Entretien. Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence : « l’industrie c’est la vie »

Publié le 19 novembre 2019 à  9h19 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h25

En marge de l’Usine Extraordinaire qui s’est tenue à Marseille du 14 au 16 novembre et du Conseil national de l’Industrie, le 15 novembre, Jean-Luc Chauvin, le président de la CCI Marseille-Provence a signifié toute l’importance qu’il accordait à l’Industrie… en rappelant que «L’industrie est partout». Entretien

Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence (Photo Philippe Maillé)
Jean-Luc Chauvin, président de la CCI Marseille-Provence (Photo Philippe Maillé)

Destimed: Jean-Luc Chauvin, quel regard portez-vous sur l’Usine extraordinaire et le Conseil national de l’Industrie qui viennent de se tenir à Marseille?
Jean-Luc Chauvin: C’est la démonstration de la reconnaissance de l’Histoire, des histoires industrielles de notre territoire, ainsi que la reconnaissance de notre capacité à attirer et organiser avec succès de grands événements. Mais, avant toute chose, je tiens à dire toute l’importance que j’accorde à l’industrie. L’industrie c’est la vie. C’est le téléphone, la télévision, l’ordinateur, la voiture, les vêtements, les assiettes et les couverts… L’industrie est partout. Que serions-nous sans elle? Ce sont de nouveaux territoires que l’on ne pouvait imaginer voilà quelques décennies comme les Data center, les biotechs… Et puis c’est de l’emploi, à l’échelle régionale, il s’agit de 424 000 emplois directs et indirects. Et il importe d’ajouter que nous avons là des professions qui recrutent, dans lesquelles on peut évoluer et qui paient en moyenne 37% de plus que les autres métiers. C’est à dire des personnes qui consomment et qui sont facteurs de 3 à 4 emplois induits. C’est aussi, il ne faut pas l’oublier, le prolongement de la recherche.

On ne peut pas omettre le fait que c’est aussi un secteur qui pollue…
Oui. Il y a des efforts à faire pour sauver la planète. Des actions vont dans ce sens dans notre pays où nous fabriquons, dans des conditions moins polluantes, des produits qui polluent bien moins que ceux fabriqués dans d’autres régions du monde. Ce n’est pas suffisant c’est certain. Mais, si on ferme des usines ici en créant du chômage pour aller faire fabriquer ailleurs, dans de plus mauvaises conditions, des produits de moindre qualité avec une pollution supplémentaire liée aux transports, nous n’aurons rien gagné. Alors la lutte contre la pollution entraîne des contraintes mais elle doit aussi être vu comme le moteur d’une nouvelle révolution industrielle. Et, pour cela, il faut mieux accompagner nos industriels, sortir d’une logique coercitive pour passer à l’incitatif. Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie a fait des annonces, notamment en matière de baisse des impôts productifs mais c’est encore trop frileux. Il faut que l’État permette d’aller au bout de la démarche du Plan Carbone. Pour cela, il faut favoriser les productions locales. Il faut des aides, il faut favoriser les achats locaux et taxer ceux qui polluent en produisant à bas coût à l’étranger et polluent lorsqu’ils transportent. C’est cela la relocalisation. Un phénomène auquel nous commençons à assister avec des productions qui reviennent en France avec moins d’emplois mais plus qualifiés ce qui pose la question de la politique de formation qui doit être conduite tout au long de la vie professionnelle. C’est la France qui, aujourd’hui, tire le développement de la zone Euro. C’est suffisamment rare pour que nous nous en réjouissions. Il faut donner les moyens, adapter notre fiscalité pour permettre à l’industrie 4.0 de redonner à notre industrie toutes ses lettres de noblesse. Et, face aux blocs américain et asiatique nous avons besoin de plus d’Europe. On a besoin que l’Europe existe économiquement.
Propos recueillis par Michel CAIRE

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