[Entretien] Virginie Akliouat, Snuipp-FSU 13: un autoconfinement des élèves plus inquiétant qu’il n’y paraît

Publié le 16 décembre 2020 à  13h17 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  12h20

Jean Castex a suggéré sur Europe 1 que les enfants n’aillent pas à l’école les 16 et 17 décembre pour s’autoconfiner avant les fêtes de fin d’année. Cette décision, motivée par une note du Conseil scientifique, le corps enseignant l’a apprise comme tout le monde en direct à la radio. Pour Virginie Akliouat, secrétaire général du Snuipp-FSU 13 (syndicat majoritaire dans le premier degré), le Premier Ministre et le ministère de l’Éducation marchent sur la tête. Entretien.

Virginie Akliouat, secrétaire général du Snuipp-FSU 13 (Photo D.R.)
Virginie Akliouat, secrétaire général du Snuipp-FSU 13 (Photo D.R.)

Destimed: L’annonce de Jean Castex concernant l’autoconfinement possible des élèves dans les écoles primaires a-t-elle été une surprise ?
Virginie Akliouat: Comme d’habitude, dès qu’il s’agit d’avoir une consigne officielle de l’employeur, nous l’apprenons par la presse. Cela est vraiment inadmissible et je dois bien avouer que cette fois-ci, nous ne nous y attendions absolument pas. On avait bien eu vent de la note du conseil scientifique, mais pas à ce que le Premier Ministre la reprenne à son compte, de plus dans les médias. Avant l’intervention de Jean Castex sur Europe 1, aucune note du ministère n’avait filtré.

Comment est perçue cette annonce par les professeurs des écoles ?
Depuis le début de la crise, nous n’en sommes pas à la première déclaration contradictoire, mais celle-ci est bien plus inquiétante que d’autres. On n’a pas arrêté de nous dire que les enfants n’étaient pas contaminants. Ce qui se passe avec cet autoconfinement d’avant Noël signifie tout l’inverse. C’est comme une bombe et cela inquiète grandement l’ensemble des collègues qui ne savent plus ce qu’il faut croire ou ne pas croire et qui se posent de réelles questions sur leur sécurité.

Les deux jours à venir, nous n’allons pas instruire, nous allons faire de la garderie.

Comment allez-vous concrètement gérer la situation ?
Nous en arrivons encore une fois à une école à la carte avec des parents qui choisissent s’ils veulent ou non mettre leurs enfants en classe. Durant les deux jours à venir, nous n’allons pas instruire, nous allons faire de la garderie.

Vous êtes donc confrontés à une nouvelle situation pour le moins étonnante?
On n’en parle pas beaucoup, mais cette notion d’école à la carte est déjà d’actualité. Depuis le port obligatoire du masque dans les écoles primaires, certaines familles ont refusé cette prérogative. Comme nous ne pouvons pas accepter les enfants sans masque… Nous ne sommes donc pas en mesure d’accueillir ces élèves. Le fait est certes rare, mais il faut savoir qu’il existe.

Vous ne serez donc pas en mesure de travailler dans des conditions acceptables ?
Comment voulez-vous dispenser des cours quand vous ne savez pas combien d’élèves vous allez avoir ? Les professeurs préparent leurs cours et appliquent une feuille de route logique qu’ils ont définie à l’avance, en fonction d’un programme établi. Dans tous les cas, des élèves seraient pénalisés et cela nous met dans une position délicate par rapport aux parents.

Se pose également le cas épineux des enfants des professeurs ?
Le corps enseignant se pose beaucoup de questions. A commencer par ce qu’ils doivent faire pour leurs propres enfants car les professeurs des écoles n’ont, en revanche, pas le droit de s’autoconfiner. De fait, peuvent-ils et ont-ils le temps de s’organiser en fonction ?
Propos recueillis par Fabian FRYDMAN

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