Entretien avec Denis Philippe Président de la Cress Paca : ‘Un rôle important pour faire remonter la situation des entreprises de l’ESS en difficulté’

Publié le 12 avril 2021 à  12h15 - Dernière mise à  jour le 31 octobre 2022 à  15h47

La Chambre Régionale de l’ESS – (CRESS) Provence-Alpes-Côte d’Azur, a lancé fin janvier, malgré le contexte sanitaire, son premier «Tour des Territoires». L’objectif était de partir à la rencontre des entreprises et parties prenantes de l’ESS dans chaque département de la région. Pour le mener à bien, la Chambre s’est appuyée sur des partenaires locaux comme la Mutualité Française, l’Union départementale de l’ESS des Hautes-Alpes, ou la Ligue de l’Enseignement 84 dans le Vaucluse. Denis Philippe, le président de la CRESS, dresse un bilan de cette première édition.

Denis Philippe, président de la Cress Paca © Mireille Bianciotto
Denis Philippe, président de la Cress Paca © Mireille Bianciotto

Quels enseignements avez-vous tiré de cette opération «Tour des Territoires» lancée cette année ?
Le Tour des Territoires a été très important pour deux raisons principales. D’abord il préfigure l’installation ou la confortation de la place de nos délégations départementales, et j’ai l’habitude de dire que notre Cress sera véritablement régionale quand nous aurons des antennes dans chaque département. C’est un travail à accomplir. Dans la crise que nous traversons, il est important d’aller sur le terrain pour entendre les acteurs de proximité, écouter aussi les critiques que ces derniers peuvent émettre vis-à-vis de l’action de leur chambre. C’est très important, il ne faut pas être éloignés d’eux, mais en proximité. Et puis nous préparons également la conférence régionale de l’ESS qui aura lieu à l’automne prochain. La volonté de l’État, de la Région Sud et de la Cress, qui sont les trois partenaires pour organiser cette conférence, est justement de partir des territoires, de la proximité des demandes qui nous serons remontées, pour au mieux préparer cette conférence régionale. Nous signerons à nouveau entre nous lors de cet événement une convention triennale, très importante pour le futur.

Dans les Bouches-du-Rhône, il n’est pas question pour l’instant d’installer une délégation départementale…

L’une de vos priorités est donc d’installer au plus vite des délégations de la Cress dans chaque département de Provence-Alpes-Côte d’Azur, quelles sont les avancées?
Le Vaucluse est une délégation qui fonctionne très bien maintenant. Il y a aussi une histoire de l’ESS qui y est très forte. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, la délégation est en train de s’organiser dans le cadre d’un partenariat avec la commune de Digne qui souhaite l’accompagner. Nous sommes en pleine discussion avec elle. Dans les Alpes-Maritimes, nous avons conclu une entente et un partenariat avec la Métropole de Nice-Côte d’Azur et son vice-président, Philippe Pradal, qui nous a accueillis sur place pendant ce « Tour des Territoires ». Dans les Hautes-Alpes, nous sommes toujours en discussion avec l’Udess qui est l’organisation représentative de l’ESS. Le but est de voir comment nous allons pouvoir articuler la délégation avec l’action qu’eux-mêmes mènent sur le territoire. Dans les Bouches-du-Rhône, il n’est pas question pour l’instant d’installer une délégation départementale, non pas qu’il n’y en aurait pas un besoin mais je pense que cela serait trop rapide et ferait peut-être doublon avec l’action de la Cress. Cela risquerait d’avoir un côté négatif sur la visibilité que nous voulons d’abord donner à notre Chambre régionale.

Nous avons pu bénéficier de deux interlocuteurs attentifs : la secrétaire d’État et le président de Région

Comment la Cress s’est adaptée à la crise sanitaire pour répondre aux besoins de se acteurs en difficulté sur le terrain ?
Depuis un an, la Cress a dû changer ce qui était son action et toutes les prévisions faites dans les événements qu’elle avait programmés. Elle s’est mise immédiatement à la disposition de ses entreprises et a assuré aussi vite le lien avec la secrétaire d’État pour lui faire remonter les difficultés des acteurs de l’ESS en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Avec la Région, nous avons intégré immédiatement le processus de discussions de telle manière à expliquer également quelles étaient les difficultés de nos entreprises. Il faut reconnaître que nous avons pu bénéficier de deux interlocuteurs attentifs : la secrétaire d’État et le président de Région avec lesquels nous avons pu construire des réponses adaptées. La secrétaire d’État a créé le fonds urgence ESS pour les petites structures de l’ESS qui avaient des difficultés à abonder et aller solliciter des fonds plus importants. Et la Région Provence-Alpes-Côte-d’Azur a mis en place un fonds spécifique aux acteurs de l’ESS, le fond ESS’OR. Après, il faut insister pour témoigner que toutes les entreprises de l’ESS ne sont pas au même niveau et ne sont pas égales devant cette crise. Vous avez des acteurs qui la traversent sans grande difficulté. Et vous avez des structures associatives et certaines composantes du secteur associatif – je pense notamment aux clubs sportifs aujourd’hui à l’arrêt, aux acteurs dans le tourisme social, à ceux liés à l’hébergement du tourisme – qui sont en grande difficulté. Il ne faut pas oublier aussi les acteurs culturels avec les petites compagnies théâtrales, car toute l’activité culturelle ou sous forme associative dans ce secteur est à l’arrêt, également. Ces acteurs ont besoin d’un soutien efficace.

Bien analyser, au moment où on retirera la perfusion, ce qui va se passer…

Quel sera et devra être le rôle de votre Cress les prochains mois à la suite de ce 3e confinement ?
Je mentirais si je disais que nous n’avons pas des craintes de voir disparaître plusieurs associations, notamment et précisément dans l’activité culturelle. Et cette crainte est doublée pour les associations qui interviennent auprès de publics précaires. Outre le fait que ces associations ne sont plus dans leurs missions d’accompagnement de ces publics précaires, est renforcée la précarité des publics pour lesquelles elles agissaient… Je veux dire par là qu’il y aura à mon avis des conséquences sociales fortes au sortir de la crise. Il faudra d’abord analyser comment nos entreprises repartiront, puis regarder les dégâts également sur les missions qui n’ont pas été réalisées. Mettre les entreprises sous perfusion, c’est indispensable actuellement. La difficulté sera de bien analyser, au moment où on retirera la perfusion, ce qui va se passer ? Et je pense que pour quelques années encore, la Cress aura un rôle important de prise en compte pour faire remonter et analyser la situation de ces entreprises en difficulté avec la crise sanitaire. »
Propos recueillis par Bruno ANGELICA

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