Faire des smartcities la plateforme de l’innovation de rupture pour la France par Christophe Barge

Publié le 26 mai 2016 à  20h24 - Dernière mise à  jour le 28 octobre 2022 à  15h16

Aujourd’hui, l’ensemble des pays du monde est lancé dans une formidable compétition à l’innovation numérique. Ayant pleinement mesuré son impact dans chaque secteur de l’économie, tous cherchent à attirer les meilleurs acteurs, faire émerger les leaders de demain et encourager les usages par leur population. La France fait face à une concurrence internationale, et les efforts qu’elle déploie pour être présente, notamment à travers le label French Tech (en témoigne l’engagement d’Emmanuel Macron au CES de Las Vegas), sont à la fois louables et utiles.

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Louables, utiles… et surtout indispensables. Car si nous n’en sommes pas toujours conscients, la révolution numérique en cours est l’une des plus formidables transformations de nos sociétés depuis la Renaissance. Elle sera globale et touchera la totalité des secteurs de l’économie, mais elle aura aussi des impacts sociaux et sociétaux majeurs. Ce qui est en jeu, ce n’est pas une «simple» concurrence dans le domaine économique qui nécessiterait quelques ajustements, comme par exemple offrir à nos entrepreneurs les meilleures conditions de développement et de croissance à travers un panel de dispositifs fiscaux ou territoriaux. Cela va bien au-delà. La révolution numérique redessinera notre monde, elle sera celle de nos sociétés dans leur globalité. Les State n’auront d’autre choix que de s’engager à tous les niveaux dans cette mutation.

Ceci est d’autant plus impératif que contrairement aux Première et Deuxième Révolutions industrielles, cette Troisième Révolution se construira en interactions avec des citoyens-consommateurs, devenus acteurs du progrès. Elle ne sera pas celle de 500 hommes comme le fut la Renaissance, ou des grands capitaines d’industries comme pour les deux précédentes, mais elle sera la révolution des peuples, de tous les peuples. Ce sont eux qui détiennent les clés de son avènement. Google, Facebook, BlaBlaCar, et bientôt les avancées de la médecine préventive, de la finance participative, des villes intelligentes etc., ne sont ou seront possibles que si les citoyens-consommateurs, acteurs du numérique sont mobilisés autour de cette même ambition. La richesse de cette nouvelle révolution, ce sont les données que nous produirons. Elle se fondera sur une économie plus collaborative que nous construirons, elle se développera sur des énergies renouvelables distribuées en réseau entre micro producteurs locaux… Plus que jamais dans notre Histoire, cette révolution sera avant tout celle des citoyens. Aucun pays ne pourra prétendre en être leader uniquement parce qu’il accueillera les meilleurs ingénieurs ou les plus grandes entreprises. Il lui faudra la population la plus connectée, la plus participative, la plus impliquée à développer des usages nouveaux.
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Partout en France, les villes intelligentes peuvent être les lieux de cette innovation, les plateformes disruptives pour la croissance numérique. C’est la raison pour laquelle l’État devra en soutenir les initiatives, en favoriser le développement, grâce à l’implication d’organismes comme la Caisse des Dépôts et des Consignations.
Cette stratégie aurait plusieurs avantages. Elle permettrait de sensibiliser les Français à ces questions en partant de leur quotidien et de ce qui les concerne le plus, à savoir leur ville et les services qu’elle leur offre.
Grâce aux économies engendrées par les villes intelligentes, l’État pourra résoudre l’impossible équation budgétaire dans laquelle sont plongées les collectivités locales face au recul des dotations de l’État, et sans aggraver le déficit public.
Enfin, favoriser l’émergence de smartcities permettrait de créer un lien fort et intime entre les acteurs du numérique et le reste des acteurs économiques et de la population, et ainsi d’en faire la véritable plate-forme d’innovation de la France.

Quelques chiffres clés :

Jusqu’en 1975, on comptait dans le monde 3 mégapoles dépassant chacune 10 millions d’habitants. Elles sont maintenant 21, et vers 2025 devraient passer à 29. D’ici là, 70% de la population vivra en ville. Une population d’ores et déjà connectée : en France, nous sommes 85% à utiliser internet 4 heures par jour, 58% à posséder un smartphone (dont 90% des 18-24 ans). Des statistiques qui ne cessent d’augmenter.

Christophe BARGE : Expert en innovation technologique et en Smartcities – Il est l’auteur de l’ouvrage «La ville de demain» en collaboration avec Thierry Solère au Cherche midi . Il dirige SmartCityGroup, société de conseil spécialisée dans les villes intelligentes.

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