Entretien avec l’actrice Leïla Bekhti dans le cadre du Festival international du cinéma méditerranéen à Montpellier

Publié le 3 novembre 2014 à  23h24 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h44

En marge de la 36e édition du Festival international du cinéma Méditerranéen, Cinemed, l’actrice Leïla Bekhti qui a tenu le devant de la scène pour la présentation de 8 de ses films, s’est livrée en exclusivité à Destimed pour évoquer sa carrière, ses projets, l’Algérie… Entretien.

L'actrice Leïla Bekhti et Jean-Louis Bourgeot, directeur de CINEMED sur la scène du Festival (Photo D.R.)
L’actrice Leïla Bekhti et Jean-Louis Bourgeot, directeur de CINEMED sur la scène du Festival (Photo D.R.)

Destimed: Par votre présence, vous avez donné une énergie incroyable et même un souffle nouveau au Festival de par la proximité qui a été la vôtre avec le public. Qu’est-ce qui vous a animé au cours de toutes ces rencontres?
Leila Bekhti : C’est évidemment la même envie que j’ai à dialoguer avec les gens et tout le bonheur qu’ils m’apportent en échange. Grâce à Cinemed, j’ai côtoyé un public divers chaleureux et enthousiaste comme les lycéens ou les gens du métier. A chaque fois, cette proximité a été un moment d’échange important et partagé. Je suis profondément heureuse et même gâtée .

Cinemed par la voix de Jean François Bourgeot, son directeur, vous a rendu plus qu’un hommage, un véritable coup de chapeau, lors de l’ouverture du Festival que vous avez inauguré et le public tout autant. Comment percevez-vous cette distinction?
Du bonheur mêlé à de la surprise. C’est la reconnaissance du travail d’actrice et cet hommage va aussi à tous ceux qui m’ont accompagné, les réalisateurs qui ont fait les films et les techniciens, tout au long des 30 films de ma carrière. Sans oublier le public que je remercie. Mon rôle a été de bien jouer.

Comment vous est venue cette envie de faire du cinéma ?
Quand j’étais plus jeune, j’aimais le cinéma et je caressais ce rêve presque inaccessible. J’ai découvert le cinéma Italien en même temps que ma plus grande émotion. La première d’ailleurs a été pour «La Strada» de Fellini dont je parle toujours. J’avais à peine 8 ans. Il y a eu une autre découverte, à ce moment là, celle de la comédienne Giullietta Masina. Et enfin, le cinéma français qui m’a toujours emballée tant il est riche. Après un baccalauréat de lettres, je voulais devenir éducatrice et œuvrer dans le handicap. Mais, ma carrière a vite changé avec un premier casting à 20 ans pour le premier film de Kim Chapiron. Aujourd’hui à 30 ans, j’attends d’autres rêves de cinéma, d’autres émotions, d’autres envies.

Que représente pour vous ce festival de Montpellier?
D’abord la Méditerranée et les apports de tous les pays qui l’entourent avec cette vision de chacun sur tout ce qui se passe chez lui. Peu importe le lieu où l’on réalise des films, ils peuvent toujours se croiser, se rencontrer, comme ici au Cinemed à Montpellier, avec leur propre histoire, leur actualité et leur territorialité. Et des films il y en a pour tous les goûts c’est cela l’essentiel. Cinemed est un grand événement annuel autour du cinéma, très festif et un grand rendez-vous des auteurs et des acteurs et tous ceux qui aiment le cinéma. Il est rayonnant dans tous les pays méditerranéens et même au-delà car il est et reste un haut lieu de culture cinématographique. Voilà pourquoi je souhaite qu’il perdure pour pouvoir revenir à Montpellier.

Et le cinéma algérien, que vous inspire-t-il ?
Ici, il est bien présent avec plusieurs films et courts métrages portés par cette jeune génération de cinéastes comme Lyès Salem, Bahia Allouache ou Mahmoud Zemmouri. J’adore le cinéma algérien avec des acteurs comme Tahar Rahim, Réda Kateb et bien d’autres avec lesquels j’ai tourné. C’est un trait d’union avec le reste du monde. Je pense qu’il y a du renouveau dans le cinéma algérien après celui de la guerre d’indépendance, du terrorisme, il existe une relève qui va fasciner par son talent malgré toutes les crises.

On ne peut pas ne pas évoquer avec vous l’Algérie?
C’est évident. L’Algérie c’est le pays de mes racines. Je suis née en France de parents algériens. Ma famille a toujours une place de choix dans ma vie et dans ma carrière. Tout s’est construit avec mes parents autour d’eux et, l’Algérie reste mon pays d’origine où je me rends dès que je peux à Sidi Bel Abbès dont on est originaire. D’ailleurs c’est grâce aux allers et retours de mes parents que j’ai gardé le contact avec l’Algérie ainsi qu’avec la langue arabe que je parle couramment. Et sincèrement cette double culture m’a beaucoup apporté dans mes rapports avec les autres, dans ma vie et surtout ma carrière d’actrice aujourd’hui.

Avez-vous des projets de films avec l’Algérie?
Des projets il y en a toujours. Encore faut-il trouver le bon scénario et le bon moment. Mais cela se fera bien un jour.

Toujours à propos de l’Algérie, vous avez affirmé que vos parents ont combattu du côté du FLN pour l’indépendance de l’Algérie. Pour autant vous avez joué un grand rôle de fille de Harki, Leïla, avec Smaïn votre père dans le film « Harkis » d’Alain Tasma. Est-ce que ce rôle ne vous a pas gêné ou causé des inimitiés par ailleurs ? Pas du tout. J’ai aimé le scénario et le personnage. Je n’ai eu aucun complexe ni aucune difficulté particulière ni avant ni après le film à jouer ce rôle aux côtés de Smaïn qui a été génial. Le film est bien fait et l’histoire existe. Heureusement qu’il y a le cinéma !!!

Quel regard portez-vous sur l’Algérie d’aujourd’hui ?
J’ai un regard tout à fait positif sur l’Algérie. C’est un pays plein de vitalité de par sa jeunesse et par tout ce qui se fait entre les deux rives de la Méditerranée comme échanges à tous les niveaux. Il faut que cela continue et la jeunesse ne demande qu’à s’ouvrir sur le monde quel que soient les problèmes de la société actuelle.

Propos recueillis par Jacky Naidja

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