Entretien. Georges Olivari, directeur de la Maison régionale de l’eau de Barjols : ‘ la nature, c’est d’abord s’émerveiller’

Publié le 22 novembre 2021 à  12h14 - Dernière mise à  jour le 1 novembre 2022 à  16h47

La Maison régionale de l’eau de Barjols dans le Var est reconnue par les acteurs de l’eau tant pour ses compétences scientifiques, techniques que didactiques. Elle a vu le jour en 1991, avec le soutien de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur et du Conseil départemental du Var. Centre de ressources pour l’éducation à l’environnement, son but est de promouvoir une éducation à l’eau pour contribuer à une gestion durable des territoires de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Entretien avec Georges Olivari, directeur de la Maison régionale de l’eau.

Georges Olivari, directeur de la Maison régionale de l’eau de Barjols © Mireille Bianciotto
Georges Olivari, directeur de la Maison régionale de l’eau de Barjols © Mireille Bianciotto
Contribuer au développement de la connaissance sur les écosystèmes aquatiques tout en démocratisant les savoirs pour mieux appréhender la complexité des enjeux liés à l’eau tel est l’objet de la Maison régionale de l’eau de Barjols. Portée par des valeurs fortes telles que le partage, la solidarité, l’équité, le droit à l’eau, l’association s’affaire à améliorer la connaissance sur les écosystèmes aquatiques continentaux pour proposer des outils d’aide à la décision; démocratiser les savoirs, pour développer une culture commune de l’eau; développer l’esprit critique pour permettre à chacun de réfléchir à son mode de vie, faire des choix éclairés et agir de façon responsable. Destimed:La Maison régionale de l’eau était présente au Congrès mondial de la nature pour présenter « Immersio », une formule virtuelle des espèces qu’on peut découvrir dans une rivière. Comment jugez-vous l’état de nos rivières ? Georges Olivari: L’état de nos rivières, on le voit en se projetant dans l’avenir. C’est à dire que le passé est, pour nous, un moyen de pouvoir analyser la situation actuelle et, de se projeter dans l’avenir. Or, on a depuis des années et des années des problèmes récurrents concernant les prélèvements d’eau avec les rejets qu’ils soient domestiques ou agricoles, la modification du lit des rivières, dans le cas de protection des crues. Et cela amène à une situation qui nous inquiète beaucoup pour l’avenir. Vous parlez de prélèvements, de rejets et il y a aussi les épandages agricoles qui polluent. Que pouvez-vous contre ces atteintes négatives sur l’eau douce ? La Maison régionale de l’eau n’est pas une association de protection de l’environnement. C’est une association de porteurs de connaissances. Notre travail est de développer les compétences afin que les gens puissent entrer dans la gestion complexe qui est celle de l’eau. Notre travail consiste à accompagner la politique de l’Agence de l’eau qui, dans tous ces domaines, essaie avec des aides financières, de faire évoluer la situation. Si la situation n’est pas aussi catastrophique que cela c’est parce que, depuis des années, le modèle français de la gestion de l’eau donne des résultats même si beaucoup reste à faire. On retrouve dans les rivières des produits, tel le pyralène, qui viennent régulièrement intoxiquer le milieu? Le vrai problème que l’on a, c’est qu’il est difficile de voir les réactions immédiates des opérations que l’on effectuent sur le milieu. Parce qu’on a un délai qui est parfois très, très long et comment l’expliquer. En gros, le problème des pesticides c’est que si aujourd’hui on les arrête, tout ce qui est dans le sol va continuer à contaminer. Donc je n’arrêterai pas la contamination a court terme mais je l’arrêterai pour le futur et c’est ça qu’il faut faire comprendre aux gens.

Plus les milieux sont fonctionnels et moins les impacts sont importants…

On observe aujourd’hui nombre de crues de rivière, cours d’eau… Est-ce que cela ne fait pas prendre conscience aux gens que la rivière est un être vivant, finalement? Il faut comprendre qu’il y a une chose qui s’appelle les forces de la nature qui dépassent toute la technologie. Pour donner un exemple, je travaille, depuis des années sur la vallée de la Roya et de la Vésubie. L’année dernière, au mois de septembre, la rivière faisait 6 mètres de large, le 3 octobre, elle faisait 300 mètres de large. Vous comprenez que là, on est face à une puissance pour laquelle la protection contre les inondations ne réside pas seulement dans les digues mais surtout, dans la préparation de la population. Il faut se préparer pour le prévisible et l’imprévisible. C’est toute la difficulté de la culture du risque, la Maison de l’eau travaille beaucoup là-dessus mais dans le respect des milieux, en disant que plus les milieux sont fonctionnels et moins les impacts sont importants, sauf si je me mets à habiter au milieu de la rivière.
intérieur du parcours de découverte de la rivière en immersion
intérieur du parcours de découverte de la rivière en immersion
Plus il y a de poissons, plus il y a de vie dans la rivière, mieux c’est ? Oui, ces poissons-là, ils font partie d’une biodiversité qui est totalement méconnue. On connaît les poissons, on ne connaît rien sur les invertébrés. Ces poissons, ces invertébrés me servent à faire un diagnostic de la qualité, c’est-à-dire que on sait les cortèges, les assemblages d’espèces, etc. par rapport à des qualités de milieux, mais moi je suis d’abord un biologiste, et, pour moi, la nature, c’est d’abord s’émerveiller. [(Entretien avec Georges Olivari, directeur de la Maison régionale de l’eau de Barjols Var210906-002_immersio.mp3 )] Propos recueillis par Mireille BIANCIOTTO Signaler un contenu ou un message illicite sur le site

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