Publié le 3 décembre 2021 à 18h13 - Dernière mise à jour le 3 novembre 2022 à 9h42
«Le Chant de la terre» est l’une des dernières compositions de Gustav Mahler. L’œuvre n’avait jamais été donnée à Marseille. La lacune est aujourd’hui comblée puisque la symphonie avec voix était au programme, ce mercredi 1er décembre au soir à l’Opéra, du 16e festival des Musiques Interdites.
Désespoir, émotion, douceur, sérénité : la liste n’est pas exhaustive des sentiments ressentis à l’audition du «Chant de la terre» considéré comme le chef-d’œuvre de Gustav Mahler. Sa fin est proche, puisqu’il lui reste un peu plus de deux années de vie lorsqu’il compose cette symphonie avec voix sur des poèmes chinois de Li Bai, Qiang Qi et Wang Wei. L’existence de Mahler est alors semblable à une déchirure et il se tourne vers la nature qui devient une thérapie d’apaisement. La musique qui accompagne les lieder est comme le résumé d’une vie de composition qui s’achève dans la paix, un endormissement serein tourné vers une éternité désirée heureuse : «Partout, la terre bien-aimée s’épanouit en fleurs au printemps et reverdit ! Partout et pour toujours les lointains bleuissent ! Éternellement… Éternellement…» Mahler livre, peut-être, ici son testament… A défaut on peut y trouver ce qu’il souhaite, et espère, pour le monde qu’il ne verra pas.
Une lecture sensible de la partition
Placé sous la direction de Clélia Cafiero, qu’il retrouvait avec bonheur pour la circonstance, c’est l’Orchestre Philharmonique de l’Opéra de Marseille qui était invité à donner la vie aux sentiments contenus dans la symphonie. Ce qu’il fit sans aucun problème, la cheffe livrant une lecture des plus sensibles de la partition, insufflant sans aucun problème l’émotion, la mélancolie, la passion… Du côté des instrumentistes, couleurs, précision, puissance étaient au rendez-vous.
Des qualités retrouvées aussi chez les solistes, la contralto Qiulin Zhang et le ténor Christophe Berry. Registre large, ligne de chant assurée, voix chaude et chargée de sentiments, Qiulin Zhang a été fascinante pour l’Adieu final, mouvement le plus important de cette symphonie qui revêt le caractère testamentaire de l’œuvre évoqué plus haut. Solidité et projection idéale pour le ténor qui avait notamment en charge les airs consacrés au vin et à l’ivresse… En fond de scène, la projection des vidéos-peintures de Naomie Kremer participait idéalement à renforcer l’atmosphère très particulier de cette soirée. Une soirée qui avait débuté par la remise de la médaille de la ville de Marseille par Jean-Marc Coppola, adjoint en charge de la Culture, à Marina Mahler, la petite fille du compositeur.
Michel EGEA