaine ?
Renaud Muselier: En effet, la Région Sud Provence-Alpes-Côtes d’Azur est ambitieuse quant au développement de nouvelles énergies. Ce n’est pas seulement la Région de la Mer, du vent mais aussi celle du Soleil ! Aussi la Région a lancé en 2017 pour la première fois un appel à projet «Smart PV» permettant de financer des projets d’installations de panneaux photovoltaïques pour plus de 500 000 euros. En 2018 cet appel à projet sera reconduit et appelé à monter en puissance. Ce sont plus de 18 installations qui ont été financées grâce à la Région. Pour ce qui est des énergies de la mer et de la mise en place des éoliennes Offshore, notre ambition est la suivante : développer et soutenir l’éolien flottant offshore afin de créer une filière industrielle en partenariat avec le Grand Port Maritime de Marseille. Cette volonté forte fait partie d’une des 100 mesures prioritaires adoptées dans le Plan Climat voté par la Région en décembre 2017. Ce travail de suivi est mené par l’Assemblée maritime pour la croissance régionale et l’environnement (Amcre) en concertation avec l’État et tous les acteurs de l’environnement. Actuellement, le projet le plus emblématique et abouti est incontestablement celui de Provence Grand Large avec une première éolienne flottante installée en 2009. Ce parc expérimental de 3 éoliennes flottantes de 8MW chacune sera en service d’ici fin 2020. Ce projet est le fruit d’un long et ambitieux travail mené avec de très nombreux acteurs et investisseurs. Il permet également à un comité scientifique de réfléchir aux études à mettre en œuvre pour consolider les connaissances sur l’éolien flottant. Le travail de recherche, d’innovation et d’expérimentation continu pour ce projet mais aussi je l’espère pour tous ceux à venir.

Et qu’en est-il des autres énergies : l’énergie houlomotrice ou encore l’énergie thermique des mers ?
Justement, notre ambition en matière d’énergies renouvelables ne peut pas se limiter à un élément mais doit refléter le souhait d’encourager la performance et l’efficacité d’un véritable mix énergétique. Notre Région est riche de son territoire et c’est sur l’ensemble de ses atouts que nous devons nous mobiliser et travailler ! Concernant l’énergie thermique des mers nous avons de belles réalisations. Je pense par exemple au projet innovant de Thassalia utilisant l’énergie de l’eau de mer, pompée directement dans le port et utilisant ainsi l’énergie renouvelable issue de la Méditerranée. Cette réalisation, qui couvre le périmètre d’Euroméditeranée, est aujourd’hui en phase de s’étendre à Marseille jusqu’à l’Hôtel de Région et, une autre installation, utilisant des processus encore plus aboutis et complets verra certainement le jour à Nice très prochainement. C’est bien la réduction de la consommation électrique, des émissions de CO2 mais aussi la limitation des rejets thermiques dans l’air qui sont visés. On peut également parler du projet Massileo qui se traduit par la mise en place de pompes à chaleur sur boucle d’eau tempérée pour alimenter le quartier démonstrateur Allar à Marseille. L’objectif est de diminuer 616t CO2 évitées/an des émissions de gaz à effet de serre. Concernant l’énergie houlomotrice, Seul SBM Offshore poursuit depuis 2009 le développement d’une technologie révolutionnaire de système houlomoteur. Le développement est porté par le centre de R&D et centre d’essais de SBM Offshore à Carros dans les Alpes Maritimes où une équipe est mobilisée sur ce projet. Cette technologie est radicalement innovante et fait l’objet d’un retour unanimement favorable des experts internationaux, des énergéticiens, et des acteurs de l’énergie des vagues, qui soulignent qu’il s’agit de l’une des seules technologies techniquement et commercialement pertinentes de la filière houlomotrice, et qui permettent de viabiliser cette industrie.

Quels soutiens la Région apporte-t-elle aux Centres de recherches dans le domaine des énergies renouvelables de la mer implantés en Paca ? L’IRPHE École Centrale Marseille, l’Institut Pythéas…
La Région subventionne les projets de recherche qui entrent dans le cadre de ses orientations prioritaires et donc de ses appels à projet. En 2017 la région a en effet subventionné pour 5 000 euros l’institut Pythéas aux villages des sciences. Il est difficile aujourd’hui d’estimer les retombées en matière de création d’emplois dans ce domaine mais il est certain qu’elles se comptent en plusieurs milliers d’emplois. De manière générale, les métiers liés à la préservation de notre environnement, au développement des nouvelles énergies, à la valorisation de la mer sont en pleine expansion. Au sein de chacune des formations dont la région est en charge nous nous efforçons non seulement d’intégrer la nécessité d’œuvrer en faveur d’un développement durable dans des circuits classiques mais aussi d’envisager la création de nouvelles filières professionnelles débouchant sur ces métiers d’avenir. La région Sud est la région avec une COP d’avance !
Propos recueillis par Christine LETELLIER

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