Engie et Total de concert pour développer le plus grand site d’Hydrogène vert: entretiens…

Publié le 14 janvier 2021 à  17h05 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h34

La nouvelle est loin d’être passée inaperçue : Total et Engie ont signé un accord de coopération pour concevoir, développer, construire et exploiter le projet Masshylia, à Châteauneuf-les-Martigues en Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur, au cœur de la bioraffinerie de Total à La Mède. On parle là du plus grand site de production d’hydrogène renouvelable de France. Les deux partenaires visent un début de construction des installations en 2022, en vue d’une production en 2024. Dès à présent, Masshylia s’impose comme un projet majeur pour la région, la France et avant tout la planète. Olivier Machet, Directeur du projet pour Engie, et Ludovic Parisot, le directeur région sud, Corse et Principauté de Monaco pour Engie nous détaillent cette collaboration et ses différents impacts.

https://www.engie.com/journalistes/communiques-de-presse/total-et-engie-s-associent-pour-d-velopper-le-plus-grand-site-de-production-d-hydrog-ne-vert-sur-lectricit-100-renouvelable-en-france

Le projet Masshylia, à Châteauneuf-les-Martigues (13) se développera au cœur de la bioraffinerie de Total à La Mède ©D.R.
Le projet Masshylia, à Châteauneuf-les-Martigues (13) se développera au cœur de la bioraffinerie de Total à La Mède ©D.R.

Destimed: On présente Masshylia comme un projet unique en Europe. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Olivier Machet: C’est clairement le premier site d’hydrogène vert d’une taille aussi importante avec la notion de pilotage en temps réel. On parle là de plusieurs fermes solaires envisagées. Celle de La Mède est déjà opérationnelle, mais nous souhaitons mettre en place une structure additionnelle qui permettra une connexion directe avec les électrolyseurs. Ce système est vraiment novateur et préfigure de ce qui existera demain. De plus, Total et Engie sont à la pointe sur toutes les questions de sécurité industrielle. On sait à quel point cette notion est primordiale sur des sites aussi sensibles.

Que peut apporter la mise en place de ce projet pour la Région ?
Nous ne souhaitons pas seulement créer le plus grand site de production d’hydrogène vert sur électricité 100% renouvelable en France, nous voulons développer un écosystème autour de ce pôle. Les retombées au niveau local vont être importantes et nous avons déjà commencé à travailler avec des acteurs du Sud de la France.

« Il est essentiel que nous nous intéressions à cet aspect formation, car nous devons dès maintenant préparer la transition »

Auriez-vous des exemples de collaborations ?
C’est le cas dans le milieu de la formation où nous avançons de concert avec l’Ecole nationale supérieure des officiers de sapeurs-pompiers (ENSOSP) pour former les professionnels de demain, qui seront en mesure de répondre à nos besoins. Si nous souhaitons être les leaders, il est essentiel que nous nous intéressions à cet aspect formation, car nous devons dès maintenant préparer la transition. Cette École n’a pas seulement une portée régionale, sa renommée est nationale voire internationale. Au travers de nos partenariats locaux, nous favorisons un rayonnement mondial de notre projet.

La notion de projet territorial est donc essentielle ?
Elle est même primordiale ! D’ailleurs c’est quelque chose que nous partageons totalement avec le Président de la Région, Renaud Muselier : nous souhaitons unir le monde privé et le public. Le Président de la région est motivé par ces approches innovantes et il est à l’écoute de nos besoins, comme il est moteur sur d’autres points.

La bioraffinerie de Total à La Mède s’est-elle imposée de fait pour accueillir ce projet pharaonique ?
La zone présentait tous les facteurs pour que nous menions à bien le cahier des charges et, nous souhaitions valoriser les équipements existants. Ensuite, il faut avoir conscience que Massylhia est portée par l’ensemble des institutions locales. Renaud Muselier nous épaule depuis le début et il est très au fait de toutes ces problématiques environnementales. La Métropole fait également partie de nos partenaires privilégiés. Au total, plus d’une dizaine de soutiens nous aident au quotidien dans notre tâche. La Région Sud est l’une des plus dynamiques en France concernant les énergies renouvelables et notamment l’Hydrogène.

« Le Sud est clairement la zone qui a la plus forte consommation d’hydrogène»

Une chose dont on n’a pas forcément conscience…
Le Sud est clairement la zone qui a la plus forte consommation d’hydrogène. Autant dire que La Mède était pour nous un choix logique. Plus loin encore, il ne faut pas parler d’une compétition entre les différentes régions. Nous sommes plus dans une perspective de travail complémentaire visant à mener à bien, le plus rapidement possible, notre mission environnementale.

Quels sont les objectifs de cette collaboration entre Engie et Total ?
Avant tout, se placer en leader sur un marché en forte croissance. Les textes officiels parlent d’une neutralité carbone pour 2050, nous voulons coller à ce calendrier tout en espérant aller plus vite. Il y va de l’avenir de notre environnement. On parle là des problématiques de climat avec tous les dangers que cela peut comporter avec un dérèglement de notre planète. Nous nous devons de trouver les solutions. Cela fait un moment que nous sommes sur la question et nous implémentons des travaux que nous avons initiés il y a maintenant 4 ans. Tout s’accélère sous la pression des pouvoirs publics et c’est réellement une bonne chose. Nous préparons l’économie de demain…

«Une volonté européenne dont la France est l’un des principaux moteurs »

Sur l’échiquier politique mondial, la France est-elle esseulée sur le plan de la démocratisation de l’Hydrogène vert ?
Il y a aujourd’hui une volonté européenne dont la France est l’un des principaux moteurs. Il y a de nombreuses innovations à travers la planète et c’est le travail en commun qui nous permettra de remporter la partie.

La collaboration entre deux groupes aussi grands qu’Engie et Total était-elle aisée?
C’est un challenge permanent, car on parle de faire collaborer 50 experts qui sont des pointures nationales, voire internationales. Notre mission était de sortir du cadre pour permettre d’imaginer le site de production d’hydrogène renouvelable de demain, puis de réduire le champ des perspectives pour matérialiser les étapes nécessaires pour arriver jusque-là. Nous n’aurions pas pu réussir si nous n’avions pas été en pleine confiance les uns envers les autres.

Comment avez-vous procédé pour arriver à souder vos équipes ?
Nous avons mixé les compétences avec une parité d’experts d’Engie et de Total. Avec mon homologue, Gloria Vendrell Barbera, nous avions à cœur d’avancer ensemble et c’est de cette façon que nous souhaitons développer notre programme.

« L’hydrogène va prendre la place qui devrait déjà être la sienne »

Comment expliquez-vous que les bienfaits de l’Hydrogène vert soient encore méconnus par une grande partie des gens ?
Cela vient sûrement d’un déficit de communication. En France, nous avons davantage tendance à mettre l’électrique sur le devant de la scène. Mais il faut avoir conscience que cette énergie a ses limites, notamment en termes de véhicule de grande taille.

Ludovic Parisot: La démocratisation de l’hydrogène passe par les transports, il n’y a qu’à voir les marques qui présentent de plus en plus de modèles au Mondial de l’automobile. Cet engouement est encore plus évident chez les professionnels, car il y a une notion économique qui entre en jeu.

Nous sommes donc à une étape charnière du développement de l’Hydrogène ?
Ludovic Parisot: : Nous sommes vraiment à une période de bascule sur les véhicules de gros roulage comme les camions ou les cars. Une chose est sûre : tout va s’accélérer dans les prochaines années, voire les mois à venir. Dès que le prix de la tonne de carbone va augmenter, nous allons assister à une mutation des usages. Alors l’hydrogène va prendre la place qui devrait déjà être la sienne.
Propos recueillis par Fabian FRYDMAN


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Renaud Muselier : Le Projet « MassHylia » porté par Total et Engie… est particulièrement stratégique, à l’échelle régionale comme nationale

Totalement investi dans le projet Masshylia, Renaud Muselier n’a eu de cesse d’œuvrer pour la réussite de ce dossier ambitieux. Pour le Président de la Région, il était obligatoire d’accompagner la synergie entre Engie et Total pour accueillir à La Mède ces infrastructures uniques en Europe. Une idée qu’il n’a pas hésité à exprimer au travers d’un communiqué de presse.

«Je suis intervenu personnellement auprès du Premier Ministre, Jean Castex, et de Frans Timmermanss, vice-président de la Commission européenne, pour que ce projet aboutisse. En effet, la Région Provence-Alpes-Côte s’est résolument engagée, au travers de son Plan climat, « une COP d’avance » et de l’Opération d’Intérêt Régional « Énergies de demain » au développement de la filière Hydrogène. Au mois de décembre, nous avons adopté un Plan régional hydrogène, avec 150 acteurs du territoire, qui renforce notre soutien aux entreprises favorisant la décarbonation de l’industrie et qui privilégie les solutions mobilisant des énergies renouvelables», indique Renaud Muselier qui considère que le Projet « MassHylia » porté par Total et Engie, par l’ambition qu’il porte, est particulièrement stratégique, à l’échelle régionale comme nationale. «Il a tout notre soutien», insiste-t-il avant d’annoncer qu’ «après l’annonce de la création d’un Centre d’accélération des lancements de nouveaux principes actifs pour la Pharmacie par Sanofi en décembre, la région Sud va accueillir sur son territoire ce nouveau projet, d’une ampleur inédite en France, et à l’initiative de deux groupes de renommée mondiale, leader dans leurs domaines. C’est une grande fierté pour nous de voir se développer des projets ambitieux qui font rayonner la région Sud au niveau international, et qui renforcent notre attractivité, encore plus cette année malgré les crises que nous traversons.» Et de conclure: «En Provence-Alpes-Côte d’Azur nous avons à cœur de travailler avec des entreprises qui participent à la réindustrialisation du territoire et qui nous aident au quotidien à faire de la région Sud, la région avec une COP d’avance.»
F.B.)]

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