Environnement : Le groupe Costa et le port de Marseille-Fos dans le même bateau…

Publié le 23 avril 2018 à  22h38 - Dernière mise à  jour le 29 octobre 2022 à  13h46

Pas d’eau dans le gaz entre le port de Marseille-Fos et le groupe Costa… Les deux parties viennent en effet de signer un accord de partenariat portant notamment sur la limitation des impacts environnementaux liés à l’activité croisière et la mise en place d’une supply chain pour le GNL.

Michael Thamm et Christine Cabau-Woehrel ont signé un accord de partenariat portant notamment sur la limitation des impacts environnementaux liés à l’activité croisière (Photo Carole Payrau)
Michael Thamm et Christine Cabau-Woehrel ont signé un accord de partenariat portant notamment sur la limitation des impacts environnementaux liés à l’activité croisière (Photo Carole Payrau)
Comment permettre à l’activité croisières de poursuivre à Marseille dans la voie de la croissance sans être freiné par l’effet de seuil que pourraient représenter les impacts d’ordre environnemental ? Le Grand port maritime de Marseille (GPMM) et Costa Groupe viennent d’apporter leur réponse à cette problématique via la signature d’un accord. L’idée maîtresse de ce partenariat : faire de Marseille un port «high tech» sur les questions de réduction de la pollution de l’air et d’efficacité de la supply chain relative au GNL. Il faut dire que de nombreux éléments concourent à s’engager dans cette voie, et que les grands armateurs ont tout intérêt à «réécrire les règles et changer de paradigme», selon les termes de Michael Thamm, PDG de Costa Groupe et de Carnival Asie. D’un côté, les prévisions d’activité sont à la hausse pour l’activité croisières sur Marseille-Fos, avec une centaine d’escales supplémentaires programmées cette année (530 contre 430 l’année dernière) et la venue possible de quelque 1,75 million de croisiéristes. Or qui dit paquebots supplémentaires dit aussi pollution accrue… De l’autre, la question de la qualité de l’air demeure depuis quelques temps dans le viseur : à l’international, à partir de 2020, la réglementation imposera pour les tous les navires du monde entier en pleine mer et à quai une teneur en soufre de 0,5 %. Au national, le gouvernement devrait déposer ce mois de juin devant l’Organisme maritime international le dossier de création d’une zone dite SECA, ou «basses émissions des navires» en Méditerranée, projet initié à la base par Ségolène Royal et repris par son successeur, Nicolas Hulot. Si la création de la zone était effective, les émissions de dioxyde de soufre pourraient ainsi être réduites à 0,1 % au lieu de 1,5 %… Une respiration à venir, sachant que plus localement, Air Paca attribue aux escales 5 à 10 % de la pollution atmosphérique en centre-ville de Marseille. Des mesures qui permettent également d’attribuer le tiers des émissions d’oxyde d’azote, les trois quarts des émissions de dioxyde de soufre et 13 % des particules fines au trafic portuaire…

Lancement d’un processus de certification international

(Photo Carole Payrau)
(Photo Carole Payrau)

Mais force est de constater que le GPMM adopte plutôt une position volontariste en la matière. Le port, membre d’Air Paca depuis 2004, est bien décidé à accompagner les armateurs dans la limitation des pollutions atmosphériques durant les escales. Depuis juillet 2017, Marseille-Fos accorde déjà une prime aux navires dont les performances environnementales vont plus loin que ce qu’exige la réglementation et agissent donc en précurseurs. Un positionnement qui va trouver encore plus d’épanouissement avec l’accord le liant désormais à Costa Groupe. Et son ambition est clairement énoncée par Michael Thamm : «Nous voulons apporter de l’amélioration à la qualité de vie ! L’important est donc de trouver des sites où nous allons mettre en place des partenariats durables. C’est ce qui se fait aujourd’hui à Marseille et nous espérons une longue durée de vie de coopération.» Car, certains aspects de ce partenariat sont des projets au long cours… Christine Cabau-Woehrel, présidente du directoire du port de Marseille Fos revient sur les termes de l’accord, formalisés en trois points. «Nous allons tout d’abord travailler ensemble à la recherche des impacts de l’émission des navires à quai.» Un renforcement du contrôle des émissions de gaz qui s’accompagnera d’actions concertées destinées à réduire ces pollutions. Michael Thamm est revenu sur l’engagement du groupe à déployer les navires Costa et Aida alimentés au GNL à partir de 2019 à Marseille dès qu’ils seront livrés par les chantiers de construction. Ils sont pour l’heure au nombre de deux, l’Aida Nova et le Costa Smeralda, et seront mis à l’eau en avril et en novembre de l’année prochaine. Et la mission du GPMM, qui pour mémoire s’est déjà positionné en 2017 sur la question de l’avitaillement des navires en GNL via son adhésion au LNG Group aux côtés de 10 autres ports mondiaux, sera «de mettre en place une supply chain GNL depuis les terminaux de Fos », revient de son côté la présidente du directoire. Par ailleurs, le groupe investit massivement dans la technologie de nettoyage des gaz d’échappement (les scrubbers, dont une partie de la flotte du groupe est déjà équipée). En collaboration avec le port de Marseille-Fos, un processus de certification est lancé avec des sociétés de classification internationale indépendantes. «Il permettra de mesurer quel est l’effet des scrubbers sur la réduction des impacts», indique Christine Cabau-Woehrel, précisant que le système de bonus déjà mis en place au sein du GPMM pourrait ici encore être appliqué, à la suite de ces études. Enfin, le port planche aussi sur la question du branchement des navires à quai, sachant que la question est complexe : «La consommation électrique d’un paquebot à quai se situe entre 4 et 6 MW », avance Christine Cabau Woehrel.

Valoriser la réparation navale

Deuxième point du partenariat, le GPMM œuvre à l’aménagement d’un entrepôt dédié au matériel et aux pièces de rechange nécessaires aux opérations de réparation et de carénage sur le Chantier naval de Marseille (CNM). Il s’agit donc de «travailler ensemble à créer de la valeur ajoutée autour de la réparation navale», d’autant que les aménagements réalisés par le GPMM autour de la mise en exploitation de la forme 10, «la troisième plus grande forme du monde», avançait Christine Cabau-Woehrel lors du dernier bilan annuel, permettent désormais d’ouvrir cette activité aux très grandes unités. Cet entrepôt multi-user sera mis à la disposition de l’ensemble de ses clients, en particulier le groupe Costa et la flotte de Carnival. Enfin, il y a l’élaboration d’un projet de formation pour les officiers et les ingénieurs de marine, avec la mise en place de cursus maritimes professionnels spécifiques à Marseille. «C’est le chantier le plus à l’état d’ébauche de notre collaboration, mais on peut déjà cibler parmi les formations possibles celles liées à la réparation navale. Grâce à ce partenariat, c’est l’excellence locale des prestations de réparation navale qui est valorisée, c’est aussi une ouverture pour les jeunes officiers et ingénieurs français vers des emplois au sein de la flotte Costa Carnival », conclut Christine Cabau Woehrel.
Carole PAYRAU

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