Faible mobilisation à Marseille pour la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation

Publié le 26 avril 2015 à  23h30 - Dernière mise à  jour le 27 octobre 2022 à  18h54

Place Daviel commémoration pour la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation - 70e anniversaire de la libération des camps (Photo Destimed))
Place Daviel commémoration pour la Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation – 70e anniversaire de la libération des camps (Photo Destimed))

«Le retour des déportés que nous commémorons aujourd’hui a symbolisé la défaite de la déshumanisation pratiquée systématiquement par les nazis et le triomphe de la liberté et des valeurs fondatrices de la civilisation», indique Gabrielle Genovesio, présidente de l’Association des déportés, internés, résistants et patriotes au nom d’un collectif comprenant également la Fédération des déportés et internés de la résistance, la Fondation pour la mémoire de la déportation et l’Union nationale des associations de déportés, internés et familles de disparus. Un texte qui tient à prévenir: «Les déportés rappellent, pour les avoir vécus, à quels désastres conduisent la violence, le mépris de la dignité humaine, le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie».
Faut-il le rappeler ? Ce 70e anniversaire de la libération des camps a lieu alors que, dans le même temps, on commémore le centième anniversaire du génocide arménien, premier génocide du XXe siècle, qui a vu l’extermination des 2/3 des arméniens, la Shoah, le deuxième a vu l’extermination systématique par l’Allemagne nazie entre cinq et six millions de Juifs, soit les deux tiers des Juifs d’Europe et environ 40 % des Juifs du monde, pendant la seconde guerre mondiale. Et la leçon n’a toujours pas suffi puisqu’un troisième génocide, celui des Tutsis, a eu lieu lors du XXe siècle. Et les attentats de Paris, Tunis, ne peuvent qu’inquiéter pour ce XXIe siècle.
Alors, oui, comment ne pas entendre Gabrielle Genovesio lorsqu’elle avance: «L’oubli, la banalisation de l’horreur et de la violence, l’instrumentalisation de la peur et le rejet de l’Autre sont les dangers réels qui menacent nos sociétés». «Cette journée du souvenir, poursuit-elle, revêtira tout son sens si elle ne se limite pas à la mémoire du passé mais si elle s’inscrit aussi dans le présent et l’avenir. Il appartient aux nouvelles générations d’honorer l’action et les sacrifices des déportés en agissant pour que le respect de la dignité humaine, la solidarité et la liberté triomphent à nouveau dans un monde plus juste et plus pacifique».
Gabrielle Genovesio se souvient de son enfance à Pannecé, en Loire-Atlantique. «Nous avons été dénoncés, arrêtés par la Police Française, internés dans des camps français, à Montreuil-Belay puis à Jargeau».
Puis vient le moment du dépôt des gerbes, chaque personnalité est accompagné de deux élèves du collège Clair Soleil. Caroline Pozmentier dépose celle de la ville de Marseille au nom du maire; Solange Biaggi du Conseil départemental au nom de Martine Vassal, Avy Assouly, pour la Région, représente Michel Vauzelle, Alain Chopin, MPM, Guy Teissier… Les gerbes se succèdent, la dernière est déposée par Christian de Leusse, président de l’association Mémoire des sexualités de Marseille, délégué du mémorial de la déportation homosexuelle. Il rappelle «Nous ne savons toujours pas combien d’homosexuels français ont perdu la vie dans les camps, on en compte une centaine pour la seule Alsace-Lorraine, des recherches manquent cruellement. Si on se réfère aux chiffres du Reich, ils seraient 30 000 à avoir perdu la vie». On déplorera, encore une fois, la faible participation à cette cérémonie. La mémoire est pourtant plus que jamais vitale pour construire aujourd’hui et demain.
Michel CAIRE

Articles similaires

Aller au contenu principal